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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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b) Des parents témoignent : l'isolement est une « épreuve »

Nous avons choisi de consacrer une partie spécifique à la figure des parents qui occupe une large place dans les articles de La Croix. Plusieurs discours nous font part des témoignages de parents qui ont vécu la séparation familiale.

Dans le premier article de la période, un médecin explique qu'« il convient donc de soutenir les familles sans culpabiliser les parents »645(*). Si les parents ne sont pas encore désignés comme victimes, le verbe « soutenir » révèle déjà qu'ils sont dans une situation difficile.

Afin de mettre l'accent sur la souffrance des parents, La Croix laisse la parole le temps d'un article à une mère qui nous raconte son « épreuve »646(*). Nous pouvons formuler plusieurs remarques par rapport à ce témoignage. La première concerne le rôle actantiel des parents : dès le départ, le récit les désigne comme adjuvants. En effet, ce sont eux qui sont allés voir avec leur fille un psychiatre, lequel « l'a orienté vers un médecin généraliste ». Les parents ont pour objet la guérison de leur fille mais aucun détail ne précise si la malade a aussi pour objet la guérison. Leur rôle d'adjuvant permet de comprendre pourquoi, ils souffrent de la séparation. Ensuite, nous avons remarqué que l'article est construit autour de deux thèmes principaux : la mère insiste sur la souffrance et l'épreuve qu'elle a vécue mais elle souligne aussi le soutien et l'aide dont elle a bénéficiés. Emma raconte que la séparation a été un « moment atroce », ces périodes étaient « terribles à vivre », « c'était déchirant », elle et son mari étaient « minés par le chagrin ». Les termes qu'elle emploie sont relativement fort et met en valeur la douleur qu'ils ont éprouvée. Outre cette souffrance, cette mère met l'accent sur son impuissance qui était « totale », « on ne peut rien faire ». Notons ici que le « ne pas pouvoir faire » est un obstacle auquel sont confrontés tous les parents et qui tend à renforcer leur sentiment de culpabilité. Une phrase est assez révélatrice du dilemme qui anime La Croix : « On sait que son enfant va mal, qu'il a besoin d'être soutenu, entouré, mais on ne peut plus aller le voir, lui parler ». Même si cette phrase n'est pas celle du quotidien, nous pouvons dire qu'elle reflète son opinion. « Il » exprime ce qu'il considère être le rôle que les parents et le problème que pose la séparation familiale. En effet, il n'est pas acceptable de choisir un mode d'hospitalisation qui prive la malade du soutien parental. Cependant, en dépit de cette souffrance et de « l'épreuve » que représente la séparation, Emma insiste sur « deux choses [qui les] ont beaucoup aidés », qui leur ont été « d'un grand secours » et « d'un grand soutien » : les rencontres avec l'équipe médicale et les échanges au sein des groupes de parents. Notons que la place accordée aux relations parents-soignants était déjà évoquée dans un article précédent par un médecin. Pour terminer, nous remarquerons que cet article est destiné aux familles qui sont confrontées à la même épreuve mais « c'est difficile de donner des conseils à d'autres parents ». La tonalité de l'article est optimiste car c'est sur le mot de « confiance » que conclut Emma. La « confiance à l'équipe soignante » et la confiance dans les « ressources de son enfant ». La Croix est le seul quotidien a souligné que la confiance est essentielle pour surmonter cette « épreuve » ce qui semble un peu optimiste. Si les anorexiques ont des « ressources », nous avons expliqué le cercle vicieux que constituait la maladie, l'aveuglement dans lequel se trouvaient les malades qui rend peu probable une prise de conscience soudaine. Le quotidien sous-entend que l'anorexique veut s'en sortir et ne s'oppose pas à la prise en charge, un cas qui est en général très rare.

Il faut préciser que malgré la souffrance qu'ont éprouvée ces parents, la mère avoue que la séparation procure un « sentiment de soulagement », que c'est un moment qui permet de « souffler un peu » car « c'est l'enfer de voir son enfant dépérir sous ses yeux sans rien pouvoir faire ». Ainsi, même si le quotidien s'oppose à la séparation familiale, les propos de cette mère soulignent la difficulté de vivre au quotidien avec une anorexique, une réalité que ne peut pas nier le journal. Enfin, une dernière remarque concerne la place de la fratrie dans la prise en charge de l'anorexie. Emma explique que « [sa] fille cadette a beaucoup souffert pendant cette épreuve », et qu'elle regrette qu'elle n'ait pas pu bénéficier d'un soutien. A travers ces propos, le quotidien souligne que ce ne sont pas uniquement les parents qui souffrent de la séparation mais que toute la famille est affectée.

* 645 La Croix, 27 septembre 1997, p. 28.

* 646 La Croix, 18 janvier 2005, p. 15.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand