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Impacts des conflits liés à  la mobilité pastorale sur le développement et la gouvernance dans la province du Mayo-Kebbi ouest (Tchad)


par Souleymane ALI SALEH
Université de Dschang - Master en Science Politique, spécialité Gouvernance Locale, Décentralisation et Développement  2020
  

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A. La détérioration de l'environnement

La pratique du développement s'accompagne de plus en plus de préoccupations de protection de l'environnement des populations. Il s'agit de préoccupations qui sont inscrites dans une trajectoire dont l'origine remonte à la Conférence de Stockholm sur les établissements Humains et qui prennent toute leur importance lors de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement ou « Sommet de la Terre » de Rio de Janeiro en 1992 et plus tard, à l'occasion de la Conférence des Nations Unies pour le développement durable qui s'est tenu à Johannesburg en 2002. Le but de toutes ces rencontres internationales étaient de concilier le développement et la protection de l'environnement. Elles ont mis sur pied la notion de « développement durable », car la course à la production conduit à une dégradation irréversible de notre environnement75. Ces conférences font naître également une véritable religion de la protection de l'environnement. La protection de l'environnement est un enjeu primordial pour le gouvernement de la République du Tchad. Il s'apprécie par les mesures de protection de l'environnement. Mais cette protection est fortement menacée lors des conflits liés à la mobilité pastorale. À cet effet, l'UNODC, le Secrétariat de la CITES, Interpol, l'Organisation Mondiale des Douanes et la Banque Mondiale ont créé en 2010 le Consortium International sur la lutte contre la criminalité faunique, avec pour objectif de « fournir les services coordonnés pour aider les pays à lutter contre le crime envers la faune ». La mobilité pastorale constitue une des principales menaces qui pèsent sur l'environnement après l'orpaillage clandestin et devant le front pionner agricole et le braconnage76.

75 KEUTCHEU (Joseph), Cours d'Etude d'impact, audit et bilan des projets et des actions de développement, Master II Gouvernance Locale, Décentralisation et Développement, Université de Dschang, novembre 2020, p. 7, inédit.

76 REMADJI NGAKOUTOU (Etienne), « Manuel de Sensibilisation et de Formation des responsables des Administrations Publiques Impliqués dans la Lutte Anti-Braconnage dans la Région du Mayo-Kebbi Ouest », octobre 2014, N'Djamena, CUIN, p. 21.

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Les éleveurs lors des déplacements dans la province du Mayo-Kebbi Ouest côtoient les aires protégées77 (forêts classées, réserve de faune, forêts sacrées, parc national, sanctuaires...). Les aires protégées sont les « pierres angulaires » des stratégies nationales et internationales de conservation. C'est ainsi que qu'elles font depuis 2004, l'objet d'un programme spécial au sein de la convention sur la biodiversité. Les aires protégées sont des outils de maintien in-situ d'écosystèmes, d'habitats naturels et semi-naturels des populations viables et certaines espèces d'animaux et arbres dans leur environnement naturel. L'homme n'est pas exclu des aires protégées, c'est d'ailleurs lui qui assure la gestion. Il a une place importante sous des conditions spécifiques. Il y accède sans y devenir un facteur d'appauvrissement, de pollution, de dérangement ou de piétinement. Au Tchad, le réseau d'aires protégées est composé de trois (3) parcs nationaux : le Parc National de Zakouma, le Parc National de Manda et le Parc National de Sena-Oura ; sept (7) réserves de faune : Ouadi Rimé-Ouadi Achim, Fada Archei, Aboutelfane, Siniaka-Minia, Bahr-Salamat, Binder-Léré et Mandélia ; une (1) réserve de biosphère : le Lac Fitri ; un site de patrimoine mondial : Ounianga ; deux (2) forêts classées ; sept (7) domaines de chasse : Domaine de Douguia, Domaine de l'Aouk, Domaine de Melfi, Domaine de Kouloudia, Domaine de Barh Erguig, Domaine de Chari-Onoko et Domaine d'Algue du Lac78. Parmi les aires protégées du Tchad, un parc national sur les trois, le Parc National de Sena-Oura, une réverse de faune sur les sept, la réverse de Binder-Léré et une forêt classée sur les deux, celle de Yamba Berté sont dans la province du Mayo-Kebbi Ouest. En effet, ces espaces sont des zones de concentration de biodiversité floristique et faunique. Elles sont caractérisées par la relative abondance de la végétation et des cours d'eau, la présence des formations rupicoles le long des cours d'eau. Elles représentent aux yeux des éleveurs des îlots de pâturages de bonne qualité pendant la saison sèche. La pratique des feux précoces d'aménagement favorise également les repousses fraiches d'herbacées pérennes très recherchées par les éleveurs à cette période de l'année. Ces zones ne sont pas officiellement accessibles aux éleveurs mais sont l'objet de plusieurs incursions du bétail transhument, sources de nombreux conflits entre les transhumants et les gestionnaires de ces aires protégées. Les cas de la forée classée de Yamba Berté où dans le but de conservation de l'environnement l'Etat a décidé de priver les populations locales et les transhumants des ressources naturelles de cet espace. Ceci fut ressenti par ces derniers comme

77 Tout espace dont l'accès au bétail est soit interdit soit règlementé en vue de la protection des espèces dont il contient, article 4 alinéa du code pastoral du Tchad.

78 REMADJI NGATOUKOU (Etienne), op cit. pp. 8-11.

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une injustice grave, au point de les pousser à des incursions dans la forêt et le Parc National de Sena-Oura. Le Parc de Sena-Oura est traversé périodiquement par les pasteurs et occasionnant une destruction importante du parc dont de l'environnement. Ces cas sont suffisamment illustratifs de la destruction de l'environnement lors des conflits liés à la mobilité pastorale. Dans ces espaces protégés, les animaux détruisent les arbrisseaux, les bouviers pratiquent les mutilations d'arbres, les animaux sauvages sont menacés dans leur habitat. Les animaux sauvages ne peuvent pas être dans un même endroit que les boeufs. Dès que les boeufs viennent dans une zone, les animaux sauvages de cette zone fuient les lieux. Si les animaux vivent dans une zone, les cours d'eau et des mares de cette zone tarissent très rapidement. Ils occasionnent également l'ensablement des cours d'eau. 79

Le pastoralisme est considéré comme responsable de la destruction de l'environnement en ce qu'il concourt à la dégradation des sols et à l'accélération de la désertification. La concentration des animaux autour des points d'eau et de surpâturage entraine une détérioration du sol, suivi d'une pollution de la nappe phréatique et une dégradation des parcours80. À travers les littératures, l'élevage est aussi considéré comme source d'émission de gaz à effet de serre conduisant à l'appauvrissement et à la pollution des ressources avec un impact sur la biodiversité81. Certaines recherches82 ont montré les impacts environnementaux de l'élevage sur le sol et l'érosion avec des effets directs sur la végétation et les ressources en eau. Ce sont là, des points négatifs soulignés à l'encontre de la pratique du pastoralisme.

Au-delà de l'image négative portée par l'élevage dans les débats courants, la mobilité pastorale peut contribuer à la durabilité écologique et à celles des ressources naturelles qu'elle utilise en zone aride et semi-aride83. Contrairement à ce que pensent beaucoup de scientifiques, l'élevage mobile est un système d'exploitation des ressources flexibles. Cet

79 KENNONG (Pallou), technicien supérieur des eaux et forêts travaillant à la Délégation Régionale de l'Environnement de la Province du Mayo-Kebbi Ouest, lors d'un entretien que nous avions eu à passer avec lui en date du 17 mai 2021.

80 CARRIERE (Marc) et TOUTAIN (Bernard), « Utilisation des terres de parcours par l'élevage et infractions avec l'environnement », Paris, Maisons-Alfort cedex-France, février 1995, p. 31.

81 DUMONTIER (Pierre) et al, 2013 ; BENHAMMOU (Farid) 2014 et LEAD/FAO, 2006.

82 CARRIERE (Marc), « Impact des systèmes d'élevage pastoraux sur l'environnement en Afrique et en Asie tropicale et sub-tropicale aride et sub-aride », Élevage et Environnement à la Recherche d'un Équilibre, Scientific Environmental Monitoring Group, Universität des SaarlandesInstitut für Biogeographie, Saarbrücken, juin 1996, 70 p.

83 BLANFORT (Vincent), « Impact des systèmes d'élevage pastoraux sur la séquestration du carbone (C) en milieux tropicaux semi-arides - cas du Ferlo sénégalais, 2011 », [En ligne] disponible sur http://www.supagro.fr, consulté le 24 avril 2021.

élevage permet de bien gérer le pâturage afin d'éviter le risque de surpâturage et de dégradation de l'environnement. Aussi, les systèmes pastoraux mobiles ont fait témoignage de leur efficacité économique et environnementale, permettant une meilleure régénération de la végétation. Bien qu'il existe quelques avantages de la mobilité pastorale sur l'environnement d'une manière générale et des champs particulièrement mais les inconvénients de celle sont plus nombreux.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery