WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Approche comparative de la conception des droits de l'homme dans la philosophe africaine et dans la philosophie politique contemporaine en occident

( Télécharger le fichier original )
par Julien Rajaoson
Sciences Po Grenoble - Master 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre III : De la coopération décentralisée

Les études postcoloniales278(*) qui constitueront le cadre d'analyse de ce dossier, ont connu une floraison en France279(*), notamment par le biais d'ouvrages collectifs depuis 2005/2006, à savoir depuis les émeutes de novembre 2005 qui ont embrasées le pays et dans la continuité, l'apparition du mouvement radical, les Indigènes de la République. Cela étant, un domaine comme celui des études post-coloniales soulèvent des problématiques d'autant plus polémiques dans un cadre républicain. Nous verrons malgré tout que l'action publique que nous allons analyser ne représente pas une entorse à la République mais la promeut hors de ses bases frontalières, dans un contexte post-colonial.

Les études post-coloniales

Pour faire ressortir l'importance et le caractère problématique de l'héritage colonial dans les rapports politiques extérieurs, outre les relations diplomatiques, il faut maintenir la mémoire coloniale vivante, ce qui comprend l'esclavage ou la guerre d'Algérie. Aussi, l'entretien de ces différentes mémoires est par définition conflictuel, car ce sont des mémoires qui ravivent des phases historiques régies par les conflits coloniaux hors des frontières françaises, et par conséquent nous pouvons les interpréter différemment selon les faits historiques, ou les sources que l'on a à notre disposition. Et « la coopération décentralisée »280(*) ne peut s'appuyer que sur ce type de connaissances pour gagner en efficacité sur des territoires post-coloniaux281(*).

L'introduction des études post-coloniales dans une France traditionnellement républicaine, invite à se demander si elles font le jeu ou non du communautarisme et, partant, si elles mettent en cause le projet relatif à l'égalité. Bien souvent, un lien causal et problématique peut être posé par des leaders militants habiles entre la justification du repli communautaire et cet héritage colonial qui selon les cas, se perpétue dans les relations sociopolitiques sous des aspects voilés. Toutes ces réactions ont fait des études post-coloniales un objet fortement politisé et un terrain polémique, ce qui les rend incompatibles avec l'esprit académique qui préfère produire des connaissances neutres dans la mesure du possible, afin que celles-ci puissent servir une action publique éventuelle, et par là l'intérêt général.

Si les enjeux de ce type d'études sont loin de demeurer neutres sur le plan axiologique, a fortiori si elles sont utilisées à des fins politiques, la mise à distance des passions partisanes de celui qui entreprend une recherche sur la post-colonisation s'avère nécessaire afin de ne pas tomber dans le relativisme. En effet la neutralité axiologique est une des clés de leur implantation dans le secteur académique qui n'est pas acquise, mais aussi du succès de la coopération décentralisée282(*) qui pourra réutiliser ce savoir à bon escient.

Cependant, les premiers référents de ce genre d'études étaient des néo-marxistes - Gramsci et Negri -, et c'est notamment le cas des « subalterns studies » de la fin des années 1970 et du début des années 1980, ces tendances révolutionnaires s'opposant de facto à la vision plutôt réformiste et moderne de la coopération décentralisée283(*). Ensuite la deuxième orientation était post-moderniste, elle fut marquée par l'oeuvre intitulée « l'Orientaliste »284(*) en 1980 (dans l'espace intellectuel démocratico-libéral c'est l'orientation dominante des études post-coloniales). Le but ici, est de restaurer la différence culturelle et de rompre avec l'idée marxiste dominante dans les études post-coloniales, énonçant que la seule solidarité possible est celle qui repose sur la conscience de classes285(*).

Il s'agit de développer dans ce chapitre le fait que les solidarités peuvent reposer sur d'autres critères de valeurs et autres systèmes d'appartenance que ceux de type holistes, et que le réformisme est concevable dans les territoires post-coloniaux. En somme, qu'une action publique est possible en dépit des pesanteurs historiques et politiques bien réelles qui en freineraient les effets positifs286(*).

* 278 Sous la direction de Marie-Claude Smouts, La situation postcoloniale. Les postcolonial studies dans le débat français, préface de Georges Balandier, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, Paris, 2007, p. 24 : « Le postcolonial désigne une situation qui est celle, de fait, de tous les contemporains. Nous sommes tous, en des formes différentes, en situation postcoloniale. Parce que la mondialisation nous porte au doute quant à notre identité, et que nous étendons avec ces nouveaux Nouveaux Mondes un univers où nous nous découvrons un peu égarés, étrangers dans le sens que Simmel donnait au terme. »

* 279 Sous la direction de Marie-Claude Smouts, op. cit, p. 25 : « Au travers d'une production foisonnante et souvent polémique, se dessine ce que l'on peut appeler un théorème postcolonial à la française fondé sur trois proposition : le fait colonial fait partie intégrante de l'histoire de notre présent ; la domination coloniale a bouleversé les sociétés d'outre-mer, elle a aussi profondément marqué les anciennes métropoles ; pour maintenir son unité nationale, la France doit assumer son passé colonial et reconnaître les traces qui en subsistent. »

* 280 http://www.expatries.senat.fr/coopération_decentralisee.html : « La coopération décentralisée englobe toutes les relations d'amitié, de jumelage ou de partenariat nouées entre les collectivités locales françaises et les collectivités équivalentes d'autres pays. Plus généralement, on y inclut différentes formes d'assistance ou échanges d'expériences avec des structures publiques locales étrangères. Composante importante de la présence française à l'étranger, les actions de coopération décentralisée offrent aussi, pour nos compatriotes expatriés, l'occasion d'établir des contacts privilégiés avec les collectivités territoriales qui s'y impliquent. Le Sénat a entendu bien marquer l'importance qu'il accorde à ce volet typique de son activité internationale, en se dotant, au sein de son bureau, d'une délégation à la coopération décentralisée. »

* 281 Bertrand Badie et Marie-Claude Smouts, Le retournement du monde, sociologie de la scène internationale, 3ème éd. revue et mise à jour, Presses de Sciences Po et Dalloz, Paris, octobre 1999, p. 34 dans Le Territoire en question : « La territorialisation du politique, propre au mode étatique, relève également d'un type culturel qu'on ne saurait universaliser : la référence à un territoire fini, doté de frontières légitimes et servant de fondement à l'exercice de l'autorité politique, correspond à une invention propre à l'histoire occidentale et qui apparaît à la fin du Moyen Age avec la construction de l'Etat. »

* 282 Colloque organisé sous le Haut patronage de Mr. Christian Poncelet président du Sénat, Mr. Jean-Pierre Raffarin Premier ministre, sur La coopération décentralisée : mode d'emploi, ce colloque a eu lieu à Paris au Palais du Luxembourg le mercredi 22 octobre 2003, les débats ont été animés par Pierre Henri Gergonne et Emmanuel Kessler journalistes à Public Sénat, se référer à la publication Les colloques du Sénat Les Actes à la page 13 dans l'Introduction : « La coopération décentralisée doit aujourd'hui trouver un second souffle. Projet vaste et ambitieux dont le Sénat se veut partie prenante, il suppose l'établissement d'un bilan pour apprécier le chemin parcouru depuis les premiers jumelages nés dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, puis après l'intervention de la loi du 6 janvier 1992, qui a consacré les pratiques très diverses, désormais rangée sous la bannière de la coopération décentralisée. Derrière ces termes, ce sont des milliers d'initiatives locales, imaginatives et fécondes, qui se déploient un peu partout dans le monde à l'initiative des collectivités territoriales françaises et avec le concours d'opérateurs multiples : ONG, associations, bailleurs internationaux, experts... Les résultats de ces actions de proximité complètent les politiques nationales en faveur de la coopération et en démultiplient les effets. »

* 283 Anthony Giddens, Les conséquences de la modernité, éd. L'harmattan Théorie sociale contemporaine, Paris 5ème, octobre 2006, p. 162 dans Le réalisme utopique où d'après l'auteur toutes théories critiques contemporaines, notamment les études post-coloniales qui régissent la coopération décentralisée, doivent avoir certaines caractéristiques : « Elle doit être sociologiquement sensible, attentive aux transformations institutionnelles immanentes que la modernité ouvre constamment vers le future. Elle doit être politiquement, géopolitiquement, tactique, dans le sens d'une reconnaissance que les engagements moraux et la bonne foi peuvent eux-mêmes être potentiellement dangereux dans un monde lourd de risques majeurs. Elle doit créer des modèles de la bonne société non limités à la sphère de l'Etat-nation, ni seulement à celle des dimensions institutionnelles de la modernité. »

* 284 Edward Saïd, L'Orientalisme. L'Orient crée par L'Occident, Paris, Seuil, 2005, 1er édition en 1980.

* 285 Les colloques du Sénat, op. Cit, p. 29 dans la partie sur Les grands dossiers de la coopération décentralisée : « La coopération décentralisée va jouer un rôle crucial au cours des prochaines décennies. Dans le contexte de restrictions budgétaire qui accompagnera le processus d'élargissement de l'Europe, elle permettra de prolonger la mission de solidarité des Etats. Aussi, il est essentiel de se pencher sur le mode d'emploi, l'ingénierie, de la coopération. »

* 286 Sous la direction de Marie-Claude Smouts, op. Cit, p. 423 dans Quelle science politique pour les études postcoloniales rédigées par Astrid Von Buzekist : « L'idée, en revanche, devient plus problématique, lorsque se pose la question de l'action politique. Car si, comme le disait Freund, l'essence du politique est par définition immuable, toute entreprise de subversion de l'ordre de domination est nécessairement vaine, sourde aux leçons de l'histoire. Or à l'évidence, les postcolonial studies ne peuvent prolonger jusqu'à ce point la logique de leur démonstration et, lorsqu'elles doivent se prononcer sur le sens de leur combat, elles se partagent entre les trois options de la déconstruction, de l'action révolutionnaire et de la procédure démocratique. »

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle