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La République tchèque : analyse de son "retour à l'Europe"

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par Audrey Arnoult
Université Lyon 2 - Master 2 en Sciences de l'Information et de la Communication 2007
  

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B. La renaissance nationale et la constitution de l'identité nationale tchèque au XIXème siècle

Nous avons choisi de nous concentrer sur le rôle de la langue dans la constitution de l'identité nationale tchèque, généralement considérée comme le principal facteur de l'identité nationale. Nous comprendrons ainsi pourquoi le nationalisme tchèque est qualifié de nationalisme linguistique et le rôle joué par les Eveilleurs dans le réveil de la conscience nationale. Enfin, nous consacrerons une dernière partie au théâtre tchèque qui témoigne de l'importance de la langue, et plus généralement de la culture, dans la constitution de la nation tchèque.

1. La naissance de l'identité nationale tchèque : un nationalisme linguistique

a) La langue : un facteur essentiel de l'identité nationale

Du XIIème au XIXème siècle, Tchèques et Allemands coexistent en Bohême sans conflit majeur (cf. Annexe n°2). Jaromír Louúil parle même d'une « identité commune ». Progressivement, les deux communautés se développent de façon asymétrique. Les Pays tchèques ont un poids économique relativement important au sein de l'empire mais leur culture et leur langue sont dominées par les Allemands. A cette période « les Tchèques commencèrent à se définir [...] vis-à-vis des Allemands de Bohême »37(*). Il est nécessaire de préciser quelques éléments pour comprendre le contexte de la naissance du nationalisme linguistique tchèque. A la fin du XVIIIème siècle, le tchèque est une langue populaire parlée mais relativement peu écrite, les villes de Bohême étant essentiellement allemandes. Ce n'est qu'à partir du milieu du XIXème siècle que la langue va faire l'objet d'une attention particulière. Influencée par le romantisme qui affirme l'enracinement de la nation dans la langue et face aux menaces du nationalisme pan-germanique allemand38(*), l'intelligentsia tchèque39(*) entreprend de préserver la langue tchèque, de l'enrichir et de l'utiliser dans la sphère publique. Contrairement à la langue allemande, la langue populaire tchèque va jouer un rôle important dans la constitution du tchèque moderne. Cette affirmation de la nation par la langue constitue le début du réveil national40(*) que J. Louúil définit comme « l'histoire d'une reconquête progressive de l'espace linguistique, littéraire et culturel »41(*), trois qualificatifs qui illustrent bien les spécificités du nationalisme en Europe centrale.

La langue devient le ciment de l'identité nationale, l'élément constitutif de la nation. Elle n'est plus uniquement conçue comme un moyen de communication, elle devient un signe distinctif d'appartenance à une communauté. La langue opère comme signe de reconnaissance : parler tchèque c'est être tchèque. Dès lors, la nation va être assimilée à la langue. Cela explique que la majorité des conflits entre Tchèques et Allemands, dans la seconde moitié du XIXème siècle, soient de nature linguistique. Par exemple, en 1882, les Tchèques obtiennent que l'Université Charles, où les cours étaient jusqu'alors dispensés en allemand, crée un département de tchèque. Les étudiants peuvent donc, à la fin du XIXème siècle, étudier dans leur langue maternelle. C'est pourquoi, plusieurs intellectuels tchèques du XIXème développent l'idée selon laquelle menacer la langue c'est menacer la nation42(*). C'est bien la langue qui va devenir le pôle d'identité du peuple tchèque, et non pas les structures étatiques comme en Europe occidentale. L'attachement à la langue est donc au coeur du sentiment d'appartenance comme l'illustre le philosophe polonais Karolt Libelt : « la nation demeure vivante tant que sa langue demeure vivante » « sans langue nationale, il n'y a pas de nation » puisque « la langue est le sang qui circule dans le corps de la nation »43(*).

* 37 LOUéIL, [1998], p. 296

* 38 En 1848, à l'assemblée de Francfort, les Allemands de Bohême évoquent leur souhait de rassembler tous les Allemands au sein d'une même entité

* 39 B. Michel signale que le concept d'intelligentsia est né en 1846 chez les Tchèques et désigne les écrivains, journalistes, historiens... qui participent à l'éveil de la conscience nationale.

* 40 Différents termes sont employés pour désigner cette période : réveil national, renaissance nationale, éveil national...

* 41 LOUéIL, [1998], p. 297

* 42 Joseph Jungman, écrit par exemple que « ôter la langue à la nation c'est la tuer » cité dans Delsol et Maslowski, [1998], p. 296

* 43 BARTMINSKI, Jerzy, « La langue polonaise comme symbole d'identité nationale » dans Delsol, Chantal, Maslowski, Michel et Nowicki Joanne (dir.), Mythes et symboles politiques en Europe centrale, Paris, Editions PUF, 2002, p. 526

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