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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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b) Les conséquences psychiques

D. Rigaud souligne que les troubles du comportement alimentaire sont souvent considérés comme la conséquence de problèmes psychologiques, ce qui n'est pas toujours vrai et qui de plus, tend à faire oublier le fait que les troubles du comportement alimentaire sont responsables de bien des dégâts psychiques. Ainsi, la détresse et le désarroi sentimental, la distorsion du jugement, le dégoût de soi, le désintérêt pour tout, la dépression, le désir de suicide (il est plus rare chez les anorexiques restrictives que chez les anorexiques boulimiques), la désinsertion sociale (la nourriture occupe tout l'espace psychique de la malade qui ne peut plus penser à autre chose. A cette préoccupation s'ajoute sa faiblesse physique qui la conduit à se couper progressivement du monde extérieur...), et les troubles obsessionnels compulsifs seraient des dommages psychologiques engendrés par la maladie. Ces troubles ne sont pas toujours présents chez la patiente anorexique mais ils sont des conséquences possibles de la maladie501(*). Par exemple, la dépression est rare alors que les troubles obsessionnels compulsifs sont particulièrement fréquents. Ils sont souvent en rapport avec la nourriture. La malade instaure des rituels qui peuvent paraître « aberrants » de l'extérieur. Elle stocke des quantités importantes de nourriture, tri ses aliments dans l'assiette et les coupe en petits morceaux. Cette dimension du rituel va de pair avec le contrôle et la maîtrise qui caractérisent la malade. Répéter toujours les mêmes gestes lui procure une certaine sécurité et lui permet de ne pas s'angoisser.

Des médecins dont P. Jeammet, insistent sur une autre conséquence psychique qui est la dépendance. En effet, plus de 90% des anorexiques affirment que la maladie est une drogue pour elle502(*), c'est pourquoi certains spécialistes des troubles du comportement alimentaire ont de plus en plus tendance à classer l'anorexie parmi les conduites addictives au même titre que la toxicomanie. Dans son ouvrage, P. Jeammet explique le mécanisme de l'addiction présent dans la maladie : « on parle d'addiction lorsqu'un comportement procurant normalement plaisir et soulagement est employé selon un mode particulier. Celui qui s'y adonne se trouve dans l'incapacité de maîtriser ce comportement et a une propension à le répéter en dépit de ses conséquences négatives »503(*). Historiquement, la notion d'addiction a été utilisée pour désigner la toxicomanie puis l'alcoolisme cependant, P. Jeammet et d'autres spécialistes prétendent que ce concept peut s'étendre à d'autres comportements dont l'anorexie. En effet, l'anorexique est dépendante de son comportement « parce qu'il la protège de sa peur de devenir boulimique » et « parce qu'il lui apparaît indispensable à son équilibre psychique »504(*). Le comportement anorexique est comme une drogue pour la jeune fille : il la rassure et lui apporte un sentiment de bien-être.

La notion d'addiction est aussi pertinente pour expliquer pourquoi l'anorexique parvient à jeûner si longtemps. D. Rigaud insiste sur la « puissance illusoire du jeûne »505(*). Il explique que c'est un simple phénomène organique qui donne l'impression à l'anorexique d'être puissante alors même qu'elle ne mange pas. « Le fait d'être à jeun la stimule, la dope » car elle libère des hormones « dans le sang vers les muscles pour lui faire oublier » sa faim. Ce médecin explique que l'anorexique ne fait taire la sensation de faim qui la taraude qu'en s'épuisant physiquement. Il utilise la métaphore du piège pour décrire ce processus : en s'activant, la malade ne ressent pas la fatigue « dopée par les hormones qui lui donnent la sensation d'être pleine d'énergie » cependant, cette énergie n'est qu'illusoire. Les anorexiques n'en sont pas conscientes et disent éprouver un sentiment de légèreté et d'hyperpuissance au cours de la maladie, des sensations qui les incitent à maintenir leur engagement. Il faut préciser que cette hyperactivité ne peut durer éternellement et vient un moment où c'est la fatigue qui l'emporte (cf. Annexe n°7, témoignage n° 4). Pour conclure sur les complications engendrées par la maladie, nous reprendrons les propos de D. Rigaud qui souligne que « l'anorexique paie[...] cher et durablement le défi lancé à son corps et à son esprit »506(*).

* 501 RIGAUD, [2003], p. 190-196.

* 502 Idem, p. 133.

* 503 JEAMMET, [2004], p. 81.

* 504 Idem, p. 83.

* 505 RIGAUD, [2003], p. 116.

* 506 RIGAUD, [2003], p. 117.

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