2-1 LES ORIGINES DE LA CRISE DE
LA DETTE DES PED
Tous les pays pauvres n'ont pas connu le problème de la
dette au même moment ; cependant, à la crise de la dette du
Mexique de 1982, pratiquement l'ensemble de pays en développement ont
connu d'énormes difficultés à honorer leurs services de la
dette. Par ailleurs, la dette des PED n'est pas apparue seulement dans les
années 70, la république démocratique du Congo est
née déjà endettée lors de son accession à
l'indépendance héritant des dettes de l'ancienne colonie belge
envers la métropole (RAFFINOT M (1991)). Pour remonter à
l'origine de la crise de la dette, il est important de rappeler que les pays du
sud (pauvres essentiellement) manquent des capitaux et sont obligés d'en
importer. Ce qui s'explique par le fait que leur épargne
intérieur était généralement insuffisant pour
couvrir leurs besoins d'investissement.
Vers les années 60, la plupart de pays pauvres
obtenaient des prêts essentiellement à des taux
d'intérêts concessionnels ou des dons. Et le début des
années 70 va être caractérisé par la fin du
système d'étalon or et l'émergence des taux de change
flottants. Ainsi, ce changement occasionne une baisse du dollar, et donc des
revenus d'exportations des pays pauvres qui sont exportateurs nets et exclusifs
des matières premières et produits bruts dont les prix
étaient libellés en dollar. En 1973, suite à la guerre de
Kippour, les pays de l'OPEP ont multiplié le prix de la baril par quatre
et les recettes pétrolières vont passer de 33 milliards à
108 milliards de dollar américain en un an (CONTE B (2003)). Cette
conjoncture fut très favorable car les exportations des matières
premières ont augmenté, et à la même époque,
les banques privées avaient accumulé des pétrodollars,
donc des capitaux. Ces recyclages des surplus dégagés par les
pays pétroliers se font traduire par une expansion sans
précédent des crédits internationaux principalement vers
les pays du sud à des taux très bas voire négatif.
Lors du second choc pétrolier de 1979,
coïncidant avec la politique monétaire restrictive des États
unis (augmentation leur taux d'intérêt de 4-6 à
20%(CHAVAGNEUX (2001)), les pays du sud vont se retrouver dans une situation
telle que les banques privées ont commencé à
réduire les crédits internationaux entraînant la baisse des
cours internationaux des matières premières.
La modification de la conjoncture qui va avoir des
conséquences importantes sur la situation des pays endettés fut
visible non seulement au niveau des taux d'intérêts mais aussi des
taux de croissance et de change, c'est à dire que la remontée des
dollars entre 1979 et début 1985. Celle-ci a eu un effet double à
savoir la hausse des dettes libellées en dollar mais également
profit de compétitivité pour les économies exportatrices
sur le marché américain.
Par ailleurs, durant la période
précédent la crise, la consommation des importations des produits
intermédiaires et des biens d'équipement augmentaient
considérablement. Pourtant, les importations étaient très
chères en devises, ce qui pouvait ainsi augmenter la dette. Les pays en
développement remboursaient leur ancien emprunt de nouveaux prêts
octroyés ; or avec ce revirement de la conjoncture, c'est à dire
la politique monétaire restrictive américaine, les banques
n'octroyaient plus des crédits. Cela a fait que ces pays se soient
retrouvés dans des situations financières très
préoccupantes ; d'où, la crise de la dette éclate en 1982
lorsque le Mexique se déclare insolvable avec une dette dépassant
les 100 milliards de dollar (RAFFINOT M (1993)). Quelques temps après,
c'est plusieurs dizaines de pays notamment de grands débiteurs
(Argentine, Brésil, Algérie...) qui à leur tour, ont
annoncé leur incapacité à assurer le service de leur
dette. Les déséquilibres apparus dans de nombreux pays en
développement à la fin des années 70 ont le plus souvent
des causes structurelles anciennes. Le poids de la dette extérieure a
aggravé considérablement les déséquilibres de la
balance des paiements et le déséquilibre budgétaire.
Le caractère insupportable de ces
déséquilibres a conduit à la nécessité de
mettre en oeuvre les politiques d'ajustement sous l'égide des
institutions financières internationales notamment le Fonds
monétaire international et la banque mondiale. Les mesures
préconisées par ces politiques visaient essentiellement à
éviter la catastrophe financière.
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