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Contribution d'une éthique de la discussion et de l'action à  la lutte contre la pauvreté à  l'échelle planétaire

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par Jean Barnabé Milala Lungala
Université de Kinshasa - Diplôme d'études supérieures(DES) 2005
  

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CHAPITRE TROISIÈME : L'ÉTHIQUE DE LA DISCUSSION FACE À LA QUESTION : « QUE DEVONS NOUS FAIRE » ?

I. De la discussion et des questions connexes.

I.3.1. Le processus de traitement des problèmes.

Notre réflexion ici pourra tenter, à la suite de la structure de la procédure d'argumentation morale, une élucidation des mécanismes institutionnels à travers les processus de l'adoption des programmes adéquats, notamment ceux de la lutte contre la pauvreté, dans la version qu'en donnerait la théorie de la discussion au niveau national et donner le sens de cette entreprise au niveau international.

Pour cela, nous pensons qu'il est important d'abord de présenter cette vision des institutions, inspirée de la théorie de la discussion dans laquelle va s'insérer notre analyse. Toutefois il sied de bien le rappeler, la méthodologie de l'élaboration de l' « approche programme » est fondée sur la discussion et les négociations, la démocratie, le respect de droits de l'homme, la bonne gouvernance, la participation de la société civile, etc.

L'aliénation et l'émancipation des peuples ne dépendent plus seulement de l'ordre économique, elles tiennent aujourd'hui à la manipulation de l'espace publique investi par le pouvoir. En effet, l'approche du paradigme procédural de Droit et de la démocratie que présente Jürgen Habermas dans Droit et démocratie. Entre faits et normes, (116(*)) indique un modèle de traitement des problèmes de la société fondé sur la théorie de la discussion. Ce modèle s'élargit concrètement à plusieurs domaines. Notamment au processus des décisions de l'Administration publique et du Gouvernement ou du circuit complet que parcourt les avis et les décisions, c'est-à-dire, de la circulation de l'expertise à travers tout l'Appareil de l'Etat et de la société. La société ou carrément l'opinion publique en tant qu'elle peut exercer des multiples pressions.

Rappelons que le Gouvernement a l'avantage de disposer des moyens fiscaux, de la prérogative d'inscrire des points à traiter à l'ordre du jour des réunions des conseils des ministres, d'en établir les priorités, et surtout d'en décider. La société a l'avantage de conférer la légitimité, elle se compose concrètement du tissu associatif, des personnalités, de l'espace public, des communautés.

Finalement il est question de faire un usage adéquat de la rationalité collective tout entière, source d'efficacité plus accrue. Bref, il s'agit de la théorie qui explicite le processus de communication sociale en général sur des discussions spécialisées ou non spécialisées qui aboutissent à la formulation des programmes in fine.

Pour revenir au modèle procédural et au schéma institutionnel en question, le modèle que nous avons choisi, il se situe, pour le comprendre, sur un axe explicatif qui va du centre à la périphérie. Au centre, nous trouvons le coeur du système politique, qui est composé de système institutionnel : dont l'Administration (Gouvernement inclu), la Justice (les Cours et tribunaux), et les institutions que nous pouvons qualifier de la formation démocratique de l'opinion et de la volonté, entendez (les organismes parlementaires, les élections, les programmes politiques, la concurrence des partis, etc.).

A la périphérie interne de l'Administration publique : nous pouvons trouver les différentes institutions, notamment celles qui sont dotées de droit d'autogestion ou de fonction de contrôle, celles qui ont des compétences déléguées par l'Etat (les Université, les Instituts supérieurs, les centres de recherches, les sociétés d'assurance et leurs systèmes, les représentations corporatives, les Chambres professionnelles, les associations de bienfaisance, les fondations et j'en passe.)

A la périphérie externe du centre dans son ensemble : il y a des utilisateurs et des fournisseurs. Cela renvoie concrètement au pouvoir social (les communautés, le tissu associatif, les personnalités et l'espace public) et aux partenaires extérieurs.

Au demeurant, dans les critiques qui sont actuellement formulées contre les Documents de Stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), qui restent les Documents de base qui donnent accès à la Facilité pour la réduction de la pauvreté et à la croissance (FRPC) ainsi qu'à l'initiative envers les Pays très endettés (PPTE), il est reproché notamment le fait que les DSRP sont influencés ,et parfois même préparés par les pays étrangers , la faible participation de la société civile, des ONG à la réalisation de DSRP alors qu'il doit être orienté vers un partenariat ,c'est-à-dire qu'il doit bénéficier de l'appui de tous les membres de la société civile ,organisation de la société civile (OSC) et des ONG . Rappelons que la RD Congo a conclu son DSRP- Intérimaire en 2002 et a conclut le DSRP final cette année 2005 avec les Institutions financières internationales.117(*) Ce qui a aboutit àl'échec.

La société civile fait entendre des problèmes sociaux, expriment des exigences, articulent les intérêts ou des besoins et exercent une influence sur la formulation des projets de loi ou sur des programmes vis-à-vis du Parlement et des Administrations, même par voie judiciaire. Ces fournisseurs forment des Associations qui représentent des intérêts de groupes, jusqu'aux groupes d'intérêts publics.

« Ces associations formatrices de l'opinion spécialisées dans la formulation des thèmes et de contributions et d'une façon générale dans l'exercice d'une influence publique, font partie de l'infrastructure propre à la société civile d'un espace public dominé par les mass media et qui (...) forment le véritable contexte périphérique.»118(*) Il faut noter qu'en dehors des élections, et donc en temps normal, l'espace public tel que dominé par les mass media constitue la périphérie de ce système institutionnel.

La discussion civique est l'acte fondamental de la démocratie.119(*) A la suite de Sondra Myers qui cite Vaclav Havel, nous soutenons la thèse selon laquelle « la démocratie est une discussion ( ) c'est toujours une question d'accord et de mobilisation et de compromis, ( ) et de mobilisation des instincts pour déterminer quel genre de compromis est acceptable et quel genre n'est pas. »120(*) La participation des citoyens à la discussion de questions publiques, en vue de prendre des décisions avisées, de résoudre des conflits, de rechercher des terrains d'ententes et d'affirmer leurs droits et de leurs responsabilités, est essentielle au progrès.121(*)

Le coeur de la société civile est en fait constitué par un tissu associatif qui institutionnalise, dans le cadre d'espaces publics organisés, les discussions qui se proposent de résoudre les problèmes surgis concernant les sujets d'intérêt national.

L'espace public est dominé à la fois par les mass media et les grandes organisations.122(*) L'espace public s'étend à des questions d'ordre politique. « L'espace public se décrit le mieux comme un réseau permettant de communiquer des contenus et des prises de position,et donc des opinions ;les flux de communication y sont filtrés et synthétisés de façon à se condenser en opinions publiques regroupées en fonction d'un thème spécifique »123(*). L'espace public se différencie, « c'est un tissu d'une grande complexité, ramifié en une multiplicité d'arènes qui se chevauchent, aussi bien internationales que nationales, régionales, municipales ou subculturelles ()différencié en niveaux en fonction de la densité de la communication,de la complexité de l'organisation et de l'ampleur de rayon d'action,allant de l'espace public épisodique du bistrot,des cafés et des rues,jusqu'à l'espace public abstrait créé par les mass media et composé des lecteurs ,d'auditeurs à la fois isolé et globalement spécialisés,en passant par l'espace public organisé ,en présence des participants,qui est celui des représentations théâtrales ,des conseils de parents d'élèves,des concerts de rock,des réunions de partis ou des conférences ecclésiastiques »124(*).

Toutefois,les structures communicationnelles de l'espace public sont liées aux sphères de la vie privée, la périphérie qu'est la société civile possédant, vis-à-vis des centres de la politique ,l'avantage d'une plus grande sensibilité pour la perception et l'identification des problèmes nouveaux. C'est au système politique que l'opinion publique abandonne le traitement spécialisé de ces questions.

Bien plus, les Biens publics sont des conditions sine qua none de toute prospérité nationale sur lesquels doit discuter la société civile. Ce sont ces Biens publics qui régulent véritablement l'économie de l'Etat contre l'envahissement des capitaux privés extérieurs. Parce que les marchés sont capables aussi bien de soutenir que de détruire le plein emploi, la sécurité de l'environnement, la santé publique, les services sociaux, l'enseignement, la diversité culturelle et la véritable concurrence. En effet, nous pouvons même dire que les Biens publics et la démocratie sont indispensables aux marchés (aux sociétés transnationales). Ainsi, « des biens aussi différents et manifestement publics que l'enseignement, la culture, le plein emploi, le bien-être social et la survie écologique (ne) devraient (pas) être livrés au secteur commercial aux fins d'arbitrage et de décision. »125(*)

Par ailleurs, l'intention de la pragmatique universelle par exemple, est de tenter de briser le prétexte d'un appareil de l'Etat qui agit pour et au nom d'un bien commun indifférencié. Il faut une société auto domestiquée par la participation de tous, au moyen de la discussion la plus large possible, au lieu d'une emprise anonyme d'une Administration centralisée des élites fermées à eux -mêmes, coupées des délibérations des peuples ou du pouvoir social (tissus associatifs, communautés, espaces publics et personnalités), le système déconnecté du monde vécu (de la tradition en dépit du fait que les citadins semblent toujours se situer assez distants de leur tradition souvent à fossiliser ) en tant qu'interactions humaines quotidiennes et continues, de la société civile et de l'opinion publique tout en les colonisant.

Cette brève explicitation est une des traductions de l'interprétation de la démocratie telle que donnée au moyen de la théorie de la discussion, parce qu'il y a l'exigence interne de l'argumentation (au Parlement) et l'exigence externe de la communication digne de ce nom (dans l'espace public et à travers l'opinion publique). Les flux communicationnels sont ainsi des medium régulateurs des décisions qui engagent pour ainsi dire le corps social, l'Etat et monde.

Nous pouvons bien remarquer qu'en fait, le pouvoir est ici fondé sur la communication. C'est sous la pression de l'opinion publique que les problèmes sont traités par les responsables politiques, y compris les problèmes de la pauvreté, telle qu'elle est devenue centrale dans la conduite de la chose de l'Etat dans les pays dits pauvres. Le fait de disposer d'un pouvoir social permet d'agir sur le processus politique. 126(*)

Ce point de vue qui est institutionnel tel que développé dans l'optique de la théorie de l'information et de la discussion présente plusieurs avantages : il y a ici le « mouvement canalisé » des informations à l'échelle de tout le système institutionnel, du pouvoir social et de l'appareil administratif. L'Etat ne prend une forme institutionnelle solide qu'à travers l'organisation administrative de la fonction publique.

* 116Jürgen HABERMAS, Droit et démocratie, P .381.

* 117 http:// w w w. Forestpeoples.org/FPProj

* 118 Jürgen HABERMAS, Droit et démocratie, P .382.

* 119 SONDRA MYERS, « A Propos du Manuel », dans La démocratie est une discussion, l'engagement civique dans les nouvelles démocraties et anciennes,Connectitut College, 1997, p.viii .

* 120 Ibidem.

* 121 Ibidem.

* 122 Ibidem, p.394.

* 123 Ibidem, p.387.

* 124 Ibidem, p.401.

* 125 Benjamin BARBER, « Démocratie et économie de marché », p.32.

* 126 Ibidem, p.194.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery