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Contribution d'une éthique de la discussion et de l'action à  la lutte contre la pauvreté à  l'échelle planétaire

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par Jean Barnabé Milala Lungala
Université de Kinshasa - Diplôme d'études supérieures(DES) 2005
  

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CHAPITRE QUATRIÈME : DE LA DISCUSSION À L'ACTION

Nous avons jusqu'ici cerné les différentes façons dont la philosophie a pris en charge le paradigme de la pauvreté. De la recherche universelle du bonheur humain au souci de l'équité, nous avons fait ressortir les différentes morphologies de la pauvreté qui se présentent sous la forme matérielle, sociale et anthropologique.

La philosophie problématise souvent des questions vitales et que la praxis s'efforce en suite de prendre en charge. C'est ainsi que de nombreux programmes d'actions se sont efforcés de répondre à la quête de l'homme pour la plénitude et de déployer un éventail diversifié d'armes face au combat contre la pauvreté.

Les hommes ne peuvent efficacement lutter contre la pauvreté que s'ils conjuguent leurs efforts à l'échelle mondiale, et font de la concertation et de la discussion l'espace privilégié des initiatives et des décisions relatives à la lutte contre la pauvreté.

Mais la concertation et la discussion menées dans un espace public de dialogue ne suffisent pas, comme une baguette magique à transformer les visions théoriques les plus judicieuses en résultats concrets et efficients. Il faut qu'à la discussion s'articule l'action planifiée. C'est ce que s'efforce d'illustrer ce dernier chapitre de notre Dissertation.

En ce qui concerne l'Afrique, l'articulation des actions efficientes sur les discussions concertées exige un renouvellement non seulement des paradigmes mais également celui des modes d'implication des femmes et des hommes d'Afrique dans des programmes d'actions de développement et de lutte contre la pauvreté. Cette implication concerne en priorité l'identification des problèmes à résoudre selon les aspirations particulières et les besoins des communautés qui vivent certes les vicissitudes universelles mais qui réalisent leur existence dans des conditions particulières où l'acuité de ces problèmes prend des résonances inégalement aiguës.

Il ne suffit pas d'identifier les problèmes et de les soumettre à la providence ou à la bienveillance d'une communauté internationale toujours prête à courir au chevet des pays pauvres. Les nations africaines doivent faire montre d'initiatives et des idées concrètes et clairvoyantes à faire prévaloir dans l'arène de la discussion.

Des plans de développement comme le NOPADA (le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique) représente des exemples des programmes d'action qui peuvent être mis en pratique de manière profitable au continent africain face au partenariat international.

Le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NOPADA) définit les secteurs prioritaires suivants :

- Infrastructures,

- Ressources humaines,

- Santé,

- Technologie de l'information et de la communication,

- Agriculture,

- Energie,

- Accès des exportations africaines aux marchés des pays développés.

Dans le secteur des infrastructures, les actions envisagées sont entre autres les suivantes :

- avec l'assistance des institutions spécialisées dans chaque secteur, mettre en place des cadres politiques et législatifs pour encourager la concurrence. Dans le même temps, créer de nouveaux cadres de réglementation et consolider la capacité de formation de personnes responsables de la réglementation afin de promouvoir l'harmonisation des politiques pour faciliter les connexions transfrontalières et l'élargissement du marché ;

- promouvoir la participation des communautés et des utilisateurs à la construction, l'entretien et la gestion des infrastructures, en particulier dans les régions urbaines et rurales pauvres,en collaboration avec les Initiatives de gouvernance du NOPADA.

Au niveau de l'Initiative pour la gouvernance économique et la gouvernance des entreprises, il devrait être institué une équipe des ministres de finance et des banques centrales chargée d'examiner les pratiques de gouvernance économique et de gouvernance des entreprises dans les différentes régions et pays en vue d'élaborer les normes et les codes de bonne conduite170(*). Un tel mécanisme de coordination qui lierait tous les pays membres au niveau continental favoriserait certainement une intégration avantageuse. A l'issue de quoi des mécanismes doivent être prévus afin de permettre à tous les pays membres de respecter les normes minimales et les codes de bonnes pratiques convenues mutuellement.

En ce qui concerne les technologies de l'information et de la communication,ce nouveau partenariat vise les actions suivantes :

- collaborer avec les institutions régionales comme l'Union panafricaine des télécommunications (UPAT) et Africa connection pour concevoir une politique et une législation modèle pour la réforme de télécommunication,ainsi que le protocole et des références permettant d'évaluer la préparation à l'utilisation des communications électroniques ;

- collaborer avec les institutions régionales pour consolider les capacités de réglementation ;

- mettre sur pied un réseau d'institutions de formation et de recherche pour consolider la base de compétence de haut niveau ;

- promouvoir et accélérer les projets existants visant à connecter les écoles et les clubs de jeunes ;

- collaborer avec les institutions de financement du développement en Afrique, les initiatives multilatérales (G8 DotForce, Equipe spéciale des Nations Unies) et les bailleurs de fonds bilatéraux pour mettre sur pied des mécanismes financiers visant à atténuer et à réduire le risque dans le secteur.

Dans le domaine de l'énergie, le programme prévoit de :

- mettre sur pied des équipes spéciales qui auront pour tâche de recommander des priorités et des stratégies de mise en oeuvre pour les projets régionaux, y compris la génération d'énergie hydro-électrique, les réseaux de transport d'énergie électronique et les gazoducs ;

- élargir la portée du programme de la communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) pour la conservation de l`énergie de la biomasse au reste du continent.

Dans le domaine de transport, le programme préconise de :

- mettre sur pied des commissions spéciales dans le domaine des douanes et de l'immigration afin d'harmoniser les passages de frontières et les procédures de délivrance des visas ;

- mettre en place et favoriser des partenariats entre les secteurs public et privé pour l'octroi de concessions pour la construction des ports, des réseaux routiers, des réseaux ferroviaires et de transport maritime ;

- promouvoir des partenariats entre les secteurs public et privé pour la rationalisation de l'industrie de transport aérien et le renforcement des capacités dans le domaine du contrôle du trafic aérien.

Dans le domaine de l'eau et de l'assainissement le programme se propose de:

- accélérer les travaux de projets sur les ressources en eau à multiples objectifs, comme par exemple l'étude du Secrétariat de la SADC de l'exploitation du fleuve Congo et l'Initiative du Bassin du Nil ;

- s'associer à l'initiative mondiale pour l'assainissement de l'environnement afin de promouvoir des méthodes et des projets sanitaires d'élimination des déchets ;

- appuyer le Programme Habitat des Nations Unies sur la conservation des ressources en eau dans les villes africaines.

Au niveau de l'agriculture,le NOPADA prévoit de :

- réduire la prépondérance des dépenses publiques dans les zones urbaines en Afrique en transférant des ressources des activités urbaines aux activités rurales ;

- créer des mécanismes souples pour accroître l'échange de l'information et du savoir-faire technique avec la communauté internationale ;

- améliorer la sécurité du régime foncier pour des autochtones, et promouvoir les réformes foncières nécessaires  dans le sens de partenariat avec l'Etat et les partenaires étrangers ;

- améliorer les mécanismes de crédit et de financement agricole ainsi que l'accès au crédit des petits exploitants et des agricultrices, si possible aux clans (dans le sens de l'expérience japonaise de la restauration de Meiji en 1868), d'autant plus que la problématique de régime foncier lui reste omniprésente ;

Dans le domaine de l'industrie extractive, le Programme prévoit de :  

- combattre le trafic mafieux continental contre le diamant sale et d'autres matières premières, au moyen des services spéciaux intégrés et des mécanismes de répression légale au niveau continentale en y associant les milieux des acheteurs internationaux;

- harmoniser et valoriser l'expertise continentale au moyen des rencontres spécialisées régulières;

- harmoniser les politiques et réglementations pour se conformer aux niveaux raisonnables convenus en matière d'exploitation, en terme de l'étendue de la cession, de la durée, de parts sociales investies par rapport à l `Etat hôte, la rétribution financière aux autochtones et à l'Etat,...

Dans le domaine de la manufacture, il est prévu dans le programme :

au niveau de l'Afrique de :

- procéder à une planification dans le processus de la création ou de renforcement des capacités de celles qui existent,des industries selon les besoins régionaux ou sous-régionaux  suite à une mise en commun des avoirs ;

au niveau international de :

- promouvoir les transferts de technologies nouvelles et appropriées vers les pays d'Afrique.

Dans le domaine des exportations de l'Afrique, les actions suivantes sont envisagées :

au niveau de l'Afrique de :

- promouvoir le commerce intra-africain afin que les pays d'Afrique se procurent sur le continent des importations qui provenaient jusqu'à présent du reste du monde ;

- promouvoir et améliorer les accords commerciaux régionaux, harmoniser les tarifs douaniers et les normes des produits.

au niveau international de :

- négocier des mesures et accords de facilitation pour améliorer l'accès des produits africains aux marchés du monde entier.

Dans le secteur privé le NOPADA envisage les actions suivantes:

au niveau de l'Afrique de:

- organiser le dialogue entre pouvoirs publics et secteur privé pour mettre au point une vision commune de stratégie du développement économique et supprimer les obstacles au développement au secteur privé ;

- améliorer l`accès à des capitaux en consolidant les programmes de microfinancement. Au niveau international :

au niveau international de :

- offrir une assistance technique pour contribuer à la promotion de petites et moyennes entreprises et de micri-entreprises.

Dans le domaine touristique, le programme se propose de :

- tirer meilleur parti possible de la forte demande inter-regionale d'activités touristiques en concevant des campagnes de marketing spécialisés pour les consommateurs ;

- forger des relations de coopération qui permettent de tirer parti d'un partage des connaissances tout en offrant une base aux autres pays souhaitant s'engager activement au niveau des activités relevant de tourisme ;

- commercialiser les produits touristiques africains, comme le tourisme d'aventure, l'écotourisme et le tourisme culturel.

Dans le secteur de l'éducation, le programme projette les actions suivantes :

- l'augmentation les dépenses gouvernementales effectuées dans le domaine de l'éducation par les pays africains ;

- accélérer l'introduction de l'informatique et de la télématique dans les écoles primaires ;

- examiner les capacités de recherche dont le continent a besoin dans chaque région et présenter des propositions à ce sujet.

Dans le secteur de la santé, il est prévu de :

- renforcer la participation de l'Afrique aux processus visant l'obtention de médicaments à des prix abordables notamment ceux auxquels sont engagés les compagnies pharmaceutiques internationales et la société civile internationale ;

- mettre en place des solides systèmes sanitaires ;

- encourager les pays africains à accorder la priorité aux soins de santé dans leurs propres budgets et à accroître progressivement à un certain niveau d'un commun accord ;

- mener une campagne en faveur d'un appui financier international accru pour lutter contre le VIH/SIDA et les autres maladies transmissibles ;

- améliorer pour tous les pays africains les infrastructures et la gestion des soins de santé.

Le développement de l'Afrique exige certes de grandes actions à l'échelle du continent, il ne faut cependant pas perdre de vue l'importance, l'utilité et l'efficacité de la coopération régionale. L'avenir de l'Afrique réside dans la conjugaison des énergies au niveau des programmes d'actions régionalement intégrés.

Il est regrettable que presque toutes les tentatives d'intégration régionale comme la CEPGL (communauté économique des pays de Grands Lacs)par exemple, aient été étouffés par des crises, des conflits armés, des rebellions et de malheureuses agressions entre Etats. Ces initiatives doivent être reprises, affermies à la faveur d'une paix durable et génératrice de développement et de restructuration. Les constructeurs de l'Afrique doivent s'inspirer des modèles constructifs comme celui esquissé par Cheik Anta Diop, dans les Fondements économiques et culturels d'un d'Etat fédéral d'Afrique noire.

Cet ouvrage-programme171(*) gravite autour de trois points saillants, qui constituent les trois parties du livre :

La première partie s'intitule : «Unité historique : restauration de la conscience historique africaine ».Cette unité doit se construire autour de l'exhumation et de l'animation de leur histoire, et du processus d'unification linguistique à l'échelle continentale. Il est donc question de travailler à l'essor d'une « seule langue africaine de culture et de gouvernement, devant coiffer toutes les autres ; les langues européennes, quelles qu'elles soient, restant ou retombant au niveau de langues vivantes de l'enseignement secondaire ».L'unité fédérale débute par l'intégration régionale de l'Afrique occidentale francophone et anglophone. Concrètement, un cartel de Présidents ou des Chefs d'Etat animerait un Etat fédéral caractérisé par le bicaméralisme, et l'égalité de sexe.

La deuxième partie intitulée : « Recensement des sources d'énergie » fait l'inventaire détaillé de toutes les sources d'énergie dont regorge l'Afrique : hydraulique, solaire, atomique, thérmo-nuclaire, éolienne, thermique des mers, marémotrice, de la houille rouge, de l'énergie thermique de volcan, et de l'énergie géothermique. Cet inventaire a pour objectif : « L'utilisation par les africains eux -mêmes, non pas pour créer des industries complémentaires de celles de l'Europe, mais pour transformer les matières premières que recèle le continent ».

La troisième partie s'intitule : « Industrialisation de l'Afrique noire »à partir de huit zones : le bassin du Congo, la zone tropicale (Sénégal, Mali, Niger), la région de golfe de Bénin, le Soudan nilotique -Grands Lacs - Ethiopie), le Ghana et la Côte d'Ivoire, le Bassin de Zambèze, La Guinée Sierra- Leone- Liberia, l'Afrique du Sud.

C.A.Diop finit par conclure que l'industrialisation de l'Afrique noire n'est réalisable que par l'unité politique ou tout au moins l'établissement d'Accords bilatéraux. Toutefois, il faudrait avant tout compter sur soi en créant une armée moderne afin de faire face soudainement aux tâches historiques qui pourraient nous attendre encore.

* 170Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NOPADA), Octobre 2001, Abudja, Pp.13 - 54.

* 171 Max KASONGO MWEY, « Cheik Anta DIOP, les fondements économiques et culturels d'un Etat fédéral de l'Afrique noire, Paris, Présence africaine, 1974 ,124 pages » dans les projets d'union africaine, bilans et perspectives, Alternative, oo5, juillet 2001, p.32.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore