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Crise écologique et mission de l’église évangélique du cameroun


par Clément Hervé KUATE DJILO KUATE DJILO
Université Protestante d'Afrique centrale  - master  2017
  

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INTRODUCTION GENERALE

Aujourd'hui, nous avons l'impression que l'Eglise en général et l'EEC en particulier annonce encore l'Evangile spirituel et social, comme si les questions écologiques n'étaient pas un défi et une préoccupation de haute importance missionnaire. Le salut est prêché comme si le sort de l'humain à qui s'adresse ce salut n'était pas étroitement lié à celui de son environnement écologique. Dave BOOKLESS parlant de l'homme dans la société pense que « l'évolution fulgurante de la société influence non seulement leurs lieux de vie, mais les pays dans lesquels ils résident, les champs qu'ils cultivent et les mers dont ils exploitent les ressources. »1(*) Pourtant, l'être humain ne peut s'épanouir sans un environnement équilibré et sain. Il suffit de promener un regard désabusé sur le paysage planétaire d'aujourd'hui pour se rendre compte que notre vision du monde évolue et change. Dans nos interrelations avec notre milieu de vie, nous sommes appelés à jouer un double rôle ; dans un premier temps, comme êtres vivants, nous devons nous adapter à notre entourage et le protéger comme étant un bien essentiel. Ensuite, comme être pensant, car l'humain apparait à la fois comme créature et aussi comme concepteur de son environnement, qui assure sa subsistance physique et lui offre la possibilité d'un développement intellectuel, moral, social environnemental et spirituel.

Sur un plan purement environnemental, la crise écologique devient de plus en plus insupportable. Pour preuve, les ressources naturelles se raréfient à une vitesse préoccupante; le déchaînement des cataclysmes de plus en plus fréquents sème une inquiétude croissante; la biodiversité en péril fait dire aux uns et aux autres que nous approchons de ce qu'il est désormais convenu d'appeler l'apocalypse; le réchauffement climatique accélère ses retombées non négligeables sur l'équilibre de notre écosystème; bref, notre marque écologique encombrante a profondément défiguré la physionomie de la planète.

Dans cette logique, nous pensons que la crise la plus importante que l'humanité devra affronter dans les jours à venir est la crise écologique. Bien plus important que la guerre ou le terrorisme, l'éclatement de la société ou l'effondrement économique, toutes crises plus immédiatement visibles et plus bruyantes auxquelles il contribue en réalité à la désintégration du magnifique système qui assure notre vie sur cette planète met en danger notre existence même.

Pour l'heure, nous assistons à la période d'extinction des espèces la plus importante de tous les temps. Or chacune des espèces est une expression unique du dessein de Dieu, ciselée et façonnée pendant des millions d'années, et leurs sublimes formes de vie disparaissent, bien souvent avant même que nous ayons connaissance de leur existence ou du rôle qu'elles jouent au sein du tissu de la nature voire dans le maintien de notre bien-être. Les ressources de la terre, sont épuisées, nous polluons l'eau douce, transformons les terres fertiles en désert et remplaçons les paysages luxuriants par des monocultures nuisibles. Nous remplissons l'atmosphère de dioxyde de carbone, déchet de notre envie insatiable de plus de biens, plus de voyages, altérant comme jamais la couche d'air fragile qui enveloppe notre planète, faisant fondre nos calottes glaciaires et noyant les zones côtières avec leurs habitants, humains ou non. Nous abattons les forêts comme s'il n'y avait pas de lendemain où nous aurons besoin de l'oxygène qu'elles produisent.

Le problème est que certains d'entre nous, de là où ils se trouvent, ne sont pas en mesure d'appréhender l'ampleur de la crise. Mais quand on est attentif aux rapports de plus en plus nombreux émanant de la communauté scientifique, l'analyse actuel avec un esprit critique, l'examen des rouages de l'économie mondiale, l'écoute de la voix de ceux qui parlent au nom des sans-voix , des personnes opprimées, défavorisées, marginalisées, mais aussi les animaux et les plantes, on se dit que l'heure est grave. Notre planète, notre seule demeure dans cet univers, semble d'ores et déjà devenu un lieu plus ou moins inhospitalier.

a) Contexte et motivations

Le contexte de notre étude est celui d'une Eglise, l'EEC qui vit dans un monde avec des changements sur le plan climatique qui touchent presque toutes les couches de la société. Ceci se traduirait par un laxisme observé dans les débuts par ses fidèles marqués par un refus de mettre la parole de Dieu en pratique, et aussi une marque d'impunité pour les acteurs destructeurs de la création. Ce  manque de préoccupation pour mesurer les préjudices causés à la nature et l'impact environnemental a pour corollaire les méfaits naturels qui apparaissent comme le message que la nature porte dans ses structures mêmes. 

Si l'être humain se déclare autonome par rapport à la réalité et qu'il se pose en dominateur absolu, la base même de son existence s'écroule, parce qu'au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l'oeuvre de la création, ce dernier se substitue à Dieu et ainsi finit par exciter la révolte de la nature. En 2016 s'est tenu à Paris le fameux sommet des chefs d'états et de gouvernement (COP 21) pour réfléchir et prendre des engagements pour la sauvegarde de la nature. L'Eglise n'était pas en reste. D'ailleurs ses multiples déclarations parmi lesquelles celle du COE qui stipule « Le Conseil oecuménique des Églises (COE) et ses Églises membres, Alliance ACT, les communions chrétiennes mondiales et de nombreuses autres organisations d'inspiration religieuse et de la société civile militent depuis longtemps pour obtenir ces résultats. Nous saluons en particulier le rôle pionnier qu'a joué le Patriarcat oecuménique dans la lutte contre les changements climatiques et la défense de l'environnement depuis 1981. L'Accord de Paris a été accueilli très favorablement et largement applaudi par la communauté internationale et la société civile. Le COE salue notamment le fait que cet accord traduise une approche plus juste des réponses apportées à la crise climatique, donnant un signe d'espoir très attendu à ceux qui sont les plus vulnérables à ses conséquences. »2(*)La CETA dans sa déclaration du 13 Novembre 2007 stipule ce qui suit : « Nous invitons les pays africains à établir des politiques cadres pour réagir au changement climatique et pour mettre en place des cadres et des mécanismes pour protéger les communautés qui sont particulièrement vulnérables au changement climatique tout en instituant en même temps des cadres qui vont rendre disponible l'énergie renouvelable pour l'usage dans leurs pays. »3(*) Le document de base de l'Eglise qu'est la Bible en dit également long dessus. Comme chrétien et soucieux de la préservation de la nature, notre sujet a des motivations multiples.

- Le comportement de plus en plus regrettable des camerounais vis-à-vis de la nature à travers les forêts luxuriantes, pillées avant d'être rasées pour les besoins d'exportation. Nous avons le cas des grandes forêts du Sud et de l'Est. Au Cameroun, selon R. NGOUFO et M. TSALEFAC,  la déforestation progresse à un taux annuel de 0.6% ; en effet, le Cameroun est classé parmi les cinq plus grands exportateurs mondiaux de grumes4(*). De plus, son économie se divise en deux grands secteurs économiques : l'agriculture et l' exploitation forestière qui représentent 42 % du  PIB en 1950 ou 60 % de la population active.

- Les fleuves majestueux, asservis ou rétrécit et asséchés au nom du développement de la Nation. Nous n'avons qu'à faire un saut du coté de Douala pour voir le Wouri être comprimé pour les besoins de construction. Cette situation entraine des inondations au moment de la saison des pluies.

- Les montagnes célestes, éventrées (cas de la falaise de DSCHANG pour faire passer le goudron) et vidées de leurs précieux minerais (cas du fer de MBALAM à l'Est Cameroun).

- Nous découvrons que la Nature n'est pas un réservoir inépuisable. Il faut de ce fait, des limites à son exploitation. Certains abus peuvent se dévoiler comme irréversibles. Tenons par exemple, il existe par exemple un potentiel d'environ 300 essences d'arbres exploitables au Cameroun même si aujourd'hui seules 40 sont exploitées (estimation de Letouzey cité par Obam, 1992). L'immense biodiversité qui en résulte est un stock de richesse pour les populations locales mais aussi pour le reste de l'humanité. La diminution des surfaces boisées entraine une perte de cette  biodiversité ce qui a des répercussions directes sur les peuples agro forestiers et indirectes sur le reste du monde5(*).

