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Impacts des conflits liés à  la mobilité pastorale sur le développement et la gouvernance dans la province du Mayo-Kebbi ouest (Tchad)


par Souleymane ALI SALEH
Université de Dschang - Master en Science Politique, spécialité Gouvernance Locale, Décentralisation et Développement  2020
  

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A. La mise en mal de la sécurité des personnes dans la province

L'insécurité généralisée qui sévit dans la province du Mayo-Kebbi Ouest depuis plus de dix (10) ans ne laisse pas indifférent les éleveurs pasteurs. La présence des bandits armés de grand chemin dans les brousses où les éleveurs mobiles font pâturer les boeufs entretiennent cette insécurité. Les plus grandes victimes des enlèvements contre rançons sont ces éleveurs ou leurs bouviers. Le premier risque pour les éleveurs ou les bouviers est celui de l'atteinte à leur intégrité physique. Dans la province, nombreux sont de cas d'assassinat d'éleveurs, tentant de rentrer dans leurs territoires d'attache. Il y a également les risques de rackets et spoliation pour les éleveurs. Les éleveurs sont souvent victimes de vol d'une partie ou la totalité de leurs troupeaux. Les éleveurs sont obligés de se soumettre aux lois de ces « forces négatives » qui les contraignent de les verser des taxes forfaitaires afin de bénéficier de leur faveur voire de louer leurs services pour la protection du bétail. Pour ceux qui résistent, les membres de leurs familles sont pris en otage contre rançons. En 2016, il y a dans la province vingt un (21) enlèvements ont été perpétrés par les malfrats et trente-quatre (34) prises d'otage contre rançons. Un total de 13.500.000 de F CFA de rançons a été versé aux

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malfrats95. Plus de la moitié des victimes de ces crimes sont des éleveurs. Tous ces risques obligent en ce moment les éleveurs à s'installer non loin des villages et des grands centres afin de se sentir en sécurité. Mais en faisant ceci, ils prennent le risque de se retrouver à proximité des champs, ce qui favorise des dégâts de culture, source de conflits avec les agriculteurs, mettant de nouveau à péril la cohabitation déjà fragile.

Les attaques collectives des campements des éleveurs peuls ou haoussas soit par les agriculteurs qui se vengent de la destruction des champs soit par des bandits armés dont le but est de prendre les otages contre rançons sont très fréquentes. Les attaques collectives des campements sont souvent injustifiées, car on y arrive très difficilement à établir réellement que les champs ont été détruits par les boeufs de tel ou tel autre troupeau. Dans les situations pareilles, les agriculteurs sous les effets de la colère agissent en allant attaquer les ferriques des éleveurs les plus proches et la rétorque des éleveurs n'attend pas aussi. Les agriculteurs et les éleveurs sont méfiants les uns envers les autres, chacun se prépare pour riposter en cas d'attaque. Ce qui crée une menace d'insécurité et une insécurité réelle.

Dans leur déplacement, les boeufs côtoient les aires protégées comme ci-haut mentionné, ce qui met en conflit les écogardes et les éleveurs. Quand les boeufs entrent les parcs nationaux ou les forêts classées, des négociations sont entamées entre ces deux acteurs. La plupart des écogardes considérant les conditions dans lesquelles ils travaillent acceptent les avances des éleveurs. Les écogardes récalcitrants n'acceptant pas les avances des éleveurs sont élimés par ces derniers qui se regroupent en une dizaine de personnes et attaquent collectivement les écogardes. Il y a aussi une menace d'insécurité du côté des éleveurs, car les écogardes sont équipés par l'Etat pour défendre l'environnement. Ils ont à leur disposition une arme de guerre avec des munitions et un téléphone tokaï. Les écogardes n'hésitent pas à tirer à balle réelle sur les éleveurs avec lesquels ils sont en conflit. Quand c'est possible de négocier, les éleveurs négocient la paix avec de l'argent ou les têtes des boeufs.

La détention illégale d'armes de guerre par les éleveurs et leurs bouviers aggrave cette insécurité. Ces armes servent de défense pour les éleveurs qui parcourent des milliers de kilomètres avec les boeufs et en cas de conflit avec les agriculteurs ces mêmes armes sont utilisées pour perpétuer des dégâts sur les agriculteurs. Cette détention d'armes par les éleveurs crée des sentiments d'insécurité chez les agriculteurs. En plus de ces armes de

95 Compte rendu de la première réunion annuelle régionale de sécurité dans la province du Mayo-Kebbi Ouest du 02 Mars 2017, p. 3.

guerre, les flèches souvent trempées dans des matières toxiques détenues par les éleveurs peuls et haoussas créent ce sentiment d'insécurité chez les agriculteurs car les flèches tuent au moindre contact. La présence des malfrats dans les brousses créent aussi chez les éleveurs un sentiment d'insécurité. Cette insécurité à la longue entraine la perte du bétail et cette perde du bétail est synonyme de désorganisation sociale chez les pasteurs.

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