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Les stations de sports d'hiver face au changement climatique

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par Siv-Ann LIPPERT
Université Joseph Fourier - Institut Géographie Alpine, Grenoble - Master 2 2007
  

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5. L'Arc alpin et la pratique des sports d'hiver dans les Alpes

L'Arc alpin se trouve géographiquement au centre de l'Europe et sépare différentes zones de climat en Europe centrale. Son expansion de l'ouest à l'est, entre Gênes et Vienne compte environ 1200km. Du nord au sud, les Alpes s'étendent sur 150 à 200km, à l'est jusqu'à 300km. Les sommets des massifs occidentaux atteignent généralement une altitude située entre 3000 et 4300m au8 dessus du niveau de la mer. Les Alpes orientales sont moins élevées. Le sommet le plus haut des Alpes est le Mont Blanc avec une altitude de 4808m au-dessus du niveau de la mer.

Les limites des Alpes sont inscrites dans la Convention Alpine - un traité international entre les différents pays alpins (la France, la Suisse, l'Italie, la Principauté de Liechtenstein, l'Autriche, l'Allemagne, la Slovénie et la Principauté de Monaco) pour la protection des Alpes.

4La discussion autour du développement durable, notamment ses critiques, vont beaucoup plus loin de ce qui a été évoqué ici. Pour une lecture plus détaillée, veuillez consulter par exemple Serge Latouche, Jean Baudrillard, Vincent Cheynet, etc.

Carte 1 : Carte du territoire de l'Arc alpin selon Batzing W. et la Commission International de la Protection des Alpes (CIPRA); Source: Bätzing W., Rougier H., 2005, p. 408

La situation démographique des Alpes a fortement changé dans les décennies précédentes, notamment au cours du XXe siècle. On y trouve deux cents quarante communes qui peuvent être considérées comme des villes avec plus de dix milles habitants ou cinq milles emplois. Cinquante-neuf pourcent de la population alpine vit aujourd'hui dans des zones d'urbanisation. Selon Götz et al. (2002, p.86) ce sont surtout les communes proches de la ville qui ont une augmentation importante de leur population (+9,6%) et des nombres de l'emplois (+15,2%). Cependant, les Alpes sont toujours perçues comme un espace rural avec un paysage naturel et comme une région touristique. La forte urbanisation n'est pas reflétée dans l'image générale des Alpes.

5.1 L'Arc alpin et sa
culture

La difficulté de traverser les Alpes l'ont fait antérieurement un territoire retiré, solitaire avec ses propres règles et coutumes. Jusqu'à la fin du moyen age les Alpes étaient même considérées comme un territoire maudit car elles représentaient une

image d'horreur et frayeur pour tous les voyageurs (cf. Dettling, S. 2005). Les citadins venant de loin pour traverser les Alpes ne

pouvaient pas comprendre comment un tel territoire pouvait être vivable.

 

Figure 1 : Gravure des monts affreux (1756) Source : Batzing W., Rougier H., 2005

Notamment avant l'arrivée de la mobilité «démocratisée» et des technologies de communication les vallées des Alpes étaient coupées5 du reste du monde. Les contacts qui se créaient dans les alentours les plus proches étaient (et le sont toujours dans certaines régions) fortement influencés par les contraintes géographiques. De nos jours, même si le phénomène était plus important il y a cent ans, les régions de hautes montagnes sont toujours plus difficilement accessibles que les vallées. Les traditions culturelles sont cantonnées dans une vallée et sont parfois connues uniquement dans les villages les plus proches et les plus accessibles, mais ne vont pas plus loin. Donc, dans les Alpes pendant très longtemps les frontières nationales sont moins importantes pour l'évolution et la dispersion de la culture que les contraintes géomorphologiques.

Bien que les Alpes se trouvent géographiquement au coeur de l'Europe, elles sont seulement en train de sortir d'une position de marge. C'est au XVIe siècle que les Alpes sont considérées pour la première fois dans la littérature comme un territoire commun.6 Mais c'est dans la même époque où les premières créations des états font devenir les Alpes une région transfrontalière. Cependant, l'équipement de plus en plus développé, ouvre les Alpes aux pays limitrophes, d'abord seulement pour la traversée mais ensuite pour sa beauté, l'aventure et le repos. Toutefois, l'arrivée des premiers touristes ne reste pas sans influence sur les cultures locales:

5 Le terme «coupé » n'est pas employé dans son sens strict ici. Ily avait bien sûr par exemple des jeunes artisans qui passaient quelques temps loin de leurs vallées. Quand ils revenaient ils enrichissaient la culture locale par ce qu'ils avaient appris ailleurs. Donc, un certain échange existait en tout cas.

6 parJosias Simler dans « De Alpibus commentarius » en 1574, qui décrit les Alpes et entre autres l'équipement nécessaire pour voyager au-dessus de la limite de neige;

«Au début, ils ne venaient pas pour rester longtemps. [...] Mais ils racontaient beaucoup. Ils se vantaient, ils faisaient appel au modèle de leur patrie; ils proposaient plein d'idées pour mieux organiser le village. Ils draguaient aussi les filles et n'allaient pas à la messe le dimanche. [...] ...le touriste allemand ... amenait ... une ambiance de ville. Il urbanisait le village. Il racontait et illuminait ses sorties d'escalade ainsi que les jeunes villageois commençaient de plus en plus souvent de grimper les montagnes. »7

Aujourd'hui on y trouve une économie où le tourisme est devenu un facteur très important mais avec des grandes disparités à l'intérieur du territoire. Pendant que certaines régions ne cessent d'accroître en termes de démographie et d'économie, il y a d'autres régions qui souffrent énormément d'une perte d'habitants et d'un manque d'activité économique. Mais en considérant l'ensemble, on constate que le taux de croissance de l'espace alpin se trouve au-dessus de la moyenne européenne. Il y a seulement à peu près vingt ans que l'ensemble de l'espace alpin n'est plus un espace défavorisé. Le déséquilibre à l'intérieur de l'Arc alpin se retrouve également dans le social. Une très grande partie des régions s'urbanisent de plus en plus. Elles se tournent d'une manière irréversible vers les grandes villes dans les Alpes ou à sa périphérie. Au contraire, il y en a d'autres qui s'attachent très fortement aux anciennes valeurs et traditions de sorte qu'ils n'évoluent pas et ont donc du mal à persister dans le monde de globalisation. Bätzing (2002) constate une perte générale des Alpes comme espace de culture indépendante. On y trouve soit des grands centres qui sont orientés vers l'extérieur des Alpes, soit des zones neutres et vides de culture.

7traduit de l'allemand; Lucie Varga, 1930, cité d'après Luger K. (2003) version originale en allemand: "Zunächst kamen sie nicht für lange Aufenthalte. [...]. Aber sie sprachen viel und erzählten viel. Sie trumpften auf, beriefen sich auf das Vorbild ihrer Heimat; sie machten ständig Vorschläge, wie man das Dorf besser organisieren und verändern könnte. Sie flirteten auch mit den Mädchen und gingen sonntags nicht zur Messe. [...] ... der deutsche Tourist ... brachte ... eine städtische Atmosphäre mit. Er urbanisierte das Dorf. Er erzählte und verklärte seine Klettertouren. Und schon begannen auch die Bauernjungen immer häufiger, auf die Berge zu steigen."

Depuis les années quatre-vingt-dix les pays alpins font des grands efforts pour surpasser le déséquilibre à l'intérieur de l'espace alpin et de monter une politique commune par rapport au développement des différentes régions. La Convention alpine se caractérise par son approche globale des problèmes de montagnes au niveau économique et spatial. Cette ébauche a été créée pour former un nouveau modèle de la gestion de l'espace alpin. La convention tient un volet «tourisme» qui poursuit l'intention de soutenir le tourisme durable afin de préserver les ressources des Alpes et d'assurer que le tourisme puisse représenter une économie stable sur le long terme.

5.2 L'Arc alpin et le tourisme

Le tourisme dans l'Arc alpin existe depuis plusieurs siècles et a fortement évolué depuis son début. A la fin du moyen age les Alpes étaient plutôt un obstacle qu'une vraie destination. Les voyageurs du nord de l'Europe qui allaient vers l'Italie et le sud de la France (et vice versa) traversaient les Alpes «malgré» eux. Mais les premiers touristes curieux qui y viennent pour les découvrir vers la fin du XVIIIe siècle se passionnent dans leur carnets et rapports de voyage afin que de plus en plus de personnes sont pris par l'enthousiasme d'y aller. Selon Haas H. In Luger K. (2002), l'attrait des Alpes pour les premiers touristes reposait surtout sur le mélange entre le «terrifiant» et le «magnifique ». Cependant, la plupart des touristes préfère encore de regarder le «terrifiant - magnifique» de loin sur des chemins sécurisés et depuis des points de vue aménagés. Le «tourisme de belle vue »8 s'instaure et pendant les deux siècles suivants, les Alpes sont aménagées selon ces besoins. Pour pouvoir accueillir les touristes, les grandes fermes et les manoirs sont souvent transformés partiellement. En plus du revenu de l'agriculture et de

8Traduction de la notion originale: « Blicktourismus » formulé par Haas H.

l'élevage, quelques ménages commencent à profiter économiquement du tourisme en offrant des services d'hébergement et de restauration.

Après l'arrivée des premiers touristes une certaine image des Alpes se crée à travers des peintures et des images et détermine fortement les nouveaux aménagements touristiques. En 1850, à Krimml en Autriche par exemple une grande maison de style suisse est construite entre des maisons traditionnelles et simples (cf. ibidem).

Mais la vraie massification du tourisme dans les Alpes commence avec le raccordement des Alpes au réseau ferroviaire, les sports d'hiver et ensuite par une meilleure accessibilité en voitures. Après la deuxième guerre mondiale le tourisme devient un facteur important pour l'économie des Alpes. En même temps, la concurrence nationale et puis internationale du marché agricole désavantage les régions d'une agriculture sous des conditions difficiles, donc sur des pentes, des versants mal ensoleillées, de l'espace cultivable limité, etc. Par conséquence, l'agriculture se retire de certaines régions alpines et le tourisme reste la seule possibilité de revenu. Il y a une forte tendance à la diminution du nombre d'habitants dans les régions désavantagées (un accès difficile, une agriculture pas compétitive, etc.). Les résultats de ces évolutions est l'abandon des communes les plus retirées et mal adaptées à ces nouveaux enjeux.

Le tourisme alpin s'installe d'abord dans les villes et villages bien desservis. En 1901, Chamonix compte cinquante milles touristes par an. Six ans plus tard, après la construction du chemin de fer, Chamonix accueille cent soixante-dix milles touristes. Encore aujourd'hui, la plupart des centres touristiques alpins se trouvent surtout dans les grandes agglomérations bien desservies. Certaines communes touristiques ont dépassé le seuil des dix mille habitants. Donc, ce sont des communes qui se trouvent en translation d'un village à une ville. Davos l'est depuis les années soixante-dix et Chamonix

depuis 1999. Le nombre des communes touristiques qui comptent entre cinq mille et dix mille habitants est croissant. Ils fonctionnent comme lieu central de services et font concurrence aux centres locaux traditionnelle. L'Alpe d'Huez et les Deux Alpes par exemple (deux grandes stations de sport d'hiver français) remettent en question la fonction du vieux Bourg d'Oisans. D'autres villes alpines font du tourisme pour développer l'infrastructure liée à ces activités pour leurs habitants et pour en retirer des impulsions économiques. Mais, ils existent aussi des exemples contraires, donc des stations de sports d'hiver qui connaissent une grande différence entre le nombre d'habitants et le nombre des touristes. Ces stations ont la difficulté de gérer un besoin aux services publics en dimensions très déséquilibrés sur l'année.9

Le tourisme est une activité économique essentielle dans les pays alpins. Selon, l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) on dénombre chaque année entre 60 et 80 millions de touristes et quelque 160 millions de "journées skieurs" en France, Autriche, Suisse et Allemagne. Mais en même temps, il y a moins de neuf pourcent de la population française par exemple qui pratique des sports d'hiver. De plus, la pratique des sports d'hiver est journalière dans plus de quatre-vingt-dix pourcent des cas, donc sans besoin d'hébergement (cf. Stat-Info Août 2006 du Ministère Jeunesse, Sports et Vie Associative).

Le tourisme des sports d'hiver représente des pratiques sportives les plus chères et les plus lourdes en équipement et aménagement.10 A travers de ces aménagements lourds le tourisme des sports d'hiver a une grande influence sur la population locale. Elle profite à la création d'avantages sociaux comme l'emplois, l'amélioration de l'équipement, densification des services publics et commerciaux, augmentation moyenne des revenus et du niveau de vie, etc.

9cf. Götz et al. 2002, p. 89

10 Cela concerne surtout les pratiques de sports d'hiver qui profitent des domaines skiables fortement aménagées.

Mais en même temps la population locale souffre d'une augmentation du prix de la terre pour les agriculteurs, des loyers élevés, d'un accès parfois difficile aux services à la population (dû à une surcharge par les touristes), etc. Le travail en saison et/ou dans un rythme pas du tout conforme au rythme des enfants, rend difficile la vie quotidienne, notamment pour les familles qui sont toujours actives dans l'agriculture (un travail qui demande déjà beaucoup de temps) mais qui se sont senties forcé d'offrir aussi des prestations touristiques pour complémenter leur revenu. De plus, les «nouveaux» métiers11, nécessitant de faibles qualifications en général, bouleversent l'ancienne structure sociale des communes montagnardes rurales et une reconstruction sur des bases stables et durables est souvent très difficile.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille