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La police de la grève en droit administratif camerounais


par Gaetan Gildas Yamkam Fankam
Université de Yaoundé Il  - Master 2 droit public 2018
  

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Paragraphe 2 : la militarisation de la répression des libertés publiques.

De manière générale, la militarisation peut s'entendre comme l'action de donner un caractère militaire à quelque chose. Concrètement, la militarisation consiste ici à appliquer un régime, ou des méthodes militaires face à une situation qui d'ordinaire relève du droit commun. C'est fort de cela que l'on pourrait parler au Cameroun d'une militarisation dans la répression des libertés publiques lorsque l'on y observe alors non seulement l'enchevêtrement des forces publiques dans le maintien de l'ordre (A) mais également l'extension de la compétence des tribunaux militaires dans la répression des civils (B).

A- l'enchevêtrement des forces publiques dans le maintien de l'ordre.

D'emblée, les opérations de maintien de l'ordre font généralement intervenir les forces de police et quelques fois les éléments de la gendarmerie,360 dans le but de la préservation ou du rétablissement de l'ordre public.361 Cela dit, ces derniers ont pour mission principale de concourir à l'activité de la police administrative. L'armée, quant à elle qui représente par définition la plus grande force matérielle organisée dans un État, est destinée à la défense du territoire contre les attaques extérieures et à la protection de l'intégrité nationale. Toutefois la législation camerounaise prévoit qu'à titre exceptionnel, et ce sur réquisition de l'autorité administrative ; les militaires peuvent intervenir lors des opérations de maintien de l'ordre.362

Or, le contexte socio politique assez tendu qui prévaut dans certaines régions du Cameroun et dont les stigmates se font de plus en plus ressentir dans l'ensemble du territoire rend complexes voire délicats les opérations de maintien de l'ordre. Au vu de cela, les forces armées qui étaient déjà fortement « intégrées dans le jeu politique »,363 se font de plus en plus

359DAVENPORT (C) (dir.) 2000: «Paths to state repression, Human rights violations and contentious politics», Boulder New York Rowman and Littlefield, page 6.

360 L'article 5 du décret n° 70/DF/264 du dispose que « les brigades et postes de gendarmerie ainsi que les commissariats de sécurité sont considérés sous réquisition permanente (...)» c'est-à-dire sont principiellement assimilés aux opérations de maintien de l'ordre.

361 Article 15 de la loi n°90/054 du 19 décembre 1990 relative au maintien de l'ordre.

362 Article 5 du décret n°70/DF/264 du 04 juin 1970 relatif à la sureté de l'État, op.cit.

363 ATEMENGUE (JDN) ; la police administrative au Cameroun... op.cit. p.198.

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remarquer sur le quotidien du maintien de l'ordre.364À tel point que si les forces armées ne devaient intervenir dans le maintien de l'ordre que de manière circonstancielle et sur réquisition de l'autorité compétente, force est de constater que cette intervention « exceptionnelle dans son principe » est devenue habituelle dans les faits. Conviendra-t-on alors avec Fabien Jobard lorsqu'il affirme qu'il s'agit ici d'e la « suspension de l'ordinaire et de la permanence de l'exception. »365 Dans ces conditions, assiste-t-on alors à une radicalisation dans le maintien de l'ordre au Cameroun.

Par ailleurs une grande partie de la doctrine publiciste camerounaise366 s'accorde à parler d'une militarisation de la fonction policière en raison des mécanismes coercitifs déployés dans la gestion des foules protestataires. Il nait ainsi une confusion dans les opérations de maintien de l'ordre ; « la police se militarise » l'armée fait de la police, « les forces armées se retrouvent vers l'intérieur, les frontières s'évanouissent, tout est dans tout rien n'est à sa place »367. Cet enchevêtrement des forces publiques que sont la police, la gendarmerie et l'armée induit nécessairement un resserrement des espaces de libertés accordés aux citoyens.368 C'est ainsi que l'on observe l'extension de la compétence du tribunal militaire dans la répression des civils.

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