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Effet du changement climatique sur la santé (humaine) en Tunisie: vagues de chaleur et mortalié

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par KORTLI Mohamed
Université de Carthage Institut National Agronomique de Tunisie (INAT) - Diplôme national d'ingénieur 2009
  

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II.3.4.2. Impact de l'élévation de la température :

Plusieurs études ont été réalisées sur de longues périodes pour documenter la relation entre mortalité et température. L'élévation de la température est associée de manière significative à l'augmentation des décès. Les méthodes de quantification de cette surmortalité sont diverses. L'étude de la relation mortalité-température réalisée dans 11 grandes villes de l'Est des Etats- Unis de 1973 à 1994, a mis en évidence, en été, une augmentation de 40 % de la mortalité [39]. Lors d'une étude réalisée sur la mortalité journalière dans sept grandes villes des Etats-Unis entre 1988 et 1993 [48], la surmortalité globale associée à une température apparente de 29°C était de 5,0 % (3,1- 7,0). Une augmentation de 10,1 % (6,2-14,2) des décès survenus en dehors de l'hôpital a été observée alors que la mortalité hospitalière augmentait de façon non significative de 1,3 %.

II.3.5. Co-morbidité :

La chaleur peut, dans certains cas, aggraver une maladie déjà installée. Le système cardiovasculaire semble être le plus touché ; viennent ensuite les voies respiratoires et urinaires. La vague de chaleur survenue dans le Nord-Est des Etats-Unis entre le 12 et le 20 juillet 1995 a entraîné à Chicago une augmentation de 11 % des hospitalisations. Déshydratation (25 %), coup de chaleur (22 %) et épuisement (15 %) étaient les principales causes d'hospitalisation ; l'analyse a mis en évidence une augmentation des admissions chez les personnes atteintes d'affections chroniques : maladies cardiovasculaires (23 %), diabète (30 %), pathologies rénales (52 %), troubles du système nerveux central (20 %), emphysème et épilepsie [44].

III. Evaluation de l'exposition à la chaleur et effets sanitaires :

Pour étudier les effets des événements météorologiques et de la variabilité du climat sur la santé humaine, il faut préciser « l'exposition » météorologique. L'étude de cette exposition permet de dégager les effets sanitaires qu'elle peut provoquer.

III.1. Evaluation de l'exposition à la chaleur :

Pour appréhender l'impact de la chaleur sur le corps humain, les mesures météorologiques telles que la température moyenne, minimale ou maximale, peuvent être utilisées directement comme indicateur de l'exposition. Cependant, d'autres paramètres météorologiques comme la vitesse du vent ou le niveau de rayonnement ou non météorologiques tels que le niveau d'activité physique, l'habillement ou l'adaptation physiologique doivent être pris en compte pour mieux appréhender cet impact [45]. Des indices biométéorologiques, construits en combinant d'autres paramètres à la température, ou des indices d'exposition fondés sur les masses d'air ont donc également été utilisés comme indicateurs de l'exposition à la chaleur.

III.1.1. Les mesures météorologiques :

La température extérieure a été utilisée comme indicateur de l'exposition à la chaleur dans les études épidémiologiques alors que dans les pays industrialisés, les personnes passent une grande partie de leur journée en intérieur sur les lieux de travail ou à domicile (retraités). La température enregistrée sur une zone géographique spécifique n'est pas représentative de la température à laquelle sont réellement exposées les personnes présentes dans cette zone. Cependant, la mesure de la température ambiante est le meilleur déterminant de la variation de l'exposition des populations au cours du temps [38].

Si les températures maximales et minimales sont des indicateurs intéressants pour caractériser la vague de chaleur d'août 2003, la température moyenne sur 24 h est un bon indicateur d'exposition à la chaleur car elle prend en compte la température minimale indicatrice de repos nocturne [46]. Cette température moyenne deviendrait critique lorsqu'elle s'élève de plus de 7°C au-dessus de la normale [24,46].

L'impact de la chaleur sur la santé est lié aussi au niveau d'humidité de l'air, des taux d'humidité élevés pouvant influer sur la sensation de fortes températures et accentuer la gêne ressentie. Par exemple, pour une température enregistrée de 29°C, la température ressentie sera de 26°C pour une hygrométrie nulle et de 40°C pour un taux d'humidité dans l'air de 98 % [24].

III.1.2. Les indices biométéorologiques ou « indices de confort » :

La température et l'humidité ne sont pas toujours des indicateurs représentatifs des efforts imposés à l'organisme et des risques d'accidents pathologiques en résultant. D'autres éléments climatologiques sont à prendre en compte, ce qui se traduit par la création d'indices biométéorologiques (encore appelés « indices de confort ») pour évaluer les risques sanitaires inhérents aux vagues de chaleur. Parmi ces indices, on a considéré l'humidex et la température apparente (AT), qui prennent en compte la température du point de rosée et l'indice d'inconfort (DI), qui prend en compte le taux d'humidité [46,47,48].

Aux Etats-Unis, les indices de chaleur (Hi) (version modifiée de la température apparente) diurnes et nocturnes sont utilisés, ce qui permet de prendre en compte la température minimale en plus de l'humidité [45,47]. Le détail des formules de calcul des différents indices biométéorologiques figure en annexe.

Le niveau des indices biométéorologiques est potentiellement associé aux effets sanitaires suivants (tableau 2).

Tableau 2: Effets sanitaires potentiels en fonction des indices de chaleur Hi et Humidex [49].

Indice,
en °C

Effets sanitaires potentiels

 

Hi

26,7-32,0

Fatigue possible après une exposition prolongée et la pratique d'une activité physique

32,1 -40,6

Insolation, crampes et épuisement possibles

40,7-54,4

Insolation, crampes et épuisement probables et coup de chaleur possible

>54,4

Coup de chaleur probable suite à une exposition continue

 

Humidex

<30

Léger inconfort. Fatigue possible après exposition prolongée et/ou activité physique

30-39

Inconfort. Insolation, crampes, épuisement et coup de chaleur possibles après exposition prolongée et/ou activité physique

40-54

Inconfort majeur. Insolation, crampes et épuisement probables et coup de chaleur possible après exposition continue et/ou activité physique

>54

Extrême danger, coup de chaleur imminent si exposition maintenue

III.1.3. Les indicateurs fondés sur les masses d'air :

Des techniques de classement des conditions météorologiques en catégories ou masses d'air ont été développées depuis 1995 [48, 50]. La méthode CSS consiste à classer, chaque jour, les masses d'air dans un des six types définis (polaire sec, modéré sec, tropical sec, polaire humide, modéré humide et tropical humide). Les types de masse d'air sont définis par des combinaisons de six variables (température de l'air, du point de rosée, couverture nuageuse totale, pression au niveau de la mer, vitesse et direction des vents). Les masses d'air peuvent être prévues 48 h à l'avance [34].

III.2. Effets sanitaires :

L'exposition d'un individu à une température environnementale élevée est susceptible d'entraîner des réactions bénignes ou graves, dues à des réponses inadéquates ou insuffisantes des mécanismes de thermorégulation. Les réponses physiologiques au stress thermique comprennent la transpiration et la vasodilatation périphérique. L'exposition continue à une chaleur élevée mène généralement à l'acclimatation, caractérisée par l'accroissement de la tolérance thermique du corps, qui s'établit habituellement en quelques jours.

III.2.1. Définitions :

III.2.1.1. Coup de chaleur : aspects cliniques, biologiques et pronostiques :

Cliniquement on distingue le coup de chaleur (heatstroke), dû à une défaillance ou une

inadaptation des mécanismes de déperdition de chaleur et l'épuisement par la chaleur (heat

exhaustion), conséquence d'une perte liquidienne excessive, conduisant au choc hypovolémique :

a) Le coup de chaleur est caractérisé par un début rapide, parfois précédé de céphalées, vertiges et asthénie. La sudation est généralement diminuée, la peau est chaude et sèche ; la température corporelle s'élève rapidement à 40 - 41°C ; un épisode de désorientation peut précéder le coma et les convulsions. Les autres signes comprennent tachycardie, hyperventilation, vomissements et hypotension artérielle. Le coup de chaleur constitue une urgence médicale majeure, rapidement mortelle en l'absence de traitement. Des lésions cérébrales définitives ou une insuffisance rénale peuvent survenir au décours de la phase aiguë. Biologiquement on retrouve une élévation des enzymes hépatiques, rénales et musculaires.

b) L'épuisement par la chaleur se manifeste par des céphalées, des nausées, des vomissements, une sensation de malaise, une faiblesse musculaire et des vertiges, accompagnés d'une hypotension. La peau est froide et moite, la température corporelle est inférieure à 40°C. L'évolution se fait vers un collapsus. L'équilibre hydro-électrolytique est perturbé : déshydratation, hyponatrémie, hypokaliémie. L'épuisement par la chaleur est généralement transitoire et répond bien à une réhydratation par voie orale ou par voie intraveineuse ; le pronostic est favorable si la défaillance circulatoire n'est pas prolongée.

III.2.1.2. Décès par coup de chaleur, décès lié à la chaleur : définitions épidémiologiques :

Si la définition clinique d'un « décès par coup de chaleur » est assez consensuelle, ce n'est pas le cas pour la définition épidémiologique d'un « décès lié à la chaleur ».

a) Décès par coup de chaleur :

Aux Etats-Unis, la National Association of Medical Examiners a proposé de noter «coup de chaleur » (heat stroke) ou « hyperthermie » (hyperthermia) comme cause de décès d'un sujet [51]:

- lorsque la température corporelle au moment du décès est au moins égale à 40,6°C ;

- ou, si la température corporelle au moment du décès est inférieure à 40,6°C, lorsque des

tentatives ont été entreprises pour faire baisser la température ou lorsque le sujet avait

présenté une altération de l'état mental et un taux sérique élevé d'enzymes hépatiques et

musculaires.

Cette définition clinique du décès par coup de chaleur est assez consensuelle aux Etats-Unis. Elle a été utilisée dans les investigations épidémiologiques de plusieurs vagues de chaleur [26,51]. Cependant elle apparaît très spécifique - elle ne prend pas en compte tous les décès liés à la chaleur - et sous-estime donc le nombre de décès liés à la chaleur [38,51]. Par ailleurs, elle est assez peu opérationnelle en épidémiologie.

b) Décès lié à la chaleur :

Si la température du corps au moment du décès n'est pas disponible, un diagnostic de « décès lié à la chaleur » (heat related death) peut être établi si la température ambiante est élevée au moment du décès et doit être noté comme cause principale ou associée du décès [51]. Néanmoins, Basu et al. (2002) soulignent que, le plus souvent, la chaleur n'apparaît pas comme une cause

(principale ou associée) du décès et que seule la pathologie sous-jacente est notée comme cause du décès, entraînant là encore une sous-estimation du nombre de décès liés à la chaleur dans les statistiques de décès [38].

De façon plus large, la National Association of Medical Examiners définit un « décès lié à la chaleur », un décès survenant quand l'exposition à des températures élevées a causé le décès ou a fortement contribué à ce décès [51]. Cette définition très large peut être sujette à des biais de classification et être à l'origine d'une surestimation des décès liés à la chaleur au moment d'une vague de chaleur [38].

Les décès liés directement à la chaleur (coup de chaleur avec atteinte du système nerveux central ou hyperthermie sans atteinte neurologique, code T67.0 de la 10ème révision de la classification internationale des maladies) ou indirectement liés à la chaleur sont sous-représentés dans les statistiques, en général.

Au moment d'une vague de chaleur au contraire, ils peuvent être surreprésentés. La mortalité totale est donc l'indicateur sanitaire le plus souvent utilisé pour évaluer l'impact d'une vague de chaleur [38].

IV. Etude des facteurs pouvant moduler l'impact de la chaleur : IV.!. Facteurs individuels :

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle