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Approche comparative de la conception des droits de l'homme dans la philosophe africaine et dans la philosophie politique contemporaine en occident

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par Julien Rajaoson
Sciences Po Grenoble - Master 2008
  

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D°) Misère de l'internationalisme

L'orthodoxie idéologique de la gauche est devenue un obstacle pour une appréhension pertinente de la diplomatie et ce, d'autant plus pour promouvoir leurs valeurs internationalistes et égalitaristes à travers le monde : « Face au continent, l'extrême gauche s'est cantonnée dans un discours anti-impérialiste sclérosé et ne répond à aucun des problèmes du jour ; (...) Le Parti communiste, quant à lui, n'a pas de politique africaine autre qu'évanescente et stéréotypée. (...) Néanmoins, le Parti socialiste a été prisonnier, au cour des années soixante-dix, d'une schématisation dépendantiste du Tiers monde qui ne le prédisposait pas à affronter les réalités de la décennie suivante »96(*). L'aide au développement à l'adresse du continent africain, édifiait une autre forme de domination postcoloniale dans laquelle cet état de dépendance fut perpétué car, la gauche n'a pas su rompre avec les réseaux locaux qui étaient hostiles à leur internationalisme, et elle n'a pas reconfiguré son programme politique même dans les domaines où ses prises de positions étaient plus constructives que celles de la droite. Etait-ce raisonnable de bâtir une politique extérieure sans remettre en cause des groupes d'intérêts en mesure de nuire aux objectifs de la gauche ?

Toutefois, « Il serait puéril d'accorder à cette mouvance une cohérence, par exemple foccardienne ou maçonnique qu'elle n'eut jamais unanimement. D'âpres conflits, d'ordre partisan, associatif, matériel ou personnel, la déchirent »97(*). Voilà pourquoi les thèses conspirationnistes ou manichéennes ne restent vraies qu'au prix de sauts intuitifs, de raccourcis et de simplifications hasardeuses, alors que le phénomène de domination postcoloniale est bien réel.

E°) Bilan pour la démocratie

Ce que l'on peut retenir de cette approche comparative de la droite et de la gauche, est une égalité idéologique de façade sous-tendue par un monopôle de la scientificité accaparé par la droite. Afin que la rivalité soit effective et profitable à la vie démocratique, car tel est l'enjeu ultime de cette partie, la gauche doit bannir tout concept de totalité de son lexique, notamment ceux qu'elle a coutume d'utiliser dans la sphère économique comme nous l'avons vu précédemment. Au même titre que Tony Blair, sa position sur l'économie de marché doit être claire. Elle doit également se penser au delà du cadre de l'Etat-Nation pour avoir le recul et l'objectivité nécessaire concernant la saisie des phénomènes économiques en particulier. Comment ce consensus autour de l'économie de marché va-t-il modifier les comportements des différents acteurs politiques ? Et en quoi ce changement est-il profitable pour la gauche ?

L'élimination de la représentation marxiste pourrait conduire la gauche à analyser le réel tel qu'il est, sans le percevoir d'une manière prophétique en prétendant l'appréhender par le biais d'un principe explicatif unique. « L'explication par la fin des idéologies politiques, pour séduisante qu'elle soit, ignore tout simplement que celles-ci, loin de mourir, se transforment. Et si la modernité porteuse de rationalité et d'individualisme permet de relativiser les systèmes globaux d'explication du monde, les idéologies extrémistes retrouvent aussi droit de cité face à celles du compromis » 98(*). Dans cette optique, la gauche ne se trouvera pas dépourvue d'arguments face aux déclinologues qui pensent être les seuls détenteurs d'une définition pertinente de l'intérêt général. Ces interlocuteurs tiennent un discours réactionnaire et alarmiste en démontrant de manière assez juste que tous les Etats se doivent de s'adapter à la mondialisation, sous peine de subir un déclin inexorable. Au moyen de formules lapidaires, ils diagnostiquent un patchwork de solutions et de réformes dont un régime politique a besoin pour se redresser, qu'ils aient la moindre compétence en la matière. « Soit l'on considère que la crise reste bénigne, et l'on poursuit la gestion au fil de l'eau, avec une correction à la marge des textes phares de la majorité plurielle - 35 heures et loi de modernisation sociale en tête. Soit la France se trouve effectivement engagée dans l'un de ces cycles de déclin qui rythment son histoire et il convient de mettre en oeuvre la thérapie de choc qui constitue le véritable mandat politique du 21 avril 2002 »99(*).

Ce qui paraît juste dans ce propos, c'est que les réformes les plus dures à orchestrer sont celles qui ont un contenu libéral ; cependant rien ne sert de hâter une réforme aussi juste soit-elle, comme Nicolas Baverez semble le préconiser, au risque de voir celle-ci échouer. Peut-on réellement améliorer le régime sur des thèmes aussi vifs que les retraites, la sécurité sociale, ou la réforme du système éducatif avec des formules déclaratives ? D'ailleurs Thomas Piketty fustige dans un article de Libération publié le lundi 20 novembre 2006, ceux qu'il définit comme de « piètre chercheurs, sans aucune reconnaissance internationale »100(*) qui pensent avoir trouvé la solution aux problèmes de notre époque contemporaine101(*). Le dogmatisme dont ces individus font preuve peut être assimilé à du scientisme102(*), autrement dit c'est l'attitude inconséquente que l'on attribue injustement au paradigme néolibéral. Aux côtés de ce genre nouveau de comportement réactionnaire, il y a également les néo-conservateurs qui affirment avoir le monopôle de l'édification durable du lien social en s'appuyant sur les traditions ou la religion. Cet autre interlocuteur fait abstraction d'un critère déterminant pour une représentation pertinente de la société civile, « (...), la question des retombées de l'entreprise coloniale sur le tissu social et politique des ex-colonisateurs est nouvelle en science politique. » et pour cette raison les valeurs progressistes de la gauche ont un avantage intellectuel indiscutable en s'inscrivant dans la modernité par la valorisation du libre choix individuel contre les visions essentialistes des réactionnaires ou celle des néoconservateurs qui est prosaïque.

* 96 Jean-François Bayart, La politique africaine de François Mitterrand, éd. Karthala, Paris, 1984, p. 127

* 97 Jean-François Bayart, op. Cit, p. 110

* 98 Dominique Chagnollaud, op. Cit, p. 236 dans le chapitre sur Les partis politiques

* 99 Nicolas Baverez, La France qui tombe, éd, Perrin, Paris, août 2003, p. 109 au chapitre 5 intitulé Quand la France se réveillera.

* 100 http://www. Jourdan.ens.fr/piketty/fichiers/presse/Libération218077.FRphp.htm, ce lien nous conduit à sa page personnelle où il confie tout le bien qu'il pense de ceux qui se réclament du néolibéralisme d'une manière dogmatique. Il relève que les vrais économistes néolibéraux et compétents en la matière sont très peu, et que la figure majeure de ce courant est décédée ; sans partager les solutions de Milton Friedmann, il salut son intégrité intellectuelle et ses analyses savantes et techniques.

* 101 La chronique de Nicolas Baverez intitulé, Le libéralisme politique, clef du XXIème siècle, dans Les Echos du mardi 27 novembre 2007, p. 21

* 102 Christian Godin, op. Cit, p. 1185 dans la définition du Scientisme : « Terme devenu péjoratif utilisé pour dénoncer l'abus d'un certain positivisme (...) ».

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