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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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2. Le Monde : des propos qui semblent contradictoires

En 1989, Le Monde fait un rapide historique des traitements utilisés depuis C. Lasègue pour guérir l'anorexie afin de souligner la « multitude de traitements proposés »653(*). Il écarte l'isolement comme mode de prise en charge et insiste sur la nécessité d'un suivi psychothérapeutique. Il précise également que « l'hospitalisation est souvent nécessaire » et « les rechutes fréquentes »654(*). Parmi les articles étudiés, seuls trois abordent la question de la prise en charge de façon plutôt contradictoire. Nous les étudierons séparément car leur analyse respective n'a pas permis de dégager des points communs ou des idées forces qui seraient communes aux à ces trois discours.

a) Des parents exclus de la prise en charge

En 1992, Le Monde écrit que « Séverine a été admise d'urgence à l'hôpital de Nancy-Brabois dans un état de maigreur extrême ». Avec l'adjectif « extrême », le journal insiste sur la gravité de l'état de santé de l'enfant. Or, quand le pronostic vital est en jeu, l'hospitalisation est nécessaire. Le champ lexical de la mort présent dans ce discours témoigne de l'urgence de la situation. Le journal fournit également des indications médicales sur l'état de santé de Séverine : elle pèse « 19 kilos » et sa « tension artérielle » est à 5. Une fois entrée à l'hôpital, elle va sera « prise en charge par des médecins qui vont la réalimenter et tenter de trouver avec elle l'origine de cette terrible rupture d'équilibre qui l'a amenée au bord de la mort ». Le discours ne donne pas d'autres détails mais le terme « ensemble » laisse penser que la démarche thérapeutique est basée sur une relation de coopération entre la patiente et le médecin, celui-ci remplissant un rôle d'adjuvant. Aucun indice ne permet de dire si la fillette s'oppose à l'hospitalisation cependant, nous avions précisé qu'il s'agit d'une anorexie prépubère et dans ce cas la prise en charge est moins conflictuelle. C'est pourquoi, nous pouvons supposer que l'objectif de Séverine est de guérir, le corps médical jouant le rôle d'adjuvant.

Les parents sont ici dans une situation particulière : ils ne sont pas considérés comme des alliés du traitement, des adjuvants, mais sont sanctionnés. Cette sanction est à la fois narrative et légale : ils sont « interpellé[s] » par la police, « inculpé[s] » par le juge d'instruction pour « défaut de soins » et ont l' « interdiction formelle » d'aller voir leur fille hospitalisée. Considérés comme « adultes responsables », ils sont punis par la loi pour n'avoir pas fait hospitaliser leur enfant, mineure. Cependant, ils ne sont pas les seuls à être mis en cause et le récit fait état d'une « lutte » pour assigner la responsabilité de ce défaut de soins....En effet, l'avocat des parents a déposé « une plainte contre le médecin traitant qui soignait leur fille pour non-assistance à personne en danger ». Toutefois, Le Monde précise que c'est lui qui a diagnostiqué l'anorexie mentale, ce qui suffit à écarter la sanction. Ce premier cas de figure est assez particulier puisque Séverine est encore une enfant. Son anorexie s'est déclarée suite aux régimes « draconiens » imposés par la danse et les exigences que sa mère faisait peser sur elle. Nous avions montré que le journal désignait la mère comme le destinateur de l'anorexie, c'est donc logiquement elle qui est sanctionnée ici.

* 653 Le Monde, Le contrat de poids, 22 mars 1989, p. 20.

* 654 Le Monde, La tragédie bouffe, 22 mars 1989, p. 20.

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