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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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b) Le facteur socioculturel : un destinateur ambiguë

La position du journal par rapport à l'hypothèse d'un facteur socioculturel de l'anorexie est ambiguë. Dans un premier récit, le quotidien pose la question à P. Jeammet en ces termes : « convient-il d'incriminer la mode, les mannequins, les couturiers, qui en influençant les jeunes filles, va jusqu'à les convaincre de se `faire maigrir' ? »418(*). Le fait de poser cette question à un expert n'est pas anodin et renvoie à la difficulté qu'éprouve le quotidien à trancher lui-même, à expliquer l'origine de la maladie. L'expert convoqué « n'en est pas pleinement persuadé » et fournit à l'appui un argument historique : certes l'anorexie est plus fréquente cependant, elle « existait déjà au début du siècle alors que la mode était tout sauf à la ligne longiligne ». Notons que cet argument est le même qu'un expert avance dans l'un des discours de La Croix. L'influence du contexte socioculturel et plus particulièrement de la mode, est donc rejeté par cet expert. Nous pouvons considérer que son opinion est aussi celle du journal qui aurait pu aisément convoqué un autre scientifique à l'avis différent. Cependant, trois mois plus tard, Le Figaro écrit que l'anorexie fait « des ravages chez les jeunes femmes des pays riches, malheureuses émules de ces `tops' aux traits émaciés et aux corps efflanqués »419(*). L'émule étant une « personne qui cherche à égaler, à surpasser une autre personne »420(*), le quotidien sous-entend que la quête de la minceur dans laquelle se lance ces jeunes filles est vaine. Les termes « émaciés » et « efflanqués » sont plutôt péjoratifs et laisse croire que le quotidien accuse ces mannequins qui n'ont rien des `tops'.

c) Le facteur familial : un destinateur implicite

Le facteur familial est la troisième hypothèse formulée par le quotidien. Il délègue la parole à un expert qui mentionne « le lien très ambivalent » que l'anorexique développe avec sa famille. Le récit ne fournit aucun détail supplémentaire qui permettrait d'expliquer le rôle que joue la famille dans l'apparition de l'anorexie. Nous ne pouvons donc pas savoir quel est le destinateur réel. S'agit-il d'une mère surprotectrice ? D'un père violent ? Cependant, l'idée d'un lien ambivalent renvoie à ce que la littérature médicale décrit une tension chez l'adolescente. Elle est partagée entre son désir d'autonomie et sa dépendance affective à l'un de ses parents.

La famille comme destinateur apparaît en filigrane dans un second article. Malika, « victime de sous-nutrition », vivait dans une « famille [...] très fragile psychologiquement » et le quotidien précise que le décès de la mère a marqué « un point de rupture ». Dans cet exemple, se mêlent des facteurs à la fois d'ordre personnel, psychologique et un facteur environnemental. En effet, si la famille semble être un terreau favorable au déclenchement d'une maladie, le décès est un événement d'ordre personnel. Aucun indice ne permet explicitement de savoir si le quotidien accuse la famille d'être le destinateur de l'anorexie de la jeune fille.

* 418 Le Figaro, 25 avril 1997.

* 419 Le Figaro, 25 juin 1997.

* 420 Le Petit Larousse Compact, [2003], p. 383.

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