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Approche comparative de la conception des droits de l'homme dans la philosophe africaine et dans la philosophie politique contemporaine en occident

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par Julien Rajaoson
Sciences Po Grenoble - Master 2008
  

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2°) Une adaptation au monde

La modernisation des idées de gauche implique une réflexion adaptée à l'époque contemporaine, ainsi qu'une révision intellectuelle de la représentation du sujet en tant qu'il n'est plus un point de départ fixe. Son rapport axiologique85(*) doit être appréhendé afin de pouvoir répondre de manière pertinente à ses nouveaux besoins individuels86(*) ; en effet, en se montrant moins rigide sur la question sociale, l'économie de marché a su apporter des réponses dans ce domaine. L'avènement d'un modèle économique alternatif ne parut guère nécessaire et le conflit s'est déplacé sur le plan des valeurs87(*). En réformant la clause IV de leurs statuts qui énonçait « la propriété collective des moyens de production, de distribution et d'échange », Tony Blair a incarné cette modernisation88(*). C'est à ce prix que les Travaillistes ont semble-t-il conquis durablement le pouvoir au dépend des Conservateurs en 1997. Cette clause IV, qui était au parti Travailliste ce que le Congrès d'Epinay est au Parti Socialiste, paraît être le type d'archaïsmes dont la gauche moderne doit se débarrasser.

C°) Un programme politique et des valeurs

Si on schématise les deux idéologies en présence, comme l'a fait Anthony Giddens dans son oeuvre en gardant à l'esprit que les tableaux suivants sont idéal-typiques, dans le sens où les aspects choisis sont grossis, on peut percevoir que les différents points forts ainsi que les points faibles de la nouvelle droite et de la vieille gauche :

Le néolibéralisme (La nouvelle droite)89(*)

- Gouvernement minimal

- Société civile autonome

- Fondamentalisme marchand

- Autoritarisme moral et individualisme économique puissant

- Marché du travail libre comme tous les autres

- Acceptation de l'inégalité

- Nationalisme traditionnel

- Aide sociale en dernier recours

- Modernisation linéaire

- Faible conscience écologique

- Théorie réaliste de l'ordre international

- S'inscrit dans le cadre du monde bipolaire

La social-démocratie classique (la vieille gauche)90(*)

- Large engagement de l'Etat dans la vie économique et sociale

- L'Etat domine la société civile

- Collectivisme

- Gestion keynésienne de la demande et corporatisme

- Rôle limité des marchés : économie mixte ou sociale (de marché)

- Plein emploi

- Egalitarisme fort

- Etat-providence universel, protégeant les citoyens « du berceau à la tombe. »

- Modernisation linéaire

- Faible conscience écologique

- Internationalisme

- S'inscrit dans le cadre du monde bipolaire

A la vue de ces deux descriptions, on peut relever que le néolibéralisme a évacué plus de préjugés relatifs au domaine économique que la social-démocratie tels que : le collectivisme, l'Etat-providence universel ainsi que cette vision de l'Etat dominant la société civile. En ce sens, les discours néolibéraux semblent plus efficaces en faisant preuve de pragmatisme au regard du marché ou des inégalités, là où la social-démocratie ne peut opposer à l'argumentaire de droite, qu'une vaine rhétorique moralisatrice dont la finalité n'est autre que la préservation d'un statut quo. De fait, cette acceptation ambiguë de l'économie de marché est fatale à l'idéologie sociale démocrate car elle constitue pour ses adversaires néolibéraux une vacuité idéologique qu'ils peuvent exploiter au gré des circonstances. Par conséquent, les débats donnent l'apparence d'un certain déséquilibre en termes de répondant entre les deux interlocuteurs dans la mesure où, l'un apporte des réponses économiques concrètes et se trouve parfois amené à prôner le changement pour promouvoir la liberté d'entreprendre, lorsque l'autre ne fait que blâmer son adversaire.

A l'opposé, sur le plan des valeurs la social-démocratie l'emporte sur la droite mise à mal par la modernité : « Dans le domaine des valeurs morales et religieuses, la droite est confrontée au déclin lent mais régulier de sa base électorale traditionaliste »91(*). Luc Ferry et Alain Renaut justifient cette analyse en affirmant que, « (...) les critères qu'elles nous offraient autrefois n'étant plus disponibles. Ferry et Renaut ne sont pas les seuls parmi les philosophes français contemporains à concevoir ainsi notre situation. Claude Lefort, par exemple, dessine le même portrait d'un monde où aucun principe moral n'a plus le statut d'une vérité acquise. Mais qui plus est, il déclare qu'un tel monde constitue le foyer de la démocratie moderne »92(*). En somme, l'ascendance d'une valeur sur une autre demeure relative et limitée dans le temps ; des idées jugées caduques peuvent redevenir importantes pour l'ensemble de l'opinion publique sur des thèmes de société tels que l'avortement ou la peine de mort, les discours de gauche semblent plus rassembleurs car comme l'indique Serge Berstein « (...) les tenants de la tradition ne sont plus suffisamment nombreux dans l'électorat pour lui assurer la victoire, mais demeurent trop nombreux pour qu'on puisse négliger leur point de vue »93(*). L'antinomie intellectuelle entre les présupposés rationalistes du néolibéralisme et ce conservatisme traditionnel assumés par ce que Giddens appelle « la nouvelle droite » apparaissent manifestement contradictoires ; Luc Ferry a qualifié cette aporie de « schizophrénie aiguë »94(*). En se situant du côté de la pensée critique, la gauche a de ce point de vue un ascendant intellectuel sans équivoque sur la droite, « Les études postcoloniales sont prisonnières de la fiction du post-national, ce qui leur interdit de comprendre que la formation de l'Etat-nation est une dimension de la globalisation, y compris de l'expérience coloniale. Les études postcoloniales tendent à réifier le legs colonial, d'en faire une essence. Elles ne comprennent pas qu'il n'y a d'universalisation que par réinvention de la différence. (...) Leur avantage comparatif par rapport à la sociologie historique du politique est des plus maigres, pour ne pas rester dans l'euphémisme »95(*).

Néanmoins, aucune des deux idéologies ne parviennent à proposer sur le plan des questions internationales un programme digne de ce nom sans l'édifier en réaction vis-à-vis de celui de l'adversaire y compris la conception postcoloniale qui se situe plutôt à gauche, d'où les nombreuses similitudes suivantes : la modernisation linéaire, la faible conscience écologique ainsi que l'inscription dans le cadre bipolaire sont autant de points sur lesquels on ne peut les départager. Cependant, l'Internationalisme pour la sociale démocratie et la Théorie réaliste de l'ordre international pour les néolibéraux, constituent les points de divergences en terme de représentation des Relations Internationales.

* 85 Raymond Boudon, op. Cit, p. 243 dans la définition des Valeurs : « Les valeurs sont l'expression de principes généraux, d'orientations fondamentales et d'abord de préférence et de croyances collectives. Dans toute société, la détermination des objectifs s'effectue à partir d'une représentation du désirable et se manifeste dans ses idéaux collectifs. Ces valeurs qui, systématiquement ordonnées, s'organisent en une vision du monde apparaissent très souvent comme un donné irréductible, un noyau stable, un ensemble de variables indépendantes. »

* 86 Christian Godin, op. Cit, p. 833. Dans la définition de la Morale : « (...) La substitution de l'éthique à la morale qui entraîne le remplacement du bien par le bon témoigne du triomphe de l'individualisme contemporain. »

* 87 Alain Renaut, Sylvie Mesure, op. cit, p. 44 où les deux auteurs signalent qu' « A bien des égards, c'est en effet vis-à-vis du pouvoir pratique de la raison comme telle, et non pas simplement vis-à-vis de cas limites, que toute la réflexion contemporaine n'a cessé d'être hantée depuis maintenant près d'un siècle par l'ombre de cette thèse qu'avait si formidablement et si redoutablement affirmée Max Weber selon laquelle les jugements de valeur les plus fondamentaux (éthiques, esthétiques, politiques), non seulement se valent, mais sont antagonistes. »

* 88 The Economist, cité dans Courrier international n° 205, 6-12 octobre 1994.

* 89 Anthony Giddens, op. Cit, p. 29

* 90 Anthony Giddens, op. Cit, p. 28

* 91 Serge Berstein, op. Cit, p. 410 dans le chapitre 11 traitant du Déclin et recomposition des cultures politiques, dans la partie sur La droite face à la crise de la modernité

* 92 Ouvrage collectif sous la direction d'Alain Renaut, op. Cit, p. 117 au chapitre III rédigé par Charles Larmore sur Repenser l'humanisme et la démocratie. La philosophie politique en France depuis vingt ans dans la partie sur l'Histoire

* 93 Serge Berstein, ibid.

* 94 Voir le séminaire organisé par le Collège de Philosophie du 29 mars dont le thème développé fut « Pourquoi la démocratie n'aime-t-elle pas le pouvoir ? » dans lequel Marcel Gauchet et Luc Ferry sont intervenus

* 95 Marie-Claude Smouts, op. Cit, p. 271 au chapitre 5 Promesses et embûches

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon