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Le personnel politique et diplomatique camerounais dans le fonctionnement et le processus de prise de décision à l'assemblée générale des nations-unies (1960-2017)


par Ezekiel ZANG NGBWA
Université de Yaoundé I - Master 2021
  

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2. Faiblesses

Les faiblesses de la diplomatie onusienne se situent selon nous à deux niveaux majeurs : géopolitique et économique. La géopolitique, une fois de plus, peut être analysée sous deux angles : l'angle interne et l'angle international.

Au plan de la géopolitique internationale, le Cameroun appartient tout d'abord à un ensemble géopolitique défavorisé, à savoir le Tiers-Monde. Ce groupe d'Etats apparaît, à notre sens, comme un ensemble de victimes de l'Histoire, du fait d'avoir subi les deux phénomènes de domination les plus humiliants de toute l'histoire de l'humanité, à savoir la traite négrière et la colonisation. De ces deux tragédies historiques a découlé, entre les anciens « maîtres » et les anciens « serviteurs », une relation de dominant-dominé qui est devenue à la longue comme un phénomène naturel, transformant ainsi les seconds en ce que Paul Elvic Batchom a appelé `'les parias de la scène internationale `'. De cette configuration est sans doute né le schéma marxiste qui fait en sorte que la société internationale soit constituée de deux principales catégories d'acteurs : les acteurs du centre et les acteurs de la périphérie.

Dans le même ordre d'idée, on note également l'appartenance de notre pays à une autre sphère géographique et raciale tout aussi défavorisée : l'Afrique. En effet, point n'est besoin de rappeler les préjugés négatifs dont ce continent, en majorité peuplé de Noirs, a toujours été l'objet auprès des peuples des autres continents. Faut-il revenir sur les pensées hégéliennes selon lesquelles les peuples africains ne seraient que des singes et des animaux, dépourvus de toute capacité de penser ? Ou encore sur Lévy Brühl pour qui ces peuples ne seraient que des sauvages animés par les turpitudes du « ça » ? De ces conceptions idéologiques, il ressort donc que le fait racial constitue, pour l'Afrique en général, et pour le Cameroun en particulier, un gros handicap dans leur affirmation dans le concert des nations.

Bien plus, la situation politique et économique de bon nombre d'Etats africains depuis leur accession à la souveraineté internationale n'a pas vraiment été de nature à redorer cette image. Car, faudrait-il le rappeler, depuis cette époque, le continent noir a été le théâtre principal de bon nombre de drames, de difficultés, de malheurs et de tragédies, entre coups d'Etat, guerres civiles, sécheresses, famines, pauvreté, terrorisme... Cet ensemble de faits donne donc à ses ressortissants une position assez désavantageuse au sein de la communauté internationale, réunie dans sa grande majorité à l'Assemblée générale des Nations-Unies.

Au plan de la géopolitique intérieure, nous pensons que les principales difficultés résident à la fois dans le domaine idéologique, au plan institutionnel, et dans le difficile arrimage de la diplomatie camerounaise à la modernité. La vision diplomatique du Cameroun fait encore en effet très peu, ou assez peu de cas, des nouveaux aléas de la géopolitique et de la diplomatie contemporaine : la culture, le sport, et la communication, domaines dans lesquels le pays dispose pourtant d'énormes potentialités, et qui constituent le socle de la puissance dans le monde actuel.

Au plan institutionnel, on observe une très grande prééminence de la Présidence de la République dans le fonctionnement et la gestion des affaires de l'Etat. Cette prééminence, outre qu'elle entraîne une forte centralisation du système politique, constitue un gros handicap dans l'implémentation des différentes politiques étatiques, dont la diplomatie. En effet, cette centralisation de la vie étatique autour de l'institution présidentielle a souvent contribué à annihiler certaines actions entreprises par le Ministère des Relations Extérieures. Ainsi en est-il des projets de décret initiés par ce Département ministériel en 1995, et qui avaient pour but d'améliorer les conditions de vie des personnels diplomatiques dans un contexte de crise économique. Ces projets de décret, malgré leur pertinence, et surtout, leur extrême urgence, restèrent pourtant bloqués pendant très longtemps au Secrétariat général de la Présidence.265(*)

Dans le même ordre d'idée, on peut déplorer certaines incongruités dans le fonctionnement du système diplomatique camerounais. C'est ainsi que des responsables de la Division des affaires diplomatiques de la Présidence de la République ont eu à effectuer diverses missions en lieu et place des responsables du Ministère des Relations Extérieures.

Au total, le présidentialisme camerounais handicape lourdement la politique étrangère du pays dans le sens où il crée de l'incohérence dans l'action diplomatique de l'action diplomatique du pays, aussi bien qu'il y occasionne de l'incohérence et d'énormes lenteurs. Toutes choses qui ne contribuent pas à l'efficacité de cette diplomatie, surtout dans un domaine aussi crucial que la diplomatie onusienne.

La situation économique et financière du Cameroun, qui est tout aussi défavorable que la situation géopolitique, influence sa diplomatie onusienne du pays dans deux principaux aspects : l'aspect humain et l'aspect de l'implémentation.

Parlant de l'aspect humain, on note un difficile déploiement des personnels diplomatiques, notamment à New-York, ceci étant dû à l'insuffisance des moyens financiers.266(*) C'est ainsi qu'on observe un effectif d'à peine cinq personnels à la Mission Permanente du Cameroun auprès des Nations-Unies à New-York, tandis que, dans celles d'autres pays comme la Chine par exemple, on en voit souvent une centaine. Or, lorsque nous savons l'importance capitale de l'aspect humain dans l'implémentation de toute politique, on peut donc aisément comprendre à quel point la faiblesse économique du pays peut constituer un frein dans la mise en oeuvre de sa politique au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies.

Outre l'aspect humain sus-évoqué, le manque de moyens financiers entraîne aussi un taux de participation financière très faible au budget de l'Organisation, en même temps qu'elle entraîne souvent des irrégularités dans cette participation. Ceci, non seulement contribue à diminuer considérablement le pouvoir du pays dans le processus de décision, mais aussi à le priver de bien d'avantages au sein du système onusien.

Enfin, il faut également relever que la crise économique qui a sévi dans le pays au milieu des années 1980 a créé une forte situation de dépendance vis-à-vis des institutions de Breton Woods, notamment à travers les politiques d'ajustement structurel imposées par le FMI, et l'assistance financière très considérable dont le pays est l'objet depuis lors.

Par ailleurs, le pays a conclu avec l'institution, en juin 2017, un accord de facilitation élargie de crédit, accord qui vient renforcer la dépendance de Yaoundé vis-à-vis de ladite institution. Cette dépendance très étroite vis-à-vis des deux institutions financières onusiennes contribue donc à affaiblir davantage la position du pays au sein de l'Assemblée générale des Nations-Unies, s'érigeant par ce fait même en entrave à une portée significative de l'action de son personnel politique et diplomatique au sein de ladite Assemblée.

Face à toutes ces difficultés, et face à l'impératif d'un Etat de la trempe du Cameroun de se positionner valablement sur la scène internationale dont l'Assemblée générale des Nations-Unies constitue le socle fondamental, il devient dès lors nécessaire de cogiter sur des perspectives qui pourraient nous conduire vers un avenir meilleur.

* 265 Archives du Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-OUA, `'Affaire Djiena Wembou : Note du Ministre des Relations Extérieures à la très haute attention du Président de la République'', (n. d. )

* 266 Entretien avec Cécile Mballa Eyenga, 54 ans, Directeur des Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée, Ministère des Relations Extérieures, le 16 octobre 2019 à Yaoundé.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius