CONCLUSION
Le travail dont nous avons l'honneur de présenter
l'économie s'intitule : «le
conflit Pygmées-Bantou dans le Territoire de Nyunzu : essai
d'analyse des conséquences socioéconomiques sur le
développement de la population».
Pour bien structurer l'objet d'étude, nous avons
subdivisé notre étude, hormis l'introduction et la conclusion, en
deux chapitres : le premier porte sur armature conceptuelle où nous
avons d'abord défini les concepts clés qui constituent notre
sujet de recherche et ensuite présenter notre milieu d'étude qui
est le Territoire de Nyunzu. Et le second parle de l'impact
socio-économique des conflits sur le développement de la
population. Il s'agit ici de confronter les données de l'entretien pour
tirer des conclusions objectives issues de position de notre population
d'étude représentée par un échantillonnage de 105
personnes.
Pour arriver à bien analyser notre objet
d'étude, les questions ci-après ont constitué la
problématique de cette étude :
- «Quelles seraient la cause
du conflit Pygmées-Bantous dans le Territoire de Nyunzu?»
- « Quelles sont les conséquences
socioéconomiques du conflit sur la population de
Nyunzu ? »
A cet effet, les réponses ci-dessous aux questions de
la problématique ont constitué notre hypothèse de
travail :
- l'origine de ce conflit semble être liée au
contexte de sous-développement général, combiné
avec des tensions survenues dans le contexte de la conscientisation sociale des
Pygmées et des revendications socio-politiques basées sur le
tribalisme, le sentiment de supériorité d'une communauté
par rapport à l'autre, le non accès aux services sociaux de base
qui l'accompagnent.
- Dans l'ensemble, le conflit pygmée-Bantou dans le
Territoire de Nyunzu serait à la base des conséquences
socio-économiques néfastes.
Sur le Plan social : les
différents affrontements seraient à la base de l'incendie de
villages (destruction des infrastructures), pertes envie humaines, la
recrudescence des maladies épidémiques, endémiques et
hydriques (telles que la rougeole, le choléra, la fièvre jaune,
le paludisme) ; la perturbation de la scolarité des enfants ;
la famine la création des groupes d'autodéfenses (Eléments
pour les Bantous et Buzolezole pour les Twa).
Sur le plan économique : la
hausse du taux de chômage, le manque des produits manufacturés, la
carence des produits alimentaires voire l'inflation dues à la peur des
investisseurs étrangers et autres entrepreneurs à oeuvrer dans la
Zone.
Les données de cette recherche ont été
récoltées et interprétées grâce à
l'utilisation de la « Méthode historique » soutenue
par les techniques documentaire, l'entretien structuré et analyse des
contenus.
Après analyse et interprétation des
données issues de techniques ci-haut citées, les conclusions
suivantes se sont dégagées.
Sur cent cinq (105) personnes interrogées, 14 personnes
soit 13% affirment que la cause de conflit serait le tribalisme, 26 personnes
soit 25% pensent que la marginalisation de Pygmées par le Bantous est
la cause de conflit, 33 enquêtés soit 31% soutiennent que la
discrimination sociale des Pygmées par les Bantous est la cause
principale du Conflit dans le Territoire de Nyunzu, 22 personnes soit 21%
disent que c'est la manipulation politique et enfin 7 personnes soit 7%
affirment que c'est la mauvaise habitude de Pygmées.
Eu égard à ce qui précède, le
plus grand nombre de nos enquêtés soit 34% estiment que la cause
principale de conflit Pygmées-Bantous dans le Territoire de Nyunzu c'est
la discrimination sociale.
En effet, les Pygmées n'ont pas toujours
bénéficié de l'attention particulière en tant que
groupe autochtone. Délaissés dans le processus de
l'intégration sociale des communautés nationales, leurs
conditions de vie se caractérisent d'une part, par diverses formes de
maltraitance et d'autre part, par la stigmatisation qui sont à la base
de leur marginalisation sur le plan politique, administratif,
économique, social et culturel. Sous représentés dans les
instances publiques de conception des politiques nationales, les pygmées
ne jouissent pas pleinement des terres qu'ils occupent ainsi que des ressources
qu'elles renferment.
La dépossession de ces terres se fait, le plus souvent,
sans prise en compte, de leur existence, ni de leur indemnisation juste,
équitable et proportionnelle. Les conditions d'accès aux services
sociaux de base, notamment, l'éducation, l'habitat, les soins de
santé et la justice restent en grande partie en défaveur de ce
groupe et l'enfoncement dans un déséquilibre social
récusable
Cet état d'assujettissement des Pygmées par les
autres ethnies dominantes du Territoire, à savoir «
Bantous » spécifiquement les Bakalanga et les Baluba, et leur
incorporation dans les coutumes qui ne sont pas les leurs font les
Pygmées des propriétés des familles Bantous,
c'est-à-dire, les Pygmées se faisaient identifier par rapport
à leur famille d'appartenance. Cet état de chose, orchestre
malheureusement, la domination totale des Pygmées, leur utilisation
abusive dans les travaux forcés par les familles auxquels ils sont
sensés appartenir, et ce jusqu'aux traitements dégradants et
inhumain. Cette situation intolérable ne peut être
qualifiée que d'esclavagisme et a été à l'origine
des plusieurs soulèvements.
S'agissant des conséquences sociales de conflit
Pygmées-Bantous sur le développement de la population, 30
personnes soit 28% sur 105 personnes qui ont répondu à nos
questions affirment que le conflit Pygmées-Bantous dans le Territoire de
Nyunzu a pour conséquence sociale la destruction des infrastructures
de base avec pour effets secondaires le taux d'analphabétisme
très élevé et l'apparition des maladies
épidémiques.
Des groupes armés ont attaqué des nombreuses
structures sanitaires et éducatives du Territoire, les rendant ainsi non
fonctionnelles. Cette situation expose de nombreux enfants a abandonné
leurs écoles et aux maladies infantiles, pourtant évitable
telles que la rougeole ou la fièvre jaune. Les enfants en âge
scolaire ont tous été affectés par le fait que certains
ont été contrôlés dans des groupes des milices et
d'autres ont été décapités d'une manière
horrible. En plus de ce fléau, on a enregistré plusieurs cas de
pillage et occupations des villages et la destruction des infrastructures
sanitaires et éducatives par les différentes milices twa (PERCI)
et bantous (Eléments).
Le conflit twa-bantou n'a pas eu seulement des
conséquences d'ordre social, mais également des
répercutions d'ordre économique ; et c'est ce qui peut freiner
aussi le développement dans le territoire de Nyunzu.
Ceci étant, les diverses activités
économiques bien qu'elles sont informelles, elles contribuent à
la hausse de standing social de la population qui en considère comme une
source principale des revenus.
Les produits agricoles menacés par le conflit, sa vente
constituait une des sources de revenus des ménages, mais aussi les
petits commerces que la population faisait en ralliant la cité de Nyunzu
centre et la campagne.
Toutes ces conclusions confirment
nos hypothèses de travail et nous amènent aux suggestions
suivantes :
- Pour mettre fin à cette situation et rétablir
une paix durable, le gouvernement doit penser au désarmement des
toutes les armes que détiennent certains Pygmées et Bantou en
brousse afin de favoriser le retour des Peuples (Pygmées et Bantous)
dans leur milieux respectifs ;
- le Gouvernement doit encourager l'éducation des
Pygmées par une politique de prise en charge des enfants Pygmées,
car l'éducation est l'élément le plus important pour
l'émancipation d'un peuple. Si du moins ils sont éduqués,
ils seront à mesure de savoir leurs droits et leurs devoirs ;
- le gouvernement doit instaurer les mécanismes
d'intégrations des Pygmées à la gestion de la chose
publique qui favorisent l'accès des Pygmées aux services
publics ;
- Le Gouvernement doit encourager des formations sur les
initiatives d'auto prise en charge des Pygmées pour leur
indépendance économique vis-à-vis des Bantous.
Loin de nous l'intention d'avoir tout dit dans ce
présent travail sur les aspects relatifs aux conflits
Pygmées-Bantous dans le Territoire de Nyunzu, c'est pourquoi une
brèche est restée ouverte à tout chercheur qui voudrait
investiguer dans ce domaine.
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