WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le personnel politique et diplomatique camerounais dans le fonctionnement et le processus de prise de décision à l'assemblée générale des nations-unies (1960-2017)


par Ezekiel ZANG NGBWA
Université de Yaoundé I - Master 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III. TYPOLOGIE DES PERSONNELS

La diplomatie multilatérale d'un Etat suppose l'implication de diverses catégories d'acteurs ou d'intervenants : les acteurs étatiques, les acteurs diplomatiques, les élites intellectuelles, les personnels militaires... Comme énoncé par la thématique, pour autant que la diplomatie camerounaise à l'Assemblée générale des Nations-Unies est concernée, nous nous sommes intéressé à deux catégories particulières d'acteurs, à savoir les acteurs politiques et les acteurs diplomatiques. Ici, il s'agira de classifier ces différents types d'acteurs selon les différentes strates spécifiques auxquelles ils appartiennent dans les deux grands ensembles globaux suscités, tout en mettant l'accent sur le rôle joué par chacun d'entre eux.

1. Les acteurs politiques

Le mot «politique» dérive du grec ancien polis, qui veut dire «cité». Ainsi, la politique renvoie à «la gestion des affaires de la cité».120(*) En procédant à une transposition contextuelle par rapport à l'époque contemporaine, on pourrait définir la politique comme étant la gestion des affaires d'un Etat. Cette gestion implique l'intervention de deux principales catégories d'acteurs. D'une part, nous avons les acteurs de ce que Montesquieu appelle «les trois pouvoirs», et d'autre part, nous avons ceux de l'opposition.

Du côté des «trois pouvoirs», on distingue le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Le pouvoir exécutif, dont les principaux maillons sont généralement le chef de l'Etat et le gouvernement, est chargé de la définition et de la mise en oeuvre de la politique générale de la Nation. Le pouvoir législatif, dont les acteurs majeurs sont les parlementaires, est chargé, entre autres, du vote des lois et du contrôle de l'action gouvernementale ; le pouvoir judiciaire, lui, est globalement chargé de l'administration de la justice et de la gestion des fonctionnaires dudit corps.

Comme son nom l'indique, l'opposition désigne l'ensemble des forces politiques opposées au régime gouvernant d'un pays. Cependant, il peut arriver (ce qui est d'ailleurs très récurrent) qu'il y'ait interaction entre les acteurs de l'une comme de l'autre catégorie. Par exemple, des opposants peuvent être soit membres du gouvernement, soit membres du parlement, le second cas étant le plus courant.

Toutes ces catégories d'acteurs politiques peuvent intervenir, à des degrés divers, dans le jeu diplomatique (multilatéral, plus précisément) d'un Etat. Toutefois, dans le cadre de cette analyse, nous nous limiterons aux seuls acteurs du pouvoir exécutif, en nous focalisant notamment sur le Président de la République et le Ministre des Relations extérieures.

Aux termes des dispositions pertinentes des articles 5 (al. 2), et 8 (al. 1, 4 et 9) de la Loi fondamentale du 18 janvier 1996, le Président de la République :

- Définit la politique de la Nation ;

- Représente l'Etat dans tous les actes de la vie publique ;

- Accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès des puissances étrangères ;

- Crée et organise les services publics de l'Etat.

A ces textes de la Loi fondamentale suscitée, on pourrait ajouter l'article 10 alinéa 1 selon lequel « le Chef de l'Etat nomme le Premier ministre, et sur proposition de celui-ci, les autres membres du Gouvernement''.

De ces textes ainsi cités, l'on peut faire, ou mieux, tirer un certain nombre d'interprétations quant au rôle joué par le chef de l'Etat dans la diplomatie onusienne du Cameroun.

Premièrement, sa qualité de définisseur de la politique générale de la Nation stipule qu'il est, entre autres, l'ordonnateur de la politique étrangère du pays. Ceci signifie donc que les différentes lignes de la politique onusienne du Cameroun sont définies et arrêtées depuis la Présidence de la République. Le locataire des lieux dispose certes, d'un conseiller spécial en charge des affaires diplomatiques,121(*) tout comme il existe, dans l'architecture gouvernementale, un département en charge des relations extérieures.

De plus, le président de la République, chef de l'Etat, représente l'Etat dans tous les actes de la vie publique, c'est-à-dire aussi bien dans la vie publique intérieure que dans la vie publique internationale. En prenant aussi en compte le fait que le Président de la République, de par sa qualité d'élu de la nation toute entière, incarne en quelque sorte la nation camerounaise et l'Etat camerounais, on peut donc déduire que ce dernier est le représentant, le porte-parole naturel et légitime du Cameroun auprès des instances internationales, et par ricochet de l'instance suprême qui est l'Assemblée générale des Nations-Unies.

Les alinéas 1, 4 et 9 de l'article 8 édifient sur le fait que ce dernier est le seul compétent pour organiser les services centraux en charge de l'élaboration, de la mise en oeuvre et de la coordination des affaires étrangères de l'Etat. Il dispose également des mêmes pouvoirs pour ce qui est des services diplomatiques déconcentrés de l'Etat.

Au total, le Président de la République est l'ordonnateur, le coordonnateur, bref, le « chef suprême `' de la politique onusienne du Cameroun.

Tableau 1 : Les présidents de la République du Cameroun et leurs principales interventions aux sessions de l'Assemblée générale des Nations-Unies

Présidents

Année d'intervention

Idée(s) forte(s)

Ahmadou Ahidjo

1969

Présentation du manifeste de Lusaka condamnant les régimes racistes en Afrique du Sud et en Namibie

 

1971

Reconnaissance de la République Populaire de Chine

Paul Biya

1996

Revendication d'une réforme du système onusien

 

2000, 2010, 2017

Appel à la mise sur pieds d'un observatoire international d'éthique

 

2005

Appel à une réforme du Conseil de Sécurité et à l'adoption de mesures économiques et commerciales en faveur des pays africains

 

2008

Appel pour une synergie globale pour la lutte contre la crise alimentaire mondiale

 

2009

Réforme, rénovation et revitalisation du système onusien

Source : Tableau réalisé par l'auteur à base des Archives du Cabinet Civil de la Présidence de la République et de la Mission Permanente du Cameroun auprès des Nations-Unies

Le Ministère des Relations extérieures est quant à lui chargé d'assurer la mise en oeuvre de la politique des relations extérieures arrêtée par le Président de la République. À ce titre, il est chargé entre autres des relations avec les États étrangers, les organisations internationales et les autres sujets de la communauté internationale ; de la gestion des carrières des personnels diplomatiques.

En outre, il concourt à l'information des gouvernements étrangers, de leur opinion publique, ainsi que des organisations internationales en ce qui concerne le développement politique, économique, social et culturel du Cameroun (...).122(*)

De cet extrait de décret, on peut retenir trois à quatre principales fonctions du Ministère des Relations extérieures dans le système diplomatique camerounais en général, et dans la diplomatie onusienne du Cameroun en particulier.

Premièrement, c'est l'institution compétente en matière de coordination des relations bilatérales Cameroun-ONU. Autrement dit, le MINREX est l'organe du pouvoir central de Yaoundé qui assure, pour le compte de ce dernier, la liaison avec l'organisation de Brooklyn. C'est donc une espèce de courroie de transmission entre la Présidence de la République du Cameroun et les hautes instances des Nations-Unies.

Deuxièmement, ce texte révèle que le MINREX, organe compétent en matière de coordination des affaires étrangères de l'État camerounais, est également l'organe compétent en matière de gestion des ressources humaines du corps diplomatique dudit État. Ce dernier point suggère deux choses.

D'une part, on peut être tenté de croire que c'est ce département ministériel qui propose au chef de l'Etat, chef de la diplomatie camerounaise, les personnels à nommer aux fonctions de représentant permanent du Cameroun auprès des Nations-Unies. D'autre part, on considérer ledit département comme centre d'émanation des instructions du pouvoir central vers les diplomates camerounais en poste à New-York.

On pourrait même aller jusqu'à affirmer que le ministre en charge des relations extérieures a son mot à dire pour ce qui de l'opportunité de nommer lesdits diplomates... Mais ici, la réalité est toute autre.

De par l'extrait de décret ci-dessus, l'on apprend que le Ministère des Relations extérieures est chargé, entre autres, d'informer l'opinion publique internationale des questions relatives à l'évolution politique, économique, sociale et culturelle du pays. Lorsqu'on sait que cette évolution peut ne pas être toujours positive (et par conséquent peut impacter négativement l'image du Cameroun), on peut donc déduire que l'une de ses fonctions consiste également à protéger, à défendre et à préserver l'image du Cameroun à l'international, et par ricochet auprès des Nations-Unies.

Le MINREX peut aussi bénéficier de certaines délégations de la part du chef de l'Etat. Il s'agit notamment de la délégation de représentation, en cas d'empêchement de ce dernier. À titre d'exemple, les discours présidentiels de 1997 et de 2017, pour ne citer que ces deux exemples, ont été prononcés par des ministres des relations extérieures.

Enfin, le ministre des relations extérieures, tel que défini par le préambule de l'article 2 du présent décret, est chargé de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique des relations extérieures arrêtée et définie par le président de la République. Il apparaît donc à la fois comme un stratège et un exécutant de ladite politique, et par ricochet, de la politique onusienne.

Tableau 2 : Les ministres des Relations extérieures du Cameroun depuis 1960

MINISTRES

DATE DE NOMINATION

FIN DE FONCTION

Charles Okala

16-05-1960

20-10-1961

Jean-François Bétayéné

20-10-1961

01-07-1964

Benoît Balla

01-07-1964

25-05-1965

Simon Nko'o Etoungou

25-05-1965

20-05-1967

Benoît Bindzi

20-05-1967

15-01-1968

Simon Nko'o Etoungou

15-01-1968

12-06-1970

Raymond Nthepe

12-06-1970

25-01-1971

Jean Keutcha

25-01-1971

03-07-1972

Victor Efon

03-07-1972

30-06-1975

Jean Keutcha

30-06-1975

17-07-1980

Paul Dontsop

17-07-1980

12-04-1983

Félix Tonye Mbog

12-04-1983

07-07-1984

William Etéki Mboumoua

07-07-1984

23-01-1987

Paul Mataga

23-01-1987

16-05-1988

Jacques Roger Booh Booh

16-05-1988

27-11-1992

Ferdinand Léopold Oyono

27-11-1992

09-04-1997

Augustin Kontchou Kuomegni

09-04-1997

27-04-2001

François Xavier Ngoubeyou

27-04-2001

07-12-2004

Laurent Esso

07-12-2004

07-09-2006

Jean-Marie Atangana Mebara

07-09-2006

07-09-2007

Henri Eyebe Ayissi

07-09-2007

09-12-2011

Pierre Moukonko Mbonjo

09-12-2011

02-10-2015

Lejeune Mbella Mbella

Depuis le 02-10-2015

 

Sources : Narcisse Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1996, p. 33 ; http://mobilecamerounweb.com; Poste National de la CRTV, Journal de 17 h, 02-10-2015.

* 120 G. Tate, La Grèce antique...

* 121 Mouelle Kombi, La politique étrangère... pp. 23-24.

* 122 Décret No 2013/112 du 22 avril 2013 portant organisation du Ministère des Relations extérieures. C'est nous qui mettons en évidence.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon