WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Difficultés des élèves en dictée au premier cycle de l'inspection de l'enseignement secondaire général du grand Lomé ouest


par Tchilabalo TABATI
Université de Lomé ( INSE) - Master Recherche en politique et système éducatif dans les pays en développement  2022
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.1.2. Exploration des écrits sur le rendement scolaire des élèves

L'institution scolaire a toujours été perçue a la fois comme « instance de sélection et mécanisme d'unification dans la mesure où elle unifie en socialisant et divise en sélectionnant » (Cherkaoui, 1999, p.41). Si l'école divise, il est alors légitime de s'interroger sur les déterminants et les conséquences les plus importantes des mécanismes sélectifs qu'est la réussite ou l'échec. En effet, la communauté scientifique reste relativement unanime sur ce qu'est la performance en tant que critère scolaire mais cette unanimité est très loin d'être atteinte quant à ses déterminants (Kalamo, 2011).

La question de savoir ce qui explique la réussite ou l'échec scolaire a toujours suscité plus qu'un débat. Pour certains auteurs, l'origine sociale est le facteur essentiel qui explique la réussite ou l'échec à l'école mais pour d'autres par contre, les facteurs scolaires ou encore les facteurs individuels seraient les mieux indiqués pour rendre compte d'un tel phénomène. Selon Cherkaoui (1999), les théories explicatives de la réussite scolaire peuvent être brièvement classées en deux groupes. Les théories déterministes avec des tenants comme Bernstein, Bourdieu, Hyman, Kahl, qui privilégient les facteurs relatifs au passé de l'individu et soulignent les différences qualitatives entre les sous-cultures de classe dans lesquelles les individus sont socialisés et les théories actionnistes ou individualistes développées par des économistes néo-classiques et certaines écoles sociologiques dont celle de Boudon. Ces derniers s'appuient plutôt sur les variables liées à l' avenir, aux projets sociaux et scolaires ainsi qu'au pouvoir de décision rationnelle des individus. Mais s'il existe plus qu' un débat controversé autour de ce qui pourrait expliquer mieux ou pas la réussite ou l'échec scolaire, l'origine sociale est cependant une conclusion à laquelle aboutissent la plupart des études empiriques sur les questions de réussite et d'échec scolaires (Saoudi, 2017).

En effet, les résultats de nombreuses recherches établissent des relations entre les performances scolaires et les variables de l'origine sociale. Parmi ces recherches, on peut retenir entre autres les écrits de sociologues, sociolinguistes et psychologues aussi bien aux Etats-Unis, en Europe qu'en Afrique et bien sûr au Burkina Faso.

C'est ainsi qu'en Europe, Bourdieu et Passeron (1964), soutiennent l'idée d'une liaison entre la culture des étudiants et leur origine sociale. Pour ces deux auteurs, le langage et la culture utilisés à l'école sont ceux de la classe dominante par conséquent, l'école n'est pas un facteur de mobilité sociale mais bien au contraire un des facteurs les plus efficaces de conservation et de reproduction sociale. Il faut noter que de telles idées doivent être relativisées car des études ont également abouti à la conclusion selon laquelle malgré des conditions socio-économiques particulièrement difficiles, certains enfants issus de milieux défavorisés arrivent grâce à l'école à aboutir à une mobilité sociale ascendante (Bennacer, 2010).

De même, chez l'enfant, « les variables de la réussite dans l'enseignement post primaire sont la profession de son père, le niveau d'instruction de ses parents, l'habitat, la motivation de la famille vers les savoirs et l'instruction » (Gras, 1974, p.142). Selon lui, tout comme Coster et Hothyat, (1999), ces facteurs influencent sur les succès à venir autant que les dispositions intellectuelles et le caractère de l'enfant. Mais bien avant, Sauvy (1970), avait prouvé que les enfants de classes favorisées réussissent plus à l'école que ceux issus de classes sociales défavorisées. Les conclusions de son étude sont proches de celles de Baudelot et Establet (1971).

Notons par ailleurs que l'intelligence ou l'aptitude telle que mesurée à l'école en terme de réussite scolaire est avant tout sociale. Ainsi :

ce qui est mesurée, n'est pas héréditaire, ni l'intelligence ou l'aptitude d'un individu mais plutôt le langage ou le raisonnement verbal qui est le produit culturel des couches favorisées de la société. Par conséquent, on ne doit pas s'étonner de voir des différences de réussite scolaire entre les enfants des classes favorisées et ceux des couches sociales défavorisées(Hussen, 1975, p.87).

Entwistle (1978), aborde également dans le même sens. Il estime que la classe sociale est un facteur déterminant incontestable de l'éducation car la distribution des étudiants au niveau de l'enseignement secondaire et supérieur est corrélée avec le niveau de revenu et d'occupations des parents. Et comme les améliorations des services sociaux pour libérer les écoles de la pauvreté n'ont pas permis d'atteindre un taux élevé d'enfants de classe défavorisée dans l'enseignement secondaire et supérieur en France. Il pense que cela doit conduire les sociologues à examiner les relations culturelles, psychologiques et les indices économiques de classe sociale dans l'explication de la performance scolaire. Il en va de même de certaines conclusions d'analyses en sociolinguistique scolaire.

En effet, Bernstein (1975) fait partie des auteurs qui ont beaucoup écrit sur les rapports entre le langage parlé et écrit des différentes classes sociales et la réussite scolaire des jeunes. Ces travaux s'inscrivent dans le cadre de la dialectologie sociale (étude des dialectes d'une langue en rapport avec les sociétés qui les parlent). C'est à partir du constat classique de l'échec scolaire des enfants de couches défavorisées, qu'il a entrepris d'étudier les causes profondes d'un tel phénomène. C'est ainsi qu'à la suite de ses recherches, il en est arrivé à la conclusion selon laquelle le langage agirait comme variable intermédiaire entre le milieu d'origine et les comportements scolaires des individus. Selon sa théorie, les relations de classes génèrent, distribuent, reproduisent et légitiment des formes distinctes de communication qui donnent lieu à des codes dominants et dominés. Les individus sont donc différemment positionnés socialement par ces codes dans le processus de leur acquisition scolaire. Car, le langage "formel" utilisé par les couches favorisées est plus élaboré que le langage, "public" des couches défavorisées et le fait qu'il soit privilégié par l'école, donne à ces enfants un avantage décisif sur le plan des apprentissages scolaires.

À l'instar de Bernstein, les travaux de Labov (1976) s'inscrivent également dans le cadre des recherches de la dialectologie sociale qui ont cherché à expliquer les problèmes linguistiques dans les ghettos noirs américains. Ainsi, les travaux de Labov sur les stratifications sociales aux Etats Unis ont permis de montrer que les classes favorisées employaient un langage considéré comme supérieur et différent de celui des milieux défavorisés. Ce qui représente un facteur favorisant ces classes dans le processus de leurs acquisitions scolaires.

Les résultats de certaines études menées en Afrique corroborent également avec ceux d'Europe et d'Amérique car Clignet (1974) en est arrivé à ces mêmes conclusions en Côte d'Ivoire. Pour l'auteur, il ne fait aucun doute qu'il existe un lien entre la culture familiale et la réussite puisque la proportion des élèves qui réussissent mieux augmente au fur et à mesure que le niveau de scolarité de leurs parents s'élève.

Dans le contexte Burkinabé, au terme de son étude dont l'objet était d'identifié les causes des déperditions scolaires dans la ville de Ouagadougou afin de proposer quelques solutions, Maiga (1990) a conclu de ses analyses que les enfants des couches sociales défavorisées (paysans, manoeuvres, artisans...) étaient les plus exposés au phénomène de déperdition par rapport à leurs copains issus de milieux favorisés économiquement (commerçants, fonctionnaires, militaires...). En effet, cela est rendu possible par le fait que les plus défavorisés soient les plus incapables à garantir à leurs enfants de bonnes conditions de travail faute de moyens économiques et matériels. Il conclut ainsi que l'échec scolaire s'explique par les mauvaises conditions de travail et par conséquent l'origine sociale serait un facteur déterminant des déperditions scolaires dans la mesure où l'incapacité à supporter la scolarité de son enfant est fonction de la catégorie socio- professionnelle des parents. Cette idée revient également chez Compaore (1996). Pour lui, de nos jours, la scolarisation d'un enfant nécessite un véritable engagement de sa famille à réunir les meilleures conditions de travail lui permettant de réussir. Outre la cotisation annuelle au niveau de l'APE, les familles doivent assurer l'achat des fournitures scolaires, l'habillement et la restauration des élèves. Autant de dépenses qui ne font qu'alourdir le prix à payer pour la scolarisation des enfants. Cette situation est donc favorable aux enfants issus de familles aisées.

De même, Lokpo (1999), après analyse des données de son étude qui a pris en compte le nombre total de redoublement des élèves pendant leur cursus scolaire, a conclu que les élèves ayant des tuteurs de classes populaires (agriculteurs, éleveurs, ouvriers...) sont les plus exposés aux échecs scolaires par rapport à ceux issus de tuteurs aisés. Pour Lokpo, le manque accru de moyens qui se traduit par l'incapacité des tuteurs de couches défavorisées à offrir à leurs filleuls de meilleures conditions d'étude justifie cette situation. S'il est vrai que plusieurs études empiriques ont permis de mettre en relation l'origine sociale et le rendement scolaire, peut- on pour autant nier la responsabilité de l'école dans l'échec ou la réussite scolaire ? En effet, à côté des facteurs liés à l'origine sociale, certains facteurs d'ordre scolaire et personnel peuvent influencer les résultats (Kablan, 2015).

Tout comme les études environnementalistes établissent un lien entre l'origine sociale et les performances scolaires, des études ont également constaté qu'en dépit d'une certaine mobilité sociale ascendante, certains enfants de milieux défavorisés parviennent, grâce à l'école à se hisser dans l'échelle sociale (Lenoir, 2012, p.36). Les facteurs externes comme l'origine socio-économique restent prépondérants et l'appartenance sociale se répercute dans l'individu, notamment dans ces représentations. Simultanément, des enfants de milieux aisés pour lesquels l'école serait faite « sur mesure » échouent dans leurs études :

l'influence de la classe sociale sur la réussite change de façon substantielle lorsque l'on prend en considération le type d'enseignement. De ce fait, on constate une réduction considérable des différences de réussite entre les classes sociales. Plus précisément, en termes de relation entre les classes, on note une détérioration relative de la réussite des enfants de cadres supérieurs-professions libérales et de petits propriétaires d'une part, une amélioration relative de la réussite des élèves issus de la classe ouvrière et de la catégorie des employés d'autre part (Cherkaoui, 1999, p.53).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore