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Le bouddhisme theravada, la violence et l'état. Principes et réalités

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par Jacques Huynen
Université de Liège - DEA Histoire des religions 2007
  

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Etat des lieux et perspectives

Nous avons vu qu'au XIXe, au début de la colonisation française, Siam et Vietnam avaient quasiment achevé de se partager le Cambodge et le Laos. Si le processus n'avait été gelé par la colonisation, le Siam serait parvenu à fédérer ou assimiler la plus grande partie des populations de tradition theravada sur la péninsule, la Birmanie mise à part. À l'issue des guerres coloniales, grâce à la France, le Cambodge et le Laos sont entièrement passés dans la zone d'influence politique du Vietnam. Cela est encore vrai du Laos et dans une moindre mesure du Cambodge, depuis que ce pays a adopté une constitution pluraliste en 1991.

Dans le contexte actuel, il reste un certains nombre de facteurs qui pourraient mener à un ré-aménager cette configuration :

· L'hostilité atavique des Cambodgiens, peuple à l'identité ancienne et forte, vis-à-vis des Vietnamiens nouveaux venus, de culture très différente, dominateurs, et qui restent présents sur le territoire par leurs immigrés dont le nombre atteignit dans les années soixante, puis dans les années quatre-vingt jusqu'à 10% de la population, suscitant des fantasmes de « cinquième colonne » ou donnant lieu à des suspicions de colonisation rampante. Cette minorité a été victime de pogromes sous Lon Nol, puis sous Pol Pot, et reste encore un « thème majeur de la politique intérieure cambodgienne »197(*). Elle est souvent victimes d'attentats « notamment pendant les périodes électorales » et « a souvent été prise pour cible par l'opposition à Hun Sen198(*) [...] le Prince Ranariddh n'a pas hésité à exploiter le sentiment anti-vietnamien de la population, et Sam Rainsy, le nouveau leader de l'opposition [...] a fait de cette question son cheval de bataille lors des élections législatives de 1998. Au cours des manifestations qu'il a organisées au lendemain de ces élections pour en contester les résultats, plusieurs meurtres de Vietnamiens ont été ainsi commis »199(*).

· Les affinités linguistiques et culturelles entre les Laos et les Thaïs. À la fin de la première guerre d'Indochine, les régions dans l'Ouest et le Sud du Laos restaient liées au camp occidental, et donc à la Thaïlande. Dès le début des années 90, après la chute de l'Union soviétique et la fin des « rapports spéciaux avec le Vietnam » la Thaïlande devint, malgré les méfiances d'ordre politique, le premier partenaire économique du Laos. En 1997, cette dépendance économique s'est confirmée : 45% des importations et 42 % des investissements étrangers au Laos proviennent de Thaïlande et 37 % de ses exportations sont destinés ou transitent par la Thaïlande. Sur le plan culturel, et idéologique, la télévision thaï, comprise de la majorité des Laos, y est omniprésente. D'après Martin Stuart-Fox200(*) « le maintien de l'identité lao est presqu'un accident de l'histoire et ce pays a vocation à regagner le giron thaïlandais auquel il appartient sur le plan culturel. »

· Sur le plan religieux, alors qu'au Vietnam le bouddhisme, comme les autres religions, reste étroitement surveillé par le pouvoir, au Laos et au Cambodge, qui avaient pourtant tenté d'appliquer à cet égard une politique inspirée de celle des camarades vietnamiens, on a assisté dès le milieu des années quatre-vingt à une renaissance du sangha theravada. Au Laos, il a « retrouvé une position de religion quasi-officielle et les communautés de bonzes, toute leur place dans la vie sociale.201(*) »

· Depuis leur accession à l'ASEAN202(*) entre 1997 et 1999, le Laos, le Cambodge et la Birmanie ont dans ce cadre resserré leurs liens. Ils y forment avec la Thaïlande, membre fondateur, un « bloc des pays de tradition theravada » dont seul le Sri Lanka203(*) est absent. Dès la fin des années quatre-vingt la Thaïlande avait d'ailleurs « changé d'attitude [...] en abandonnant sa position d'hostilité irréductible à l'égard du Vietnam [pour] transformer la péninsule de zone de conflit en une zone d'échanges et de co-développement et remplacer le champs de bataille par le marché.204(*) » Cependant la Thaïlande reste le seul pays avec lequel le Laos garde des différends frontaliers. En conséquence « les incidents se succèdent » et en 1998 encore « une vedette de contrôle thaïlandaise a ouvert le feu sur un bateau de pêche lao au milieu du Mékong où les droits de pêche n'ont pas fait l'objet d'accord clairs »205(*).

* 197 X.ROZE, op. cit., p. 93

* 198 Protégé de Hanoï.

* 199 X. ROZE, op. cit., p. 93-94.

* 200 M. STUART-FOX, History of Laos, Cambridge University Press, 1997, cité par X. ROZE, op. cit., p. 87.

* 201 X. ROZE, op.cit.,p. 82.

* 202 ANSEA: Association des Nations du Sud-Est Asiatique.

* 203 On entend souvent les milieux conservateurs singhalais se scandaliser du manque de solidarité entre pays de tradition theravada et concrètement, par exemple que les Tigres du LTTE tamoul reçoivent des armes transitant par les ports de certains de ces pays. Voir les blogs singhalais récents, entre autre le yahoogroup BNC(Buddhist-News@yahoogroups.com).

* 204 X.ROZE, op.cit., p. 69.

* 205 IDEM, p. 94.

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