WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Impacts des conflits liés à  la mobilité pastorale sur le développement et la gouvernance dans la province du Mayo-Kebbi ouest (Tchad)


par Souleymane ALI SALEH
Université de Dschang - Master en Science Politique, spécialité Gouvernance Locale, Décentralisation et Développement  2020
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3. L'intérêt du sujet

Tout travail scientifique entamé cherche à apporter sa part de contribution, pour une meilleure compréhension du phénomène étudié. Ainsi, notre thème portant sur les « impacts des conflits liés à la mobilité pastorale sur le développement et la gouvernance dans la province du Mayo-Kebbi Ouest » revêt d'un double intérêt, un intérêt scientifique et un intérêt sociopolitique.

Sur le plan scientifique, nous voulons apporter des éclaircissements à la

compréhension du phénomène des conflits liés à la mobilité pastorale. Ces conflits sont un phénomène dont les acteurs sont divers, les impacts sont négatifs pour le développement et la gouvernance de la région, les causes sont plus profondes que nous le croyons, et les autorités administratives et traditionnelles qui sont censées être impartiales pour mieux prévenir et résoudre ces conflits sont même souvent à la recrudescence de ces derniers.

14

Sur le plan sociopolitique, nous ambitionnons que notre travail constitue un outil d'aide à la décision pour les autorités administratives et traditionnelles et aux représentants des ONG qui sont les acteurs de prévention et de résolution des conflits liés à la mobilité pastorale.

IV. PRÉSENTATION DU LIEU DE STAGE : LE GOUVERNORAT DE LA

PROVINCE DU MAYO-KEBBI OUEST

Avant de présenter la structure de notre stage, il nous paraît plus judicieux de présenter brièvement le Tchad (cadre général de notre étude) et la province du Mayo-Kebbi Ouest (point focal de l'étude).

Le Tchad est un pays situé sur la ligne de contact entre l'Afrique Nord et l'Afrique subsaharienne sans accès à la mer. Devenu République le 28 Novembre 1958, il accède à l'indépendance le 11 Août 1960. Il couvre une superficie de 1 284 000 km2, sur laquelle vivent environ 16 millions d'habitants dont 78% représentent la population rurale. Le Tchad se caractérise par une profonde diversité de sa population, on y retrouve les Arabes, les Kanembous, les Gourans, les Saras, les Toupouris, les Moundang, les Zimés, les Zaghawas, Ngambayes, les Hadjaraï, les Ouaddaï etc. repartis inégalement sur toute l'étendue du territoire, la moitié de celle-ci est concentrée au sud qui représente 10% du territoire national, le taux de croissance démographique est de 3,2% (2019).37

Le pays est divisé en trois zones climatiques : la zone saharienne, le plus vaste couvrant une superficie de 780 000 km2 38 au nord du pays, caractérisé par une pluviométrie de moins de 350 mm, l'élevage constitue l'activité dominante, l'agriculture reste localisée autour des oasis ; la zone saharienne occupant une superficie de 374 000 km2 39 au centre a une pluviométrie comprise entre 350-600 mm où coexistent l'agriculture et l'élevage et la zone soudanienne qui s'étend sur environ 130 000 km2 40 au sud, ayant une pluviométrie annuelle de 600-1200 mm est une zone d'agriculture par excellence.

37 Banque mondiale, « Tchad - Vue d'ensemble », site de la Banque Mondiale, [En ligne] disponible sur www.banquemondiale.org/fr/contry/chad/overview#1 ; consulté le 24 mai 2021.

38 DEMSOU (Themoi), KAGUEROU (Laoukoura) et BARA (Laobeul), L'évolution de la contribution de la pêche à l'économie du Tchad, FAO, Décembre 2005, p. 5.

39 Ibid.

40 Ibid.

15

À ces trois grandes zones climatiques correspondent des types de végétation différents : le désert au nord, la steppe dans la zone saharienne et la savane qui se termine par une forêt claire dans la zone soudanienne.

Les données de la BEAC indiquent que la valeur ajoutée du secteur de l'élevage du Tchad s'est accrue de 382,2 milliards de F CFA en 2006 à 467,7 milliards en 2015. Selon une récente sortie du ministre de l'élevage et des productions animales le 16 décembre 2020, lors du lancement de la vaccination conjointe édition 2020-2021, l'élevage du Tchad représente un capital financier de 11250 milliards de F CFA. Cette amélioration est à mettre en relation avec l'accroissement de 30 % du cheptel sur la même période.

Le recensement du bétail effectué de janvier 2013 à décembre 2016 a relevé l'existence d'un cheptel considérable au Tchad. Il est constitué, en nombre de têtes, de 24,8 millions de bovins, 26,5 millions d'ovins, 30,8 millions de têtes de caprins, 6,4 millions de camelins, 1,1 million d'équins, 2,8 millions d'asiniens et 1,7 million de porcins et 36 millions de têtes de volaille41. Ces chiffres font du Tchad le troisième pays d'élevage en Afrique derrière la Somalie et le Soudan.

L'élevage qui constitue la deuxième source du pays après le pétrole est maintenu jusqu'ici par des pratiques basées sur l'exploitation des ressources naturelles. Il s'adapte mal aux aléas climatiques et aux restrictions dues à la pression foncière qui lui sont imposées ces dernières années. Il se caractérise par différents systèmes : le nomadisme, la transhumance et un système mixte (agro-pastoral) qu'on retrouve au centre et au sud du pays. Le système transhumant représente 80% du capital de bétail du pays42.

L'agriculture tchadienne se caractérise par la dualité entre culture vivrière et culture de rente. Les cultures vivrières sont essentiellement les céréales (mil, sorgho, riz, maïs...) cultivées traditionnellement pour couvrir les besoins alimentaires du pays. Les cultures de rente (coton et gomme arabique) sont cultivées pour l'exportation. L'arachide et le sésame s'imposent également ces dernières années comme des cultures de rente malgré la non-organisation de leur filière. L'agriculture constitue la troisième source de revenu après le pétrole et l'élevage.

41 Constitué de cinq types de volaille : poulets, pintades, oies, pignons et canards sans prendre en compte les autres animaux, comme les lapins.

42 SOUGNABE (Pabamé), op cit. p. 11.

16

La pêche est la troisième activité du secteur primaire la plus pratiquée et constitue la quatrième source de revenu du pays. Le Tchad est l'un des pays sahéliens à disposer d'importantes pêcheries et un potentiel halieutique pouvant contribuer à la sécurité alimentaire et à l'accroissement de l'économie nationale. Les superficies totales des pêcheries varient de 24 000 à 70 000 km2 suivant les années hydrologiques.43

Comme cela apparaît dans le titre même de notre thème, notre étude ne s'étend pas à toutes les provinces du Tchad. Elle se limite à la province du Mayo-Kebbi Ouest. Cette province est créée par décret n° 419/PR/PM/MAT/2002 du 19 octobre 2002. Elle est l'une des vingt-trois provinces du Tchad dont le chef-lieu est Pala. Elle constitue une des plus grandes provinces économiques du pays avec une superficie de 15 052,5 km2 et une population de 788 580 habitants 44 qui représente environ 5% de la population totale du pays. Elle est limitée au Nord-Est par la Province de la Tandjilé, au Sud par la Province du Logone Occidental et au Sud-Ouest par la Région du Nord Cameroun. L'organisation administrative de cette province se présente comme suit : cinq (5) départements, quinze (15) sous-préfectures et quinze (15) communes45 et vingt (20) cantons, cinq cent trente-huit (538) villages et trente-six (36) ferriques46.

Ayant un climat de type soudanien arboré de savane et forêt, la province du Mayo-Kebbi Ouest permet le développement d'une agriculture pluviale et d'un élevage extensif mais aussi une pêche intensive dans le Lac Léré. Les conditions climatiques d'une telle zone sont bien connues. Une saison des pluies qui s'étale de mai à octobre, avec une concentration des pluies sur les mois de juillet à septembre. Succède à cette saison des pluies, une saison sèche où la température dépasse régulièrement les 40° C.