D'un certain côté, la science nous rend le service de nous montrer qu'il nous faut mettre une limite à notre maîtrise, acquérir, si l'on peut dire, la maîtrise de la maîtrise.

- La planète terre qui se réchauffe tous les jours et toujours davantage nous interpelle au même titre en tant qu'habitant et ensuite chrétien. Selon le Goddard Institute for Space Studies (GISS) de la NASA, l'année 2015 a été l'année la plus chaude depuis le début des statistiques (1880), d'après les analyses convergentes des scientifiques de la NASA et de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), avec une certitude statistique à 94 % ; elle a dépassé de 0,13 °C le précédent record établi en 2014 ; 15 des 16 années les plus chaudes enregistrées sont postérieures à 2000, l'exception étant 1998. Depuis 1880, la température moyenne à la surface de la Terre s'est réchauffée de 1,0 °C6(*). Au Cameroun, nous avons le cas du   lac Nyos qui se situe près de la frontière avec le Nigeria. Il présente deux dangers : une inondation et un relâchement d'une quantité dangereuse de  CO2 captif. Son relâchement naturel de CO2 a été à l'origine d'une catastrophe environnementale qui a eu lieu le 22 août 1986. Cette catastrophe a coûté la vie à 1 700 personnes, a tué du bétail et a changé les conditions pédologiques des sols.

- Nous avons constatés douloureusement que lorsque l'homme se détourne de la loi de Dieu et de son amour, créant ainsi une situation de crise et la création toute entière entre en révolte contre lui. Or, la fidélité à Dieu comporte également la bonne gestion et intendance de la création. Si cela n'est pas réalisé, alors le mauvais intendant en subira la conséquence. La nature tyrannisée par celui qui devrait en prendre le plus grand soin se révolte contre lui.

- Il y a comme un manque d'information et de formation du peuple de Dieu au sujet du rôle qu'il a à jouer dans la sauvegarde de la nature.

- C'est très rarement que nous entendons lors des prédications ou des cultes, des pasteurs parler des sujets environnementaux comme la sècheresse qui pourtant est perceptible au Cameroun. Tenons : On observe un réchauffement des océans, qui diminue avec la profondeur. L'élévation de température depuis 1960 est estimée à 0,6 °C pour les eaux de surface, et à 0,04 °C pour l'océan dans son ensemble7(*). Avec ce rythme, nous pouvons voir et comprendre pourquoi au Cameroun, certains cours d'eaux ont disparu dans nos villages.

- Certains chercheurs, au vu de l'état actuel de la décrépitude environnementale, à l'instar d'André BEAUCHAMP, pensent que « si l'être humain n'avait pas la capacité de modifier le milieu et de vaincre certains des mécanismes biologiques indiqués(...) on peut douter que nous serions aujourd'hui cinq milliards d'êtres humains. »8(*)

* 1 Dave BOOKLESS,Dieu, l'écologie et moi, Je sème, Saint-Prex, 2014, P. 5.

* 2 https://ecologyandchurches.wordpress.com/category/dialogue-oecumenique/ consulté le 08 juin 2017 à 16H00

* 3 https://europafrique.files.wordpress.com/2007/11/declaration-accra_fr. consulté le 09 juin 2017 à 19H 07

* 4 R. NGOUFO et M. TSALEFAC, « Logiques d'acteurs et échelles de risques dans l'exploitation forestière au Cameroun », Les Cahiers d'Outre-Mer, volume 233, 2006, p. 115-132.

* 5 https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9forestation_au_Cameroun#L.27exploitation_commerciale, consulté le 13Avril 2017 à 17H37.

* 6 https://fr.wikipedia.org/wiki/Réchauffement_climatique#.C3.89volution_des_temp, consulté le 17 Avril 2017 à 11H 21.

* 7 Anny CAZENAVE et Etienne BERTHIER, « La montée des océans : jusqu'où ? », Pour la Science, no 388,ý 2010, Pp. 20-27.

* 8 André BEAUCHAMP, Pour une sagesse de l'environnement, Novalis, Québec, 1991, P. 66.

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