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Le paradigme de la relation banque - clients dans les services bancaires sur internet

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par Sébastien ENONGA
Université Catholique d'Afrique Centrale - Option Quantitative de la Maitrîse en Economie de Gestion 2006
  

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2. La logique stratégique

Nous avons avancé que les banques développent, par le biais des relations de clientèle, une information spécifique à chaque emprunteur. Il convient tout de même de s'interroger sur l'influence de la supériorité du savoir bancaire quant à l'établissement des relations de clientèle. Hodgman (1961) ainsi que Kane et Malkiel (1965) ont initialement insisté sur l'aspect dynamique des relations de clientèle, en remarquant qu'une banque qui prête à un client en apprend plus sur sa qualité d'emprunteur que toutes les autres banques. Au lieu de considérer ce type de relations comme une donnée, il convient de les analyser comme un processus endogène. L'information internalisée, générée par la multiplicité des interactions dans le temps et entre les différents produits, est en effet au coeur des relations banque - clients.

Dans le modèle de Sharpe, la banque qui octroie un crédit à un client sait si le projet a réussi ou échoué en recevant un signal parfait sur le revenu de l'investissement du client. En revanche, les banques ne contractant pas avec un client observent avec un risque d'erreur les résultats de son activité. On retrouve ici l'idée selon laquelle la relation de clientèle permet à la banque de développer un savoir interne spécifique à l'emprunteur. La stabilité des relations de clientèle est alors expliquée par le fait que les clients de bonne qualité sont informationnellement capturés par leurs banques.

Ce risque de capture est particulièrement présent pour les clients de petite taille sans grande qualité notoire. En effet, il paraît difficile d'envisager que pour les grandes sociétés, l'information dont disposent la ou les banques créancières soit substantiellement supérieure à celle des autres banques. Par contre, il semble raisonnable de considérer que l'information du marché financier sur la qualité des petites et moyennes entreprises ne soit pas très précise ni très fiable, la banque créancière détenant certainement alors un avantage comparatif informationnel significatif par rapport aux autres banques. De plus, si les différentes banques peuvent observer les résultats des activités de surveillance des autres banques, un aléa de comportement de type « passager clandestin » peut apparaître car chaque banque peut se baser sur la surveillance des autres banques pour évaluer le risque de crédit de l'emprunteur sans avoir à réaliser elles-mêmes une activité de surveillance. Ce problème renforce l'incitation des banques à rendre exclusives les relations de clientèle et, par conséquent, accroît le risque de capture des clients.

Un courant théorique récent remet toutefois en cause le caractère de monopole naturel du prêt bancaire, en mettant l'accent sur le coût du financement bancaire. Au-delà des coûts inhérents à l'intermédiation financière, le crédit bancaire a un coût propre provenant de manière endogène des fonctions de surveillance et de contrôle exercées par la banque durant la relation de clientèle. Le savoir privé spécifique à l'emprunteur permet à la banque d'exproprier une partie des profits de la clientèle. En effet, comme l'avancent Greenbaum, Kanatas et Venezia (1989), Sharpe (1990) ou encore Rajan (1992), l'asymétrie d'information du côté de l'offre de crédits bancaires permet à une banque d'extraire une rente informationnelle sur ses anciens clients à faible risque de défaillance dans la mesure où, contrairement aux autres banques, elle sait que l'emprunteur est moins risqué que la moyenne.

La rente informationnelle peut être définie comme la différence entre le taux d'intérêt pratiqué par la banque et le taux qui annulerait son profit. L'anticipation de rentes informationnelles ex post provoque des distorsions ex ante dans le montant du capital investi (Sharpe, 1990) ou de l'effort exercé par le client (Rajan, 1992). La duplication des coûts de monitoring a alors ses avantages. Rajan (1992) montre que les choix par le client de différentes sources de financement et des priorités quant à leur remboursement, peuvent circonscrire de manière optimale la rente informationnelle de la banque.

Un autre élément vient renforcer le risque de capture de la clientèle par la banque créancière. Il s'agit des coûts de substitution (switching costs en anglais) supportés par le client en cas de changement de banque. Ces coûts sont multiples. Ce sont les coûts d'opportunité, en termes de temps et de transmission d'informations, imputables à l'établissement et au développement de la relation de clientèle. Les coûts associés aux transferts de compte, comme les frais de mise en place de prélèvements automatiques, doivent également être pris en considération, ainsi que les coûts inhérents à la rationalité limitée des agents économiques. Vives (1991) est l'un des rares auteurs à souligner l'importance de ces coûts de substitution dans la fidélisation de la clientèle. Selon cet auteur, les coûts de substitution rendent la demande moins élastique et expliquent pourquoi les clients ne changent pas de banque aussi souvent que les différences de prix le justifieraient.

Les relations de clientèle permettent aux banques de diminuer le coût attendu des fonds prêtés aux clients. Mais cette réduction de coût du crédit du côté de la banque ne paraît pas se répercuter dans le taux d'intérêt pratiqué au client. En effet, Petersen et Rajan (1994) trouvent, pour un échantillon de clients américains de petite taille, que les clients entretenant des relations durables avec des banques n'obtiennent pas dans le temps des taux d'intérêt significativement moins élevés que les autres. Toutefois, un client peut tirer certains avantages à maintenir une relation stable et privilégiée avec une banque. L'un d'eux est l'assurance d'un financement à long terme.

L'asymétrie d'information que subit le client quant au comportement de sa banque est rarement analysée dans la littérature économique. En particulier, le client ne peut prévoir avec certitude si sa banque renouvellera son crédit et dans quelles conditions. La banque a bien sûr intérêt à ne pas dévoiler ses intentions pour éviter tout comportement opportuniste de la part de son débiteur. Devant ce risque de rationnement et de taux, un client peut être incité à s'engager dans une relation de long terme avec une banque. En effet, dans une série d'articles, Hoshy, Kyashap et Scharfstein (1990) trouvent, pour un échantillon de clients japonais, que ceux qui entretiennent des liens étroits et durables avec une banque principale ont des contraintes de liquidités plus souples que les autres. De plus, les clients du premier groupe investissent plus en période de difficultés financières que celles appartenant au second, suggérant là encore que les relations de long terme avec les banques permettent aux clients de surmonter, au moins en partie, les difficultés associées à l'accès aux fonds prêtables.

L'autre avantage que peut retirer un client d'une relation stable avec une banque est la création d'une réputation de solvabilité. Comme le montre Diamond (1991), un client peut développer un phénomène de réputation en s'endettant auprès des banques dont l'activité de surveillance permet de produire un savoir spécifique au client. On aboutit ainsi à une théorie particulière de la demande de prêts bancaires. Une clientèle sans grande qualité notoire s'adressera à une banque pour être surveillée et évaluée. Cette relation permettra au client de se constituer un « dossier bancaire » et d'accéder à d'autres sources de financement moins onéreuses, une fois sa réputation de solvabilité établie.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci