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Approche comparative de la conception des droits de l'homme dans la philosophe africaine et dans la philosophie politique contemporaine en occident

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par Julien Rajaoson
Sciences Po Grenoble - Master 2008
  

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2°) La Démocratie contre la Métaphysique

La pensée d'Achille Mbembé semble se démarquer de celle de ses homologues philosophes en Occident ainsi que des représentants des courants philosophiques d'Afrique, dans le sens où elle ne présente pas d'éléments argumentatifs essentialistes, sans perdre de sa profondeur. L'absence de barrières disciplinaires lui permet, comme nous allons voir au chapitre suivant, de réfléchir librement sur les problèmes de l'Afrique contemporaine dont les origines sont multiples. « S'agissant de l'activité de gouverner, deux choses viennent tout de suite à l'esprit. D'une part, traiter de la conduite des hommes et de la façon dont elle est régie dans un cadre et avec des instruments étatiques, c'est non seulement s'intéresser à ce qui constitue la force et la raison de l'Etat, mais aussi s'interroger sur les formes même du pouvoir, ses manifestations, les différentes techniques qu'il utilise pour augmenter sa valeur, répartir le produit du travail, assurer l'abondance ou gérer l'indigence et la rareté »274(*). Ajoutons à son propos que l'Afrique s'est convertie à l'idée démocratique mais on ne peut encore parler de transition à l'économie de marché et au régime représentatif, car les oligarchies politiques n'ont instrumentalisé le multipartisme ainsi que la libéralisation économique que dans le but de reproduire leur domination sur la société civile275(*). L'attitude avide de certains acteurs officiant à la tête des Etats africains, alors même qu'ils fustigeaient auparavant la domination occidentale à l'époque du mouvement vers l'indépendance, souffre d'une incohérence historico-politique difficile à justifier pour les futures générations. Il semble que les valeurs démocratiques s'imposeront à la conscience civique des citoyens à venir, quitte à renverser un pouvoir despotique et inapte à protéger la vie ; en tant que principes purs la Démocratie ainsi que les Droits de l'Homme en Afrique ne peuvent répondre à une attente politique. Néanmoins, les valeurs démocratiques peuvent être partagées et transposées dans des réalités très différentes de celles des régions occidentales sans que cela apparaisse comme une ingérence étrangère.

En éliminant la métaphysique de la théorie progressiste et critique de la philosophie africaine, il devient possible d'envisager des solutions viables sur les questions relatives à l'Afrique276(*).

*

La seule critique que l'on peut légitimement émettre à l'encontre de la pensée d'Achille Mbembé, réside peut être dans sa trop grande élasticité pouvant éventuellement nuire à la rigueur intellectuelle nécessaire à toute approche pluridisciplinaire, car « (...) on a l'impression qu'un discours est scientifique dès qu'il est superficiellement cohérent, »277(*). Nous voulons dire par là que ses détracteurs afrocentristes pourraient affirmer que sa pensée n'est que conforme au contexte dans lequel elle a été produite, c'est-à-dire un arrière plan intellectuel façonné de toutes pièces par l'Occident ; sur ce point, les afrocentristes ne peuvent pas être soupçonnés d'opportunisme contrairement aux tenants de la Théorie critique. Toutefois, n'oublions pas que le but de ce courant de la philosophie africaine est d'établir la démocratie en Afrique, ce qui loin d'être acquis au vu des Etats postcoloniaux actuels. Une coopération avec l'Occident semble évidente pour espérer voir un changement politique et social sur le continent africain, alors qu'à ce sujet les afrocentristes veulent préserver un statut-quo s'inscrivant ainsi dans la continuité du néoréalisme dominant.

* 274 Achille Mbembé, De la Postcolonie. Essai sur l'imagination politique dans l'Afrique contemporaine, éd. Karthala, Paris, 2000, p. 41 au chapitre 1 intitulé Du commandement

* 275 Achille Mbembé, Jean-François Bayart, C. Toubabor, Le politique par le bas en Afrique noire. Contributions à une problématique de la démocratie, éd. Karthala, Paris, 1992, p. 62 au 2. La revanche des sociétés africaines : « L'un des enjeux de la vie politique mouvementée de l'Afrique noire porte sur l'installation de situations autoritaires, voire totalitaires ou tyranniques, se reproduisant au delà de cycles institutionnels. (...) Même dans des contextes de dégradation du système représentatif, des institutions résistent, qui persistent à trouver leur inspiration dans le libéralisme, telle la presse ou la justice au Kenya et en Sierra Leone. Et l'aménagement interne des régimes autoritaires est volontairement posé en termes de démocratisation, en Côte-d'Ivoire notamment ».

* 276 Achille Mbembé, Les jeunes et l'ordre politique en Afrique noire, logiques sociales collection dirigée par Dominique Desjeux, éd. L'harmattan, Paris, 1985, p. 211 dans Ré-inventer l'Etat : « Contrairement à ce que laisse penser une vision romantique du peuple, le champ sociale dans lequel s'inscrit la domination en Afrique n'est pas seulement traversé de courants d'uniformisation. (...) Les réseaux qui lient les jeunes à l'Etat sont, par conséquent, tissés de complexités qu'il importe de saisir par un retour sur les vécus quotidiens, eux-mêmes compris à l'intérieur d'un ensemble social plus vaste ».

* 277 Alan Sokal, et Jean Bricmont, Impostures intellectuelles, éd. Odile Jacob, Paris, 1997, p. 281 dans l'oubli de l'empirisme. Nous disons cela car la Théorie critique de la philosophie africaine plus que les autres courants, peut être frappé par le conformisme intellectuel dont il est question dans « L'affaire Sokal ».

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon