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La République tchèque : analyse de son "retour à l'Europe"

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par Audrey Arnoult
Université Lyon 2 - Master 2 en Sciences de l'Information et de la Communication 2007
  

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5. Libération : des Tchèques mécontents

Libération consacre un article à l'opinion publique196(*) dans lequel il donne la parole à deux jeunes Tchèques « diplômés et bilingues ». Pavel et Katerina vivent à Prague et sont issus d'une classe sociale aisée comme le suggèrent les détails concernant leurs voyages en Europe et leur mode de vie. Comme Le Figaro, le quotidien donne donc la parole à des personnes issues d'une certaine catégorie sociale, susceptible d'être favorables à l'intégration. Libération évoque « leur forte attente vis-à-vis de l'Europe » dans l'encart mais aucun détail ne figure dans la suite de l'article. Le quotidien se focalise sur le mécontentement et les craintes des deux jeunes comme l'illustrent les termes suivants : « sont très remontés », « enrage », « autre motif d'énervement ». Il est intéressant de noter que le mécontentement de Pavel n'est pas lié à la réticence des Français vis-à-vis des nouveaux pays candidats, mais à l'incapacité de la classe politique tchèque. Celle-ci est exprimée en ces termes : « gouvernement [...] nul », « les politiques sont incapables », « personne n'est foutu. » et elle le conduit à craindre « l'impréparation du pays ».

Si Pavel est « très pessimiste », Katerina pense que l'élargissement « sera très bénéfique » mais elle ne précise pas sa réponse. En revanche, elle exprime son mécontentement par rapport à « l'impression d'atterrir en ligue B de l'UE » et l'impossibilité d'aller travailler en France ou en Allemagne. Elle qualifie cette mesure d'« injuste » et d'« anormale ». Elle énonce donc une crainte qui est celle de nombreux Tchèques et qui renvoie aux mesures prises par l'UE. En effet, certains pays membres ont souhaité limiter temporairement l'accès de leur marché du travail aux ressortissants des nouveaux entrants.

Tous les propos de Pavel et Katerina sont rapportés au discours direct parfois même sans verbe introducteur, une façon pour le quotidien d'accréditer leurs paroles. D'ailleurs, les dernières lignes de l'article semblent le confirmer notamment en ce qui concerne les mesures prises par l'UE. En effet, à la critique de Katka succède la phrase suivante : « eux veulent rester à Prague de toutes façons ». Cette remarque est une façon de signifier qu'il n'y a aucune inquiétude à avoir quant à l'émigration tchèque.

Comme Le Monde, Libération interrogent des personnes qui ont des connaissances suffisantes pour donner leur opinion sur l'intégration. Ces jeunes diplômés connaissent déjà l'Europe, ce qui explique le décalage avec la représentation construite par La Croix. Si l'entrée dans l'UE semble être un événement important, c'est sur les craintes et le mécontentement de ces deux jeunes Tchèques que le quotidien se focalise.

L'analyse des différents propos rapportés par les quotidiens nous permet de faire plusieurs remarques quant à la représentation de l'opinion publique tchèque dans les discours. Il y a bien une opinion privilégiée par les médias puisque quasiment tous les Tchèques interrogés sont favorables à l'intégration, la position la « plus extrême » étant celle de l'indifférence. Nous pouvons toutefois faire quelques nuances. Le Monde dépeint une opinion publique très favorable à l'Europe, peu représentative de la réalité. Le Figaro et Libération donnent également la parole à des Tchèques favorables à l'intégration mais qui ne semblent pas être très convaincus. Seuls L'Humanité et La Croix évoquent l'indifférence d'une partie de la population, rappelant ainsi que la plupart des Tchèques n'avaient pas vraiment d'opinion sur la question de l'intégration européenne. Par ailleurs, aucun quotidien ne donne la parole à un Tchèque anti-européen. Ces remarques nous permettent de dire que finalement, la représentation de l'opinion publique proposée par les quotidiens reste relativement consensuelle, peu conforme à la réalité. Il y a donc une contradiction entre l'opinion publique sondagière197(*) et l'opinion publique que nous proposent les quotidiens, qui n'est cependant pas surprenante. En effet, il est assez difficile au moment où la République tchèque s'apprête à entrer dans l'UE, de publier des propos de Tchèques opposés à la construction communautaire. Cette position serait peu compréhensible pour les lecteurs français et rendrait plus délicate encore la « réintégration » de la République tchèque.

* 196 Libération, 27 avril 2004, p. 11

* 197 Rappelons que seulement 42% des inscrits ont dit oui à l'Europe. La plupart des Tchèques étaient indifférents voire opposés à l'intégration de leur pays dans l'UE.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery