1.2- Les principaux ennemis
du cotonnier
Le cotonnier est l'une des plantes les plus parasitées
au monde. Outre les adventices, on dénombre en Afrique tropicale environ
480 espèces d'insectes, acariens, myriapodes et nématodes qui
vivent aux dépens du cotonnier
1.2.1 - Les adventices
Une adventice est une plante indésirable qui entre en
concurrence avec les plantes cultivées pour les éléments
nutritifs, la lumière, l'eau et l'espace (Deuse et Lavrabre, 1979). Dans
les pays en développement et particulièrement en Afrique, les
pertes de rendement imputables aux adventices sont plus importantes.
Selon Parry (1982), en culture cotonnière, de
nombreuses expériences réalisées dans les conditions
différentes permettent d'estimer des pertes de récolte
jusqu'à 80% lorsque le désherbage est fait dans de très
mauvaises conditions. Tonato (1988) a montré qu'un enherbement pendant
les vingt premiers jours qui suivent le semis entraîne une baisse de
rendement de coton graine jusqu'à 18% et qu'une compétition entre
cotonniers et adventices pendant cinquante jours après semis ou durant
tout leur cycle entraînent respectivement une réduction du
rendement de 13 et de 50%. De ce fait les adventices revêtent une grande
importance. Celles rencontrées sur le site d'expérimentation
selon leur importance sont : Leucas martinensis, Setararia pumila,
Rottboelia exaltata, Commelina benghalensis, Boerhavia diffusa, Celosia
argenta, Ipomea eriocarpa, Digitaria horizontalis, Brachiaria lata.
1.2.2 Les insectes ravageurs
des organes aériens du plant
Chenilles phyllophages
Syllepte derogