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L'éducation progressive dans la pensée pédagogique de John Dewey: perspectives et enjeux professionnels africains.


par RONEL CHRISTIAN DONGMO KENFACK
Universite Catholique de l'Afrique Centrale - Licence en Philosophie 2019
  

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3. La Pédagogie de l'Autorité

Dans l'école traditionnelle, la méthode d'instruction est largement autoritaire. Ici, nous n'essayerons pas de dissocier l'autorité et la discipline car l'autorité a à voir avec la discipline. Les méthodes parfois utilisées ici pour cultiver la discipline se font par des tâches difficiles et parfois désagréables. L'exercice de la contrainte est régulier et fondamental pour le maître. Dès lors, l'usage de l'autorité implique-t-elle a tout prix la contrainte ? Quel rapport peut-on établir entre autorité du maître et liberté de l'enfant ?

Il est à noter que le caractère autoritaire dans l'enseignant reflète l'atmosphère sociale de l'école, et cela s'inscrit dès lors contre le principe de la socialisation car le type de relation ne peut être que de relations de subordination. Le maître se comporte comme un monarque, la soumission et l'obéissance sont plus importants que la liberté de l'élève. Rousseau, s'insurgeant en faux, nous dit : « le premier de tous les biens n'est pas l'autorité, mais la liberté. »28 Dès lors, peut-on réellement dire si l'enfant dans ce type d'école autoritaire apprend par contrainte ou en toute liberté ? Rien en effet ne peut nous le dire quand on sait que les lois et les principes de conduite des élèves sont dictés par le maître. Ainsi, la relation entre le maître et l'élève se fonde sur la frayeur, parce que le premier exerce une autorité absolue sur le second, qui n'est ni autorisé à lui poser des questions ni libre d'apprendre sur le plaisir.29

En tout état de cause, le rapport entre éducation et autorité s'avère nécessaire à comprendre ; il y'a un intérêt à concilier les deux dans la mesure où l'école devrait encourager un agir libre de l'élève. Il y a souvent une confusion entre autorité et pouvoir, telle fut le cas dans la pédagogie traditionnelle. Décliner ici les différents types d'autorité ne nous intéresse pas dans notre travail, ce qui nous intéresse, c'est le lien qui peut exister entre les deux. Tandis que l'autorité trouve son fondement dans le pouvoir, le pouvoir, lui est une capacité et l'autorité vient comme une augmentation de cette capacité. C'est pourquoi l'autorité doit porter sur un domaine spécifique, non pas une soumission absolue et absurde mais une capacité. L'autorité telle qu'exercé dans l'école traditionnelle pose cependant, un problème de volonté et de plaisir

28 Ibid., p. 99.

29 Tarek Saker, Said Mezroua, Revue des sciences de l'homme et de la société, Septembre, 2013, n07, p.12.

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dans l'apprentissage. Selon la maxime fondamentale de Rousseau, « L'homme vraiment libre ne veut que ce qu'il peut, et fait ce qu'il lui plaît. »30 Il s'agit donc pour le maître de l'appliquer à l'élève et toutes les règles de l'éducation vont suivre.

L'originalité de ce modèle pédagogique réside en effet, dans l'acception de vérités toutes faites ; en d'autres termes, elle « est une lente conquête, arrachée à la banalité première. »31 L'enfant est entrainé par des idées toutes faites et c'est plus tard qu'il pourra avoir son point de vue, un style personnel, propre à lui. Le modèle traditionnel d'enseignement devient inadapté lorsque ses modèles ne suscitent pas d'intérêt, joie et enthousiasme de la part des élèves et des maîtres. Ce n'est pas que les méthodes sont aussi mauvaises qu'on le pense, mais le véritable problème réside sur le contenu. Même si l'on change les méthodes, cela ne résout nullement le problème du contenu, car ça sera les mêmes réalités présentées de manière différente. Inadaptation, perte d'identité et de repère, absence de déterminisme et de moyen pour parvenir au bout de ses exigences, scepticisme, crainte, incapacité à trouver les oeuvres et sujets qui répondent aux attentes, aux besoins des élèves et aux mutations culturels, interculturel de notre environnement ; voilà ce qui caractérise aujourd'hui l'éducation traditionnelle. Par conséquent, les pouvoirs se méfient de l'éducation traditionnel et orientent les maîtres vers la pédagogie nouvelle. Ces derniers à leur tour se laissent persuader que l'enseignement traditionnel constitue un terrain stérile et qu'il n'y a rien à chercher de ce côté-là, en faisant des emprunts timides et contradictoire à l'éducation nouvelle. Or, l'éducation traditionnelle bien que passive et théorique n'est pas totalement dépourvue de sens, Dewey, bien que pragmatiste n'annihilera pas cette approche, mais donnera encore plus de signification à l'expérience, l'unicité de l'enfant et la liberté dans l'apprentissage. Va-t-il rompre totalement avec les méthodes traditionnelles ou s'inscrira dans une logique de continuité ou de dépassement ? L'éducation progressive qu'il nous propose peut-elle apporter les réponses auxquelles l'éducation traditionnelle n'a pas pu répondre ? Nous pensons être à même de répondre à ces interrogations après avoir parcouru la pensée pédagogique de John Dewey.

30 Jean-Jacques Rousseau, Op. Cit., p.99.

31 Georges Snyders, Pédagogie progressiste : éducation traditionnelle et éducation nouvelle, Paris, P.U.F, 1975, 3e éd., p.18.

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