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La MONUSCO dans le résolution des conflits: entre contestation locale et légitimation global


par Bernard POPO-E-POPO
Université Paris 8 Vincennes Saint Denis - Master 2 2020
  

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3. Le cas de Minembwe comme carrefour du local, du national et du régional

La crise de Minembwe avait été présenté en fin 2019, du moins par les médias internationaux comme étant un événement nouveau. Pourtant la guerre sur les Hauts Plateau du Sud-Kivu commençait déjà ses signes depuis 2015, dans un contexte où les conflits locaux pour le pouvoir coutumier se sont mêlés aux luttes de pouvoir régionales dans le sillage de la crise politique de 2015 au Burundi. L'ingérence régionale, mêlée à l'opportunisme des hommes politiques ont remis sur la scène nationale l'ancien débat mais toujours nouveau de la « balkanisation » du Congo en 2019. Cette situation a alimenté les bases d'une violence accrue tout au long l'année 2020 jusqu'à aujourd'hui. Cependant, bien que cette crise présentée généralement comme un conflit ethnique entre des population autochtones et allochtones, pourtant Gérard Prunier montre clairement que les identités ethniques ne sont pas la cause de conflit en République Démocratique du Congo mais en sont seulement « les outils, conséquence d'une situation politique, économique et social profondément pourri »187. Ce qu'il convient de savoir c'est le fait que les raisons profondes de la violence à Minembwe dans les Hauts Plateaux du Sud-Kivu demeurent complexes.

Les dernières vagues de violence à Minembwe a mobilisé l'intervention de plusieurs acteurs. D'ailleurs, les acteurs de toutes les communautés ethniques se sont retrouvés « à parts égales parmi les victimes et les instigateur »188. Comme je l'ai évoqué précédemment, si les groupes armés recrutent en fonction de lignes ethniques, par exemple les Gumino mobilisant parmi les « Banyamulenge », les Maï-Maï Yakutumba et les Biloze Bishambuka parmi les Bembe, Fuliiro et Nyindu, il s'agit pour ainsi dire d'une conséquence et d'une cause de conflit. Comme dans d'autres parties de la République, marquées par la contestation de l'autorité, le dirigeants politiques et militaires de Hauts Plateau s'accrochent sur des cadres ethniques et des histoires d'appartenance identitaire pour rallier des combattants. Verweijen Judith considère que, les explications privilégiant une « grille ethnique deviennent des prophéties qui se réalisent d'elles-mêmes »189. Tout ceci rend complexe la distinction des multiples causes de conflits et violences dans cette partie de la République Démocratique du Congo.

187 Gérard Prunier, From Genocide to Continental War. The `Congolese' Conflicts and the Crisis of Contemporary Africa, London, Hurst, 2009, p. 170-171

188 Groupe d'étude sur le Congo, Baromètre sécuritaire du Kivu, Center on International Cooperation, « La Cartographies des groupes armés dans l'Est du Congo... », Op. Cit., p. 12.

189 Cfr. Verweijen Judith et al. (à paraître), Mayhem in the Mountains. How violent conflict on the Hauts Plateaux of Fizi, Uvira and Mwenga became intractable. Insecure Livelihoods series, Governances in Conflict network, Université de Gand. Cité par Groupe d'étude sue le Congo « La cartographie des groupes armés dans l'Est du Congo », Op. Cit., p. 12.

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Cependant, lorsqu'on examine minutieusement les conflits à Minembwe, l'on constate que les tensions intracommunautaires sont bien évidemment plus fréquentes que les tensions intercommunautaires. Il y a souvent des escarmouches qui ont lieu entre des groupes armés censés défendre la même communauté communément appelé « Banyamulenge », comme entre les Twigwaneho qui est désormais soutenus par le colonel déserteur Michel Rukunda et les Gumino, tandis que les conflits de succession au sein des entités coutumières opposent de Fuliiro ou de Bembe entre eux. Outre ces arguments et en dépit d'une insécurité toujours croissante, certains lieux de cohabitation entre Bembe, Fuliiro, Vira, Nyindu, Banyamulenge et Mbuti existe toujours. L'on constate également des coalitions complexes, très souvent basées sur le principe de « l'ennemi de mon ennemi est mon ami »190. C'est ce qui déclenche un enchaînement d'alliance et contribue en quelque sorte à susciter ce que l'on appellerait aujourd'hui l'antagonisme et la militarisation des communautés et des groupes armées qui leurs sont associés.

Un dernier élément qui rend encore complexe les conflits à Minembwe, c'est l'ingérence du Rwanda et du Burundi que j'ai suffisamment mobilisée. Le rapport de GEC souligne le fait que certaines parties de l'opposition de l'armée burundaise ayant choisi Uvira et Fizi comme bases arrière pour organiser la résistance, « elles ont conclu des alliances de convenance dans le paysage tentaculaire des groupes armés dans la plaine de Ruzizi »191. Dans le même temps, des incursions de l'armée burundaise se sont intensifiées sur le sol congolais, souvent en collaboration avec les milices de la plaine de la Ruzizi. L'on constate par la suite que les forces anti-Bujumbura, en l'occurrence la Résistance pour un état de droit (RED)-Tabara ou les Forces républicaines du Burundi ont été soutenu par le Rwanda, tandis que les acteurs de l'opposition rwandaises tels qui la formation du congrès national (RNC)/P5 ou le Conseil pour le renouveau et la démocratie (CRD) et sa branche armée, les Forces de libération nationale (FLN, étaient soupçonnés d'avoir des affinités avec le gouvernement de Bujumbura.

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