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Le SPASAD, acteur de soutien à  domicile des personnes agées et/ou en situation de handicap: une culture partagée de l'aide et du soin à  construire


par Lucie ALVES
IRTS de Poitiers - CAFERUIS 2018
  

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Certificat d'Aptitude aux Fonctions d'Encadrement et de Responsable d'Unité d'Intervention Sociale

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INTRODUCTION

L'augmentation de la durée de vie, le vieillissement de la population et l'évolution des maladies chroniques conduisent à soutenir, au plus près de leurs besoins, une population fragile à domicile et plus particulièrement les personnes âgées. Les projections de l'INSEE augmentent d'un tiers la population des plus de 60 ans à l'horizon 2030. Aujourd'hui 720 000 d'entre eux ont besoin de soutien à domicile. Dans 15 ans, ils pourraient être presqu'un million dans cette situation1. Face à l'importance de ces enjeux, les pouvoirs publics incitent les services à domiciles à moderniser leur organisation. Il est notamment nécessaire de décloisonner les interventions sociales et médico-sociales par une meilleure coordination des services d'aides et de soins à domicile. C'est précisément la vocation des Services Polyvalents d'Aides et de Soins A Domicile (SPASAD), qui assurent à la fois les missions d'un Service d'Aide et d'Accompagnement à Domicile (SAAD) et d'un Service de Soins Infirmiers A Domicile (SSIAD). Les premières créations ont vu le jour, suite à la publication de son décret fondateur du 25 juin 20042, en nombre relativement limité au regard des services existants en France : 94 SPASAD ont vu le jour en 10 ans parmi les 2075 SSIAD autorisés3. Ce dispositif semble souffrir d'un déficit d'adoption par le secteur médico-social malgré les incitations des politiques publiques locales et nationales.

Pour la plupart des personnes, le souhait de rester à leur domicile malgré une perte d'autonomie qu'elle soit liée au vieillissement, à une pathologie ou à un handicap est très majoritaire. D'après une étude de la Direction de la Recherche des Etudes de l'Evaluation et des Statistiques (DREES) de 2006, « 80% des personnes âgées souhaitent rester à domicile le plus longtemps possible ». Plusieurs facteurs environnementaux et sociaux influencent ce choix : la préservation de ses repères au domicile, l'aspect financier, le souhait de préserver sa liberté, de continuer à partager sa vie avec son conjoint, etc. Au regard des besoins exprimés par le public cible et les projections démographiques, les SPASAD vont être amenés à se développer dans les années à venir, à la fois pour des questions de mutualisation des moyens, de professionnalisation et d'amélioration du parcours de santé des personnes âgées et/ou en situation de handicap à domicile. La loi relative à l'Adaptation de la Société au Vieillissement

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Source INSEE 2010, projection 2007-2030, Scénario central.

2 Décret n°2004-613 du 25 juin 2004 relatif aux conditions techniques d'organisation et de fonctionnement des SSIAD, des SAAD et des SPASAD.

3 L'instruction DGCS/SD3A/CNSA/2016/33 du 8 février 2016.

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(ASV) du 28 décembre 2015 en a fait un de ses objectifs et l'ARS Poitou-Charentes a rappelé qu'une des priorités du Projet Stratégique Régional de Santé (PSRS) était l'accompagnement de la perte d'autonomie en respectant le choix de la personne âgée pour son lieu de vie à travers la promotion de la mutualisation des coordinations des SAAD et des SSIAD sur le territoire. Ces priorités affichées au niveau national et régional se concrétisent par un appui méthodologique à la signature de conventions de partenariat entre SAAD et SSIAD et un accompagnement financier des structures afin de pérenniser les services et garantir leur viabilité économique en lien avec les Conseils Départementaux (formations bientraitance, appropriation de la démarche qualité avec les évaluations internes et externes, financement de Contrats Locaux d'Amélioration des Conditions de travail, etc.).

Pour autant la seule volonté des pouvoirs publics et autorités de financement ne peuvent suffire à lancer une dynamique de modernisation de ces services. A l'instar du SPASAD qui va faire l'objet de ce mémoire, autorisé depuis 10 ans et pour lequel la coordination du SAAD et du SSIAD en question sont à peine perceptibles. L'histoire mouvementée des politiques publiques pour le maintien à domicile des aînés, un modèle organisationnel et économique complexe du dispositif SPASAD et le fossé culturel entre les deux métiers aide à domicile et aide-soignante ont contribué, comme je le développerai, à freiner l'appropriation d'un fonctionnement coordonné des deux services pour une réponse unique, adaptée aux besoins des personnes.

Le SPASAD dans lequel j'occupe la fonction de chef de service a donc opéré cette mutation de deux services vers un seul service décloisonné il y a dix ans, pour autant le clivage autant du point de vu des usagers, que des équipes perdure et reste visible dans les pratiques et dans la communication interne. Il n'existe pas d'outils de communication communs aux deux équipes, alors que plusieurs personnes bénéficient des deux services au domicile ou sont amenés à faire un relais SAAD-SSIAD car l'autonomie de la personne a évolué. Les agents de coordination et l'infirmière coordinatrice des services fonctionnent de manière relativement indépendante les unes des autres, même si des visites d'évaluation du plan d'aide et des réflexions communes autour du projet d'accompagnement individualisé se mettent en place depuis quelques mois sur impulsion du cadre et des autorités de financement.

Mon rôle en tant que cadre est de poursuivre cette dynamique de conduite du changement des pratiques, en associant l'équipe encadrante intermédiaire et les équipes de terrain sur les obligations réglementaires des SPASAD et l'intérêt d'un fonctionnement coordonné voire intégré des deux missions pour une qualité de service améliorée auprès de l'usager.

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Afin de mener à bien ce processus de changement des pratiques, je me suis appuyée sur le rapport d'évaluation externe du service réalisé en 2014 et un rapport d'inspection conjoint de l'Agence Régionale de Santé (ARS) et du Conseil Départemental (CD) de décembre 2016. Ces 2 documents viennent également souligner ce manque de coordination entre les 2 services, l'absence d'outils de communication et d'évaluation communs. Ce diagnostic partagé entre ma direction, les autorités de financement et l'équipe est un élément important sur lequel je vais m'appuyer pour impulser le travail autour de la mise en oeuvre d'outils communs d'évaluation et communication.

Avant d'aborder le plan d'actions, j'ai réalisé un état des lieux de l'organisation actuelle du service, sous le prisme de son histoire, ses cultures professionnelles et ses éléments de contexte. Je décrirai également les politiques publiques vieillesses et de l'autonomie ainsi que les freins internes et externes identifiés au sein de ce service qui ne lui ont pas permis à ce jour de répondre aux obligations d'un SPASAD, 10 ans après son autorisation.

Mon rôle de cadre intermédiaire est d'appréhender quels sont les freins expliquant cette inertie et quels sont les leviers d'actions au sein de ce SPASAD sur lesquels je peux m'appuyer pour faire émerger les prémices d'un fonctionnement coordonné et d'une culture commune ? Ce n'est qu'à l'issue de ce diagnostic préalable, que j'appliquerai mon plan d'action.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus