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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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c) L'anorexique face aux médecins

Nous avons vu qu'au cours du XXème siècle, les relations entre le corps médical et les anorexiques ont peu à peu évolué pour aboutir à des rapports moins conflictuels. Les discours de Santé Magazine témoignent de ses évolutions. Dans les articles publiés avant 1990, l'anorexique est décrite comme résistante et menteuse, elle nie « obstinément » sa maladie707(*). Plusieurs termes ou expressions connotent la fermeté du médecin. Par exemple, « il ne [...] tutoie jamais » sa patiente », et prend la décision de l'hospitaliser « sans faiblesse »708(*). Dans les discours suivants, la confiance et la collaboration remplacent la rigidité des rapports médecin/patiente. Le psychiatre « tente d'instaurer un dialogue »709(*), établit « le contrat avec elle »710(*). L'article publié en 1997 est sans doute celui qui met le plus en valeur cette évolution dans les rapports entre le soignant et la malade car Santé Magazine donne la parole au docteur Archambeaud, un médecin généraliste, qui explique comment il procède avec ses patientes. Il reçoit les jeunes filles en leur « consacrant du temps » et les aident « à réfléchir à ce qui lui arrive »711(*). Ce témoignage illustre l'attention portée à la malade, et la position d'écoute dans laquelle se place le thérapeute. Même dans la description de l'hospitalisation, Santé Magazine emploie des termes qui révèlent cette prise en compte du patient : « on lui propose de prendre ses repas en commun [...] en offrant des menus variés », la sonde gastrique qui n'est utilisée qu'en dernier recours est qualifiée de « forcing alimentaire », l'hôpital étant conçu comme « un nouvel espace dont l'anorexique a besoin pour se `restaurer' ». L'article suivant712(*) confirme que la relation entre la patiente et le médecin n'est plus basée sur l'autorité et la supériorité mais sur l'égalité. Ainsi, Santé Magazine écrit que qu' « aujourd'hui, les médecins semblent s'accorder à dire qu'ils ne faut pas user de la force : elle ne fait que renforcer l'anorexique dans ses positions ». Cet abandon de l'autorité laisse place à l'impuissance : « même le médecin ne peut imposer la vérité médicale, il doit donner à l'anorexique les connaissances suffisantes pour assurer sa propre surveillance ». Dans cet article, c'est l'impuissance du corps médical qui est mise en valeur dont les compétences professionnelles ne suffisent pas à guérir les anorexiques. Il doit se limiter à « donner les armes, les connaissances » qui permettront à l'adolescente de comprendre qu'elle est malade, une démarche qui suppose « beaucoup de temps, d'écoute et de patience ». La représentation de la prise en charge dans les discours de Santé Magazine est similaire à ce que la plupart des spécialistes recommandent aujourd'hui en terme de thérapie pour l'anorexie. Pour le magazine, le traitement thérapeutique se base donc sur une relation de coopération dans laquelle la patience et l'écoute sont primordiales. C'est pourquoi, aucun discours n'évoque les stratégies de résistance de l'anorexique qui « n'est pas un opposant, mais dans le refus d'une maladie puisqu'il ne la voit pas »713(*).

* 707 Santé Magazine, avril 1985, p. 42-44.

* 708 Santé Magazine, août 1988, p. 54-55.

* 709 Santé Magazine, février 1991, p. 54-55.

* 710 Santé Magazine, avril 1996, p. 70-72.

* 711 Santé Magazine, novembre 1997, p. 64-65.

* 712 Santé Magazine, novembre 2001, p. 100-105.

* 713 Santé Magazine, novembre 2001, p. 100-105.

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