Les principaux groupes ethnolinguistiques qui occupent le Mayo-Kebbi Ouest sont les Zimés qui vivent majoritairement dans la zone de Pala, les Moundang qui vivent dans les

43 DEMSOU (THEMOI) et al. op cit. p. 5.

44 Rapport de Synthèse sur la Situation des Droits de l'Homme et de la Cohabitation Pacifique du Mayo-Kebbi Ouest, 2021, p. 3.

45 Ordonnance n°0038/PR/2018 portant création des Unités Administratives et Collectivités Autonomes. L'ordonnance ne fait pas mention des sous-préfectures par ces derniers ont été supprimés comme Unités Administratives par le premier Forum National Inclusif de 2018. Le second Forum National Inclusif vient réhabiliter la sous-préfecture comme Unité Administrative en 2020 avant même que les recommandations du premier forum se concrétisent. Le nombre de sous-préfectures de la province du Mayo-Kebbi Ouest mentionné dans notre travail est le nombre de sous-préfectures avant le premier le premier Forum National Inclusif. Il n'y a pas encore une ordonnance régissant les Unités Administratives et des Collectivités Autonomes qui prend en compte les recommandations du second forum.

46 Rapport de Synthèse sur la Situation des Droits de l'Homme et de la Cohabitation Pacifique du Mayo-Kebbi Ouest, 2021, p. 4.

17

zones de Léré, Torrock et Lamé, les Nbambayes se trouvent dans la zone de Gagal et les peuls qui occupent en grande partie le Mayo Binder.

Le Mayo-Kebbi Ouest fait partie des zones les plus arrosées du Tchad (700-1200 mm)47. Il est le domaine de la savane arborée forestière qui pousse dans les sols rouges ferralitiques. La valeur agricole de ces sols est très profonde (5-10mm)48.

En dépit du renforcement du rôle de l'élevage avec les nouvelles fonctions : l'épargne et la mécanisation des cultures, son intégration au système est encore mal perçue dans le Mayo-Kebbi Ouest. À ces deux principales activités de la province s'ajoutent l'artisanat et le commerce.

Les populations Zimés, Ngambayes et Moundang pratiquent soit le christianisme, soit l'animisme. L'islam est pratiqué par la population peule et la population venue de la zone septentrionale du pays (commerçants et éleveurs).

Après cette brève présentation du Tchad et du Mayo-Kebbi Ouest, place à la présentation de la structure de notre stage.

Ayant à sa tête un Gouverneur, le Gouvernorat de la province du Mayo-Kebbi Ouest est un service déconcentré de l'Etat. Le Gouvernorat de la province comprend le Bureau du Gouverneur, le Secrétariat Général de la Province et la Direction de Cabinet. En plus de ces services, on y trouve de nombreux démembrements ministériels au sein du Gouvernorat : la Délégation de la Jeunesse et des Sports, la Délégation de la Fonction Publique, des Marchés Publiques et aux Droits de l'Homme, la Délégation de l'Economie, de la Planification du Développement et de la Coopération Internationale et la Délégation de la Police. Pour son fonctionnement, le Gouvernorat dispose des ressources humaines (ensemble de personnes intervenant dans la vie du Gouvernorat, dirigé par le Gouverneur, il a environ deux cents personnes travaillant dans les différents services), les ressources matérielles (l'immeuble abritant le siège du Gouvernorat et d'autres immeubles gérés par lui) et en fin des ressources financières (il dispose d'un budget semestriel de 30 000 000 F CFA)49.

47 Rapport de Synthèse sur la Situation des Droits de l'Homme et de la Cohabitation Pacifique du Mayo-Kebbi Ouest.

48 Ibid.

49 Chiffre obtenu lors d'un entretien avec le Chef de Bureau du Secrétariat du Cabinet du Gouverneur.

18

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius