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Techniques de droit commun applicables à la rupture du concubinage et du PACS

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par Audrey MELLAC
Université Robert Schuman Strasbourg - Master II recherche droit privé fondamental 2007
  

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SECTION II: LA RÉSOLUTION DU PACS.

Le pacte civil de solidarité est un contrat dont l'objet est spécifique, mais reste avant tout un contrat, comme l'a maintes fois affirmé le gouvernement lors de la discussion du projet de loi relatif au PACS en 1999.71

Il comporte des obligations réciproques. Par conséquent, c'est un contrat synallagmatique, qui est conclu intuitu personae pour une durée indéterminée.72

Comme le Conseil Constitutionnel l'a rappelé en examinant la conformité de la loi à la Constitution, le PACS obéit à des règles spéciales, mais à défaut, les règles de droit commun des contrats et des obligations ont vocation à s'appliquer, sauf si elles s'avèrent contraire à ladite loi.73

Par là même, le principe de la résolution en justice d'un contrat pour inexécution de l'engagement du cocontractant ne vient à l'évidence heurter aucunement la loi relative au PACS. Celle-ci a certes prévu que la fin du PACS résulte de la dissolution de celui-ci, mais sans prévoir de sanctions spécifiques en cas d'inexécution de ses engagements par l'un des parte nai res.

De ce fait, la résolution du PACS est une hypothèse envisageable dans son principe si l'un des partenaires n'exécute pas ses obligations.

L'intérêt de ce mécanisme est cependant limité, car l'inexécution de l'aide matérielle peut se résoudre par une action en contribution. C'est ce qu'affirme l'arrêt de la cour d'appel de Paris en date du 9 novembre 2006, qui a été amené à statuer, entre autre, sur un manquement à l'obligation de contribuer aux charges du couple.74

Il est une hypothèse où l'utilisation de l'article 1184 du Code civil pourrait pourtant se montrer judicieuse et propice. Il s'agit du cas où l'un des partenaires manquerait à son obligation de vie commune.

En effet, le nouvel article 5 15-4 du Code civil, issu de la loi du 23 juin 2006, dispose que les partenaires s'engagent à une vie commune.

Or, il est impossible de procéder à une exécution forcée de la vie commune, pénalement qualifiée de séquestration.

Par ailleurs, le fait de quitter son partenaire, et donc de mettre fin à la vie commune, n'est pas une faute ouvrant droit à dommages et intérêts.

De ce fait, la résolution judiciaire avec dommages et intérêts permettrait au partenaire abandonné de faire sanctionner l'inexécution par son partenaire de son engagement à une vie commune.

On pourrait, en extrapolant quelque peu, envisager la sanction de l'infidélité du partenaire par la résolution judiciaire accompagnée de dommages et intérêts.

Certes, la loi du 23 juin 2006 réformant le PACS n'a pas introduit expressément d'obligation de fidélité dans le PACS, peut être pour ne pas introduire trop d'obligations personnelles

71 D. FENOUILLET et P. DE VAREILLES SOMMIÈRES ( sous dir.), Op. Cit., introduction p 1.

72 Le pacte civil de solidarité, collection encyclopédie Lamy droit civil- droit des personnes et de la famille, étude n° 383, 2004.

73 N. MOLFESSIS, art. préc., JCP N n° 6, 11 février 2000, p 270.

74 G. KESSLER, V. ZALEWSKI, « L'anéantissement du PACS et ses conséquences: premier aperçu jurisprudentiel », RLDC mars 2007, personnes et famille p 36.

dans ce contrat hybride, peut être aussi pour éviter un trop grand rapprochement idéologique avec le mariage

.

Néanmoins, il convient de rappeler que le tribunal de Lilles, dans une ordonnance du 5 juin 2002, a déduit de l'article 515-1 du Code civil et de la décision du Conseil Constitutionnel que le devoir de communauté de vie, entendu comme une communauté de toit et de lit, doit être exécuté de bonne foi en vertu de l'article 1134 du Code civil, ceci supposant la sanction de l'infidélité entre partenaires.75

De ce fait, il est possible d'envisager cette hypothèse de résolution du PACS pour infidélité, si la jurisprudence vient à confirmer l'interprétation effectuée par les juges Lillois. En effet, celleci tend à faire de la fidélité une obligation contractuelle, en tant qu'exécution de bonne foi du devoir de communauté de vie de l'article 5 15-4.

Il faut cependant émettre une réserve quant à l'applicabilité de l'article 1184 du Code civil, relatif à la résolution du contrat, au contrat spécifique du PACS.

En effet, une partie de la doctrine76 considère que le droit commun des contrats ne peut être appliqué à la rupture du PACS, le législateur ayant pris soin de règlementer les causes et la procédure de sa dissolution

.

Le PACS connaît certes quatre causes de dissolution qui sont le décès, le mariage, la rupture unilatérale et la rupture conjointe. Cependant, la résolution judiciaire du contrat, demandée en cas d'inexécution des engagements du cocontractant, ne semble pas vouloir heurter le régime spécial du PACS, celle-ci n'étant que l'incidence de l'inexécution des obligations contractuelles

.

De plus, aucune sanction de l'inexécution des obligations du PACS n'ayant été prévue par la loi qui l'a institué, c'est au droit commun, qui s'applique de manière résiduelle, de venir suppléer cette absence

.

Aucun arrêt n'est pour le moment venu trancher ce propos, mais la nature hybride du PACS, contrat organisant la vie commune, engendre bien des controverses.

Pour résoudre les conséquences pécunaires de la rupture d'un PACS ou d'un concubinage, le droit commun des contrats se révèle utile mais insuffisant, les concubins n'ayant la plupart du temps pas pensé à organiser contractuellement leurs relations patrimoniales

.

De même, les partenaires doivent procéder à la liquidation de leurs intérêts pécunaires.

La séparation des patrimoines ne se passe pas du droit des bien, et plus particulièrement des mécanismes de l'indivision et de la théorie de l'accession

.

75 L. ANTONINI-COCHIN, « Le paradoxe de la fidélité », D. 2005, chron. p 23.

76 Ph. MALAURIE, H. FULCHIRON, Op. Cit., p 211

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