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Le SPASAD, acteur de soutien à  domicile des personnes agées et/ou en situation de handicap: une culture partagée de l'aide et du soin à  construire


par Lucie ALVES
IRTS de Poitiers - CAFERUIS 2018
  

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4.1. Le vieillissement de la population en France: un enjeu de santé publique.

Par le terme de « vieillissement de la population » de la société française, nous évoquons plus justement une modification de la structure par âge de ladite société. On assiste en effet, à une montée progressive du groupe d'âge des 60 ans et plus, notamment du fait de la progression rapide de l'espérance de vie depuis le début des années 1900, progression due d'abord à la baisse de la mortalité infantile et plus récemment à une augmentation de la mortalité aux âges plus élevés : les personnes de 60 ans et plus étaient 7,7 millions en 1962 et 15,3 millions en 2012 (23,4% de la population totale)1.

Dans le contexte démographique de vieillissement de la population décrit précédemment, les politiques publiques d'aide à domicile pour les personnes fragilisées se sont renforcées : création de l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA)15 et de la Prestation de la Compensation du Handicap (PCH)16. L'article 15 de la loi n°2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale replace l'usager au coeur des dispositifs par l'intégration des

1 INSEE Première, n°1385, janvier 2012.

15 Loi n°2001-647 du 20 juillet 2001 relative à la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées et à l'allocation personnalisée d'autonomie. L'APA est entrée en vigueur le 1er janvier 2002.

16 Loi n°2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, articles 12 et 13.

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services d'aide au domicile des personnes âgées ou handicapées dans le champ de l'action sociale et médico-sociale.

4.2. Le choix de rester à domicile : un projet de vie à l'épreuve des SPASAD.

Le concept de maintien à domicile résume l'ensemble des moyens personnalisés mis en oeuvre pour permettre à une personne en perte d'autonomie de continuer à vivre chez elle dans des conditions sanitaires et sociales optimales. L'augmentation de l'espérance de vie des personnes âgées, l'évolution sociétale et l'éclatement géographique des familles ont conduit au développement de nouvelles solutions afin de venir en aide aux personnes âgées et dépendantes à différents niveaux. Le maintien à domicile est devenu une alternative intéressante, aussi bien d'un point de vue humain que financier.

Les aides au maintien à domicile concernent le domicile en tant que tel mais également tous les modes d'hébergement non médicalisés (village retraite, foyer logement, résidence service/sénior, etc.).

La notion de domicile est un symbole de l'inscription sociale. Le mot « domicile » est issu du mot latin « domus » : maison. La Petit Robert le définit comme une habitation, une demeure, lieu où la personne a son principal établissement, légal et officiel. Le mot français conserve le sens du latin à la fois dans l'usage juridique et courant : « le sans domicile fixe est devenu un symbole de l'exclusion sociale ». On peut en déduire, par opposition, que le fait d'avoir un domicile est considéré dans la société actuelle comme un symbole d'inclusion sociale, donc d'intégration. Si on a un domicile, on a encore une place dans la société. Ce constat nous éclaire sur le refus majoritaire des personnes âgées d'entrer en institution, la perte de ce statut social étant peut-être aussi violent que la perte des repères ou du bien immobilier en lui-même. Un domicile est donc tout à la fois un chez soi, un abri, un territoire, un cadre familier, un repère, mais aussi un cadre juridique qui définit la personne au sens de la loi, comme le dit Perla Serfaty-Garzon : « Dans son domicile, l'habitant a le sentiment d'être souverain, d'exercer un droit d'usage sur un territoire qui lui est propre [...] en fait aussi le repère principal de son identité sociale, dont la perte est ressentie comme une chute hors du champ social légitime, aux marges de la société. »17 Le terme domicile a été choisi dans « maintien à domicile » au profit du mot habitation, car il renvoie à la notion de « maître chez soi ». Le domicile revêt donc une double connotation : une inscription collective et individuelle. C'est à la fois un lieu collectif

17 SERFATY-GARZON, P. Chez soi, les territoires de l'intimité. Paris (2003), editions Armand Collin, p. 64.

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d'inscription juridique, sociale, familiale, mais aussi un lieu de souveraineté et d'identité personnelle et psychique.

4.3. Du rapport Laroque, base de l'action gérontologique à domicile à la loi d'adaptation de la société au vieillissement de décembre 2015.

Le maintien à domicile a été officialisé par le Rapport Laroque18, en 1962, comme devant être la priorité de la politique française de la vieillesse. Ce rapport intitulé Politique de la vieillesse est le premier qui pose cette question du maintien à domicile comme orientation politique majeure des années à venir, comme satisfaisant à la fois aux aspirations des retraités et au maintien de la cohésion sociale. Il pose surtout la question centrale de la place que peuvent occuper les personnes âgées dans la société de l'époque et celle de demain. Ce questionnement éthique est le fondement de ce qui fait une société, c'est à dire du fait que les individus vivent et vieillissent ensemble. Cette orientation fait toute l'originalité de ce rapport dans l'époque moderne où la tendance de la société était de recourir quasi-exclusivement à l'institution d'hébergement, l'hospice, pour les vieillards, infirmes et incurables privés de ressources. L'hospice initialement dédié à une population marginale et devenue au XXème siècle la réponse la plus appropriée aux problèmes de la vieillesse, dans les classes pauvres, mais aussi dans les classes moyennes, voire aisées19. Vivre et vieillir chez soi y est présenté comme un droit pour toutes les personnes qui le désirent, quels que soient leur âge et leur fragilité, et surtout dans les conditions de vie qu'elles se sont choisies. C'est à cette époque que les premiers services d'aide-ménagère sont apparus. Toutefois, il est bien évident que les pratiques de maintien à domicile, à savoir rester chez soi jusqu'à la fin de sa vie, sont bien antérieures aux années 1960. Garder les personnes âgées au sein de la société dans laquelle elles ont vécu n'est pas nouveau. Déjà en 1851, lors du vote de la loi du 7 août 185120 définissant les statuts des hôpitaux et leurs modalités d'hébergement social en hospice, le rapporteur Monsieur de Melun, au nom de la Commission d'assistance publique, présente les objections dont l'hospice fait l'objet : « La vie commune et disciplinée appliquée aux infirmes et vieillards de moeurs, d'humeurs, d'états si différents devient pour eux un supplice. Lorsqu'avec un secours moindre qu'il recevrait à domicile, le vieillard ferait bénir sa présence au milieu de sa famille à

18 Haut Comité consultatif de la population et de la famille (1962). Politique de la vieillesse. Rapport de la commission d'étude des problèmes de la vieillesse présidée par Monsieur Pierre Laroque, Paris, La documentation Française.

19 FELLER, E. Histoire de la vieillesse en France 1900-1960, Paris, Edition Seli Arslan (2005).

20 DALLOZ, E. Jurisprudence générale Année 1851, Paris, Bureau de la jurisprudence générale, p. 160-161.

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qui il rendrait encore quelques services, il est enfermé, loin du foyer domestique avec des hommes que leur âge, leurs infirmités rendent tristes et moroses. » Ainsi, le maintien à domicile serait plus bénéfique pour la personne âgée au sein de son foyer que dans une institution. Cette distinction maintien à domicile versus hébergement en institution ne cessera d'être étudiée par les pouvoirs publics. Les arguments du moindre coût du domicile et du maintien du lien social avec la famille et le reste de la société ayant progressivement été mis en avant et encouragés par les dernières lois.

D'ailleurs, la loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement du 29 décembre 2015, portée par Marisol Touraine sous la présidence de François Hollande, aborde l'enjeu du vieillissement de la population française comme un challenge pour la société qui doit s'y adapter et non l'inverse. Lors du Congrés de l'Uniopss du 25 janvier 2013 à Lille, François Hollande avait rappelé son attachement au maintien à domicile : « Nous devrons donc permettre à chaque personne âgée qui le souhaite de rester à son domicile, là où sont ses souvenirs, son espace, son quartier, ses amis, sa famille »21.

5. Bilan mitigé des SPASAD créés depuis 2004.

Depuis leur création via le décret du 25 juin 2004, les SPASAD peuvent permettre de rassembler SSIAD et SAAD mais ce décret ne précise pas la nature juridique des SPASAD ce qui freine le développement de ces services. Les SPASAD existants font état de difficultés d'ordre :

> Difficultés économiques, car les SAAD subissent une forte concurrence dans le secteur de l'aide à domicile. Ces difficultés économiques risquent de peser sur l'équilibre financier des SSIAD. Les prises en charge SAAD sont pour la majorité soumis au déclenchement d'un financement APA.

> Difficultés professionnelles car les SSIAD et SAAD reposent sur des réglementations différentes malgré un coeur de métier commun.

Un rapport d'enquête de la Cour des Comptes publié en 201422 montre bien que les SPASAD proposent une prise en charge intégrée des bénéficiaires d'aide à domicile, leur modèle de

21 http://www.elysee.fr/declarations/article/intervention-du-president-de-la-republique-au-congres-de-l-uniopss/.

22 Cour des Comptes (Juillet 2014). Le développement des services à la personne et le maintien à domicile des personnes âgées en perte d'autonomie. Enquête demandée par le comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques de l'Assemblée nationale.

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financement est fragile, il déclare : « Les SSIAD font l'objet d'une tarification par les ARS et les SAAD par les Départements. Le pilotage de la structure est ainsi rendu complexe par l'existence de 2 autorités tarificatrices concomittantes. De même, le regroupement des aides à domicile et des personnels de soins dans un même service oblige à une coordination des intervenants à domicile. Les frais occasionnés par ces besoins supplémentaires ne sont que très peu pris en compte avec une absence de fongibilité entre les enveloppes définies par les autorités tarificatrices. »

Dans notre contexte, la question de la tarification est aussi un élément de statu quo incontournable, toutefois le fait que le porteur et employeur des 2 services soit le même, un CIAS, permettent de limiter les freins liés à la gestion des ressources humaines et se veut un terrain favorable au principe de « travailler ensemble ».

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote