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Approche comparative de la conception des droits de l'homme dans la philosophe africaine et dans la philosophie politique contemporaine en occident

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par Julien Rajaoson
Sciences Po Grenoble - Master 2008
  

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I°) De l'indépendance des Etats post-coloniaux : quel impact sur la territorialité contemporaine

Il n'est point d'idéologies d'indépendances qui n'aient eu une forte influence sur les divers territoires post-coloniaux actuels, sans véritablement rompre avec les représentations et les réalités en vigueur dans les problématiques nées pendant la colonisation, et lors des différents processus d'indépendance ; autrement dit, le legs colonial est perpétué d'une certaine manière par ces même, Etats africains qui, il n'y a pas si longtemps, s'étaient élevés face à lui. S'interroger sur le type d'Etat qui doit prendre la place des structures politiques coloniales en pleine déconstruction, et se demander sur quelles bases politiques l'Etat post-colonial sera édifié, revient à questionner un fait social très courant dans les régimes politiques en Afrique sub-saharienne à savoir, le « parti unique ».

L'influence de la Révolution française sur les mouvements d'émancipation des peuples colonisés, s'est exprimé avec une très grande force ; du principe de souveraineté se déduit sans peine le droit du peuple à disposer de lui-même291(*), le principe selon lequel chaque peuple doit avoir son Etat propre a ainsi constitué le principal levier de la première décolonisation, qui se fonda avant tout sur l'idée d'un droit à la démocratie et sur celle d'un droit à l'autonomie.

A°) Le socialisme comme opportunité idéologique : le fait identitaire sous-jacent

Après 1945, toute la politique menée par l'ONU consista à ancrer un tel droit dans le principe de nationalité qui avait émergé, avec Herder et Maurras dans l'Europe du XIX°siècle. Cette première idéologie de la décolonisation, s'est vite trouvée relayer par une seconde strate idéologique issue de l'URSS ; précisons que l'angle anti-colonialiste soviétique, est assez paradoxal dans la mesure où elle se comportait en Russie et avec ses propres démocraties populaires comme une puissance coloniale.

1°) Le léninisme et les Etats post-coloniaux

Celle-ci avait une double origine doctrinale et politique292(*) : l'impérialisme, était considéré par Lénine comme le stade suprême du capitalisme293(*). Il soutenait que la guerre qui faisait rage en 1914 était celle du partage du monde, entre des puissances capitalistes cherchant des issues aux contradictions internes qui rongent leur système économique au plan national. Ceux-ci étant fondé sur la propriété privée des moyens de production, Lénine affirmait que dans les colonies, les indigènes payaient le lourd tribut du choix de vie de quelques uns ayant optés de vivre selon la logique du profit ou de la plus value du capital. Lénine expliquait que l'étape la plus récente du développement du capitalisme, celle du capitalisme monopolistique, et celle de l'essor du capitalisme financier, se traduisait à travers le besoin de trouver de nouvelles ressources naturelles et de forces de travail à exploiter par de nouveaux marchés, afin d'échapper aux crises dûes à la surproduction. Et la thèse de Lénine dans cet essai, c'est qu'à travers l'effondrement du capitalisme et la rupture universelle avec le principe de l'appropriation de la propriété privée des moyens de production, les anciennes nations colonisatrices vont essayer de sauver leur système économique en prolongeant encore l'existence du capitalisme.

En se déchirant mutuellement, en une guerre économique mondiale, ainsi qu'une lutte pour les colonies294(*), les pays capitalistes révélaient donc que cette lutte aboutira à un monde entièrement partagé entre les grandes puissances et que ce sera la dernière tentative de la bourgeoisie internationale pour échapper à son destin, à savoir l'effondrement du système qu'elle avait mis en place depuis plusieurs siècles en Europe.

C'est la raison pour laquelle Lénine termina cette analyse doctrinale en identifiant la critique de la politique coloniale à la lutte contre l'exploitation du travail par le capital. Cette composante anti-impérialiste politiquement, indépendamment de sa dimension doctrinale issue de la philosophie marxiste-léniniste, a précisé sa tonalité après l'échec rencontré en Europe par un certain nombre de mouvements révolutionnaires, notamment celui des spartakistes allemands en 1918. Dans ces conditions, il devenait urgent de considérer que le socialisme n'était pas le privilège de l'Occident industrialisé et qu'il pouvait tout aussi bien s'implanter là où, disait Lénine, en prenant l'exemple du Turkménistan où le prolétariat industriel n'existe pratiquement pas.

Politiquement cela ouvrait donc sur une stratégie, car l'idée de l'organisation soviétique est simple, elle peut sans difficulté s'implanter dans un cadre de rapport prolétarien que dans une situation plus féodale. Avec l'aide du prolétariat des pays avancés, les pays moyenâgeux pouvaient accéder au communisme, tout en évitant le stade capitaliste.

C'était une option nouvelle par rapport à l'orthodoxie marxiste, que Zinoviev avait exprimé en 1920, au nom de l'international communiste devant un bon nombre de pays colonisés. En 1945, cette idée a été réactualisée par Jdanov dans son rapport sur l'idéologie communiste du 22 septembre 1947, dans lequel il prend acte au nom de Staline de la fin de ce qu'avait été l'alliance des pays colonisés à l'Est comme à l'Ouest contre Hitler, qui selon lui rassemble l'URSS ainsi qu'un certain grand nombre de pays colonisés tels que l'Egypte, l'Indonésie et le Viêt-Nam. Ce qui divise une nouvelle fois le monde en deux à la faveur de laquelle de nombreux leaders provenant de peuples colonisés ont, par opportunisme, superposés la marche vers l'indépendance à celle de l'avancée vers le socialisme.

Dans cette optique, non seulement le capitalisme comme tout impérialisme, devenait l'ennemi de l'émancipation des peuples, mais ne pouvaient plus être tenu comme un modèle de développement socio-économique295(*). La place prise par le communisme dans les idéologies de la décolonisation a eu ceci de particulier, qu'elle a convertie d'une manière provisoire le sens nationaliste des mouvements d'indépendance en révolution socialiste, ne serait-ce que sur les choix en matière de politique économique de certains pays colonisés. Ensuite, précisons que le camp anti-impérialiste n'était pas homogène, car les intérêts de l'URSS et ceux des pays colonisés ne se superposent point, ce qui a produit l'émergence de ce que l'on nomme le Tiers-mondisme de par la Conférence de Bandung en 1955 qui imputait le sous-développement aux pays occidentaux. Cette conférence a eu pour effet de démontrer en quoi les mouvements d'indépendances étaient loin d'être assimilables à l'idéologie communiste. Bandung a ouvert l'espace d'une interrogation nouvelle sur ce qui, outre le développement économique, est de l'ordre de l'héritage de la phase coloniale296(*). Cette interrogation a consisté à infléchir le Tiers Monde dans le sens d'une mise en cause de l'assimilationnisme de la gestion coloniale française en particulier297(*), qui a conduit à placer au coeur des nouvelles nations africaines, l'appel à la reconnaissance des identités culturelles.

* 291 Charte des Nations Unies au second alinéa de l'article 1

* 292 Sous la direction de Marie-Claude Smouts, op. Cit, p. 184 dans La critique matérialiste néomarxiste : « Bien entendu, on sait de quel délitement des certitudes de la gauche traditionnelle la théorie postcoloniale est issue. Elle est fille des ébranlements idéologiques et politiques engendrés depuis vingt ans chez les intellectuels radicaux par le reflux de la croyance dans le progrès linéaire des sociétés, la prise de conscience des aspects répressifs de l'Etat-nation, l'effondrement du modèle socialiste de société, l'échec des promesses économiques et sociales de la décolonisation suivi par l'apparition de fractures et d'inégalités majeures entre les pays du Sud eux-mêmes, le déclin de la classe ouvrière et l'essor de la consommation, (...) la montée parallèle des particularismes et des revendications identitaires. »

* 293 François Châtelet, Olivier Duhamel, Evelyne Pisier, Histoires Idées Politiques, éd. Puf, Vendôme, octobre 1989, p. 163 dans L'étape impérialiste : Lénine. « Au fil de ses réfutations des thèses révisionnistes, Lénine est amené à mettre au point une analyse nouvelle du capitalisme, ou, si l'on préfère, un prolongement de l'analyse marxiste du capitalisme par la théorie de l'impérialisme. Le régime capitaliste est entré dans une nouvelle étape, la dernière avant son effondrement, l'étape impérialiste.

* 294 François Châtelet, Olivier Duhamel, Evelyne Pisier, ib idem, « La lutte pour le partage du monde, lutte entre les groupes capitalistes pour la conquête de nouveaux secteurs, lutte entre Etats capitalistes pour l'occupation coloniale. »

* 295 François Châtelet, Olivier Duhamel, Evelyne Pisier, ib idem. « Les conséquences que Lénine attribue à cette transformation du capitalisme ne sont pas exactement celles envisagées par Rudolf Hilfering ou Raso Luxembourg, desquels il s'est inspiré pour concevoir la théorie de l'impérialisme. Lénine récuse la vision apocalyptique de la révolutionnaire allemande. Les contradictions du système mondial ne déboucheront pas sur une auto-destruction du régime aussi longtemps que la lutte des classes ne mettra pas un terme à l'existence du capitalisme. Celui-ci manifeste des capacités d'adaptation : la constitution d'une oligarchie financière, née de l'impérialisme, permet l'amélioration économique du sort de la classe ouvrière, l'atténuation de la lutte des classes et la récupération d'une partie du mouvement ouvrier, la corruption d'une aristocratie ouvrière. »

* 296 Sous la direction de Marie-Claude Smouts, op. Cit, p. 17 : « Pour moi, le postcolonial commence en 1955, à Bandung, avec la Conférence des pays non-engagés se voulant neutres par rapport aux deux blocs. Il y a là un événement qui est une affirmation politique, mais d'abord culturelle et historique. On se réapproprie son histoire. »

* 297 Véronique Dimier, Le discours idéologique de la méthode coloniale chez les français et les britanniques, de l'entre-deux guerres à la décolonisation (1920-1960), co-édité par le Centre d'Etude d'Afrique Noire de l'Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux et les éditions Karthala, 22-24 bld Arago, Paris, 1998, p. 39 : « Les nombreuses tentatives françaises pour prouver au monde que la France savait également mener une politique indigène et un gouvernement indirect digne de ce nom devaient donc s'avérer vaines au bout du compte. A long terme, c'est bien d'ailleurs la version anglaise qui finira par s'imposer dans les analyses historiques ou anthropologique portant sur la période coloniale. Il est vrai que cette version anglaise est portée par des universitaires bénéficiant de toute l'aura intellectuelle et scientifique d'institutions aussi prestigieuses qu'Oxford ou la LSE (...) ».

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon