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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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2. Le Monde oscille entre la famille comme milieu pathogène et un facteur psychologique de l'anorexie

Le Monde ne consacre pas un article particulier à la question de l'origine de l'anorexie mais les discours nous donnent çà et là quelques indications sur les hypothèses qu'il privilégie. En 1989, il évoque « la relation de dépendance avec [la] mère et la nourriture »408(*) et qualifie l'anorexie de « trouble profond de la personnalité ». L'anorexique est une adolescente « frappée de panique »409(*) face aux transformations liées à cet âge. Selon le quotidien, la maladie renvoie soit à un problème familial, soit à un problème psychologique, d'ordre personnel. Il conserve cette position dans les autres articles, sans trancher.

a) Un facteur familial suggéré à plusieurs reprises

L'hypothèse d'un facteur familial est évoquée dans trois articles. La première fois, c'est précisément la mère qui est désignée sans ambiguïté, comme le destinateur de la maladie. Le Monde nous raconte l'histoire de Séverine410(*), douze ans, « poupée de ses parents », qui suit des cours de danse depuis l'âge de deux ans et demi. Le quotidien accuse « la mère qui avait reporté sur [Séverine] ses rêves de danseuse étoile », qui projetait « dans sa fille son désir contrarié, sa frustration de n'avoir pas pu elle-même devenir danseuse ». L'exemple que nous donne Le Monde renvoie à la thèse que défendent les psychanalystes (cf. supra partie 2, II. A)). Quand les parents, en particulier la mère, projettent sur leur fille leurs attentes, ils l'empêchent de prendre conscience de ses propres désirs. L'enfance se déroule sans problème et la fillette est souvent comparée à une petite fille modèle. A l'adolescence, l'anorexie devient un moyen de « revendiquer » ses faiblesses mais traduit aussi le manque d'autonomie de la jeune fille et la dépendance qui la lie à ses parents. Ici, l'anorexie est également due à la discipline alimentaire qu'impose ce type d'activité sportive. Cependant, en parlant de « l'obsession de la minceur et [du] désir forcené de la mère », c'est bien sur celle-ci que Le Monde fait porter la sanction. « Les espoirs de ses parents, de sa maman » reposent sur « ses frêles épaules ». L'adjectif « frêle » vient accentuer le poids des exigences maternelles sur la fillette. Le quotidien utilise une stratégie discursive intéressante puisque c'est par le biais d'un récit, d'une histoire authentique qu'il avance l'idée que la mère peut-être responsable de l'anorexie de sa fille. A la fin de l'article, la parole est déléguée à un expert qui « explique » que l'anorexie « est souvent en relation avec des problèmes affectifs. Au centre de tout cela, on rencontre souvent la relation avec la mère ». Le verdict médical vient confirmer l'hypothèse avancée par Le Monde à travers l'histoire de Séverine. Dans un deuxième article, l'hypothèse de la famille comme destinateur est aussi avancée mais de façon plus nuancée. Anne, une ancienne anorexique explique qu'elle a « vécu une forme d'adolescence difficile ». La phrase est ambiguë car elle ne précise pas si ses difficultés ont pour origine un problème familial ou personnel, le destinateur n'est donc pas clairement identifié mais il peut s'agir de problèmes relationnels avec ses parents. En 2005, Le Monde revient à nouveau sur l'idée d'une famille pathogène en nous expliquant que l'anorexie de Caroline est « en partie due à la violence des rapports qu'elle entretient avec son père ». La figure du destinateur évolue légèrement puisque ce n'est plus la mère qui est jugée responsable mais le père. De plus, il ne s'agit pas de désir projeté sur l'enfant mais de violence. Ces nuances révèlent que derrière un facteur déclencheur de la maladie se cache en réalité des situations diverses qui dépendent des histoires personnelles. Enfin, l'expression « en partie due » souligne que la famille n'est pas l'unique destinateur de la maladie, une façon de rappeler que l'anorexie est une pathologie polyfactorielle.

* 408 Le Monde, Le contrat de poids, 22 mars 1989, p. 20.

* 409 Le Monde, La tragédie bouffe, 22 mars 1989, p. 20.

* 410 Le Monde, 25 juillet 1992, p. 9.

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