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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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b) L'hospitalisation et la prise en charge en ambulatoire : des thérapies pluridisciplinaires

La prise en charge de l'anorexie est subordonnée à la volonté de la malade et « la majorité des patients atteints d'anorexie mentale ne sera jamais hospitalisée »613(*). A l'inverse, si la malade décide ou est contrainte d'être prise en charge, deux cas de figure s'offrent à elle : soit le suivi se fait en ambulatoire, soit elle est hospitalisée. Excepté la dissension sur la pratique de l'isolement, les soignants s'accordent sur la nécessité d'une prise en charge de l'anorexie « globale, pluridisciplinaire, longue et complexe »614(*). Très souvent, elle se fait en ambulatoire dans un service spécifiquement dédié aux troubles des comportements alimentaires ou dans un service plus généraliste destiné aux adolescents. Dans ce cas, la malade n'est pas hospitalisée mais suivie régulièrement par un médecin référent et un psychologue, l'un prenant en charge les complications physiologiques, l'autre l'aspect psychique de la maladie. Les spécialistes des troubles du comportement alimentaire insistent sur la qualité de ce suivi qui dure souvent des années. Le choix de la structure ou du médecin référent dépend fortement « des ressources thérapeutiques disponibles à proximité du domicile du sujet, des orientations théoriques des équipes impliquées, ou encore du symptôme ayant déclenché la première consultation, que de schémas thérapeutiques validés scientifiquement »615(*). Aujourd'hui, le nombre de structures aptes à prendre en charge les patientes anorexiques est insuffisant en France, ce qui explique la variété des prises en charge possibles. Le problème est accru quand il s'agit de malades majeures car c'est à elles que revient la décision de se faire soigner.

L'hospitalisation est jugée nécessaire uniquement si le pronostic vital est en jeu, si des troubles dépressifs ou un risque suicidaire existent. C'est au corps médical de prendre la décision de l'hospitalisation avec l'accord de la patiente et des parents. P. Jeammet explique que l'hospitalisation est relativement rare et n'a concerné que 7% des anorexiques vues en consultation dans son service. Lorsqu'une patiente est hospitalisée pour dénutrition importante, les médecins recourent à la nutrition assistée (par sonde gastrique) pour que la malade atteigne un « poids de sécurité » qui permette ensuite de poursuivre les soins en ambulatoire et d'envisager un suivi psychologique. Dans la plupart des cas, la pose de la sonde ne pose pas de problème cependant, les soignants sont parfois confrontés à une résistance de la patiente qui assimile cette renutrition à un gavage. Des médecins témoignent : « le refus de la prise pondérale conduit certaines anorexiques à des tentatives de mise en échec des soins (arrêt de la pompe, vidange des poches de nutrition dans les toilettes, par la fenêtre ou dans le matelas...) »616(*). Cette citation illustre bien les cas où l'actant sujet décide de poursuivre son programme narratif, les médecins ont alors le rôle d'anti-sujet.

Quel que soit le mode de prise en charge dont bénéficie l'anorexique, l'objectif est toujours de l'aider à atteindre un poids normal avant de comprendre les raisons qui ont conduit au déclenchement de l'anorexie. Ainsi, H. Bruch écrit qu' « une psychothérapie individuelle n'est que l'un des aspects du traitement dont l'anorexique a besoin [...] un certain rétablissement nutritionnel est indispensable avant qu'on puisse procéder à une exploration psychothérapeutique valable »617(*).

Le corps médical souligne aujourd'hui la nécessité d'une prise en charge psychologique dont les modalités sont très variées. Il est important d'évoquer ces différentes thérapies afin de souligner leur diversité mais aussi leurs spécificités. La « démarche de type analytique »618(*) ou psychothérapie est considérée par certains médecins comme le meilleur traitement mais relativement difficile à mettre en place. L'anorexique consulte un médecin (psychiatre) ou un psychothérapeute (psychologue, psychanalyste...) qui cherchera à comprendre les raisons inconscientes ou non qui ont déclenché le processus anorexique. Nous n'entrerons pas plus dans les détails mais il faut savoir que la démarche analytique varie selon si la personne consultée est un psychanalyste ou un psychiatre, chacun ayant en outre des méthodes différentes. Quelque soit la solution choisie, les bénéfices ne sont pas immédiats et la psychothérapie doit durer au moins deux ans619(*). La malade peut également participer à un groupe de parole qui consiste à réunir des patientes au même stade de la maladie, et qui sont déjà dans une optique de guérison. Elles peuvent ainsi échanger leurs expériences et mieux comprendre leur trouble. Les résultats de cette thérapie sont mitigés et la mise en place d'un groupe de parole dépend pour beaucoup de la personnalité des patientes620(*).  Enfin, l'approche cognitivo-comportementale constitue une dernière possibilité qui s'offre aux patientes. Ce type de thérapie vise à « corriger les raisonnements erronés liés aux principaux symptômes du trouble »621(*). Le thérapeute cherche à identifier les raisons qui ont conduit l'anorexique à adopter un tel comportement pour ensuite modifier « ses comportements mal adaptés » mais contrairement à la thérapie analytique, il n'aborde pas « les conflits psychiques sous-jacents ni la vie fantasmatique »622(*). Il existe peu d'études prouvant l'efficacité de ces thérapies, notre objectif n'étant pas de toutes façons de trancher entre les différentes possibilités existantes. Une étude de P. Jeammet révèle que sur la population étudiée, « 24% des anorexiques n'ont pas suivi de psychothérapie et 29% l'ont interrompu avant un an »623(*).

* 613 ALVIN, [2001], p. 80.

* 614 GODART, PERDEREAU, AGMAN et JEAMMET, [2005], p. 42.

* 615 Idem, p. 42.

* 616 TOURNEMIRE (DE), Renaud ; ENNIL, Amina ; AUTRET, Dominique ; HARAT, Omar, Dossier sur « Les troubles du comportement alimentaire », [Nutrition assistée chez l'adolescente anorexique] dans la revue Soins, n°694, avril 2005, p. 46.

* 617 BRUCH, [1990], p. 11.

* 618 Idem, p. 229.

* 619 Idem, p. 230.

* 620 TAESCH, Caroline, « Anorexie et boulimie, expérience d'un groupe de parole » dans la revue Soins psychiatrie, n°230, janvier/février 2004, p. 44.

* 621 MOREL, Séverine ; GUYOMARCH, Sarah ; SATORI, Nadine, « Anorexie mentale et approche cognitivo-comportementaliste » dans la revue Soins psychiatrie, n°22, juillet/août 2003, p. 24-2.

* 622 ALVIN, [2001], p. 105.

* 623 CHABROL, [1991], p. 119.

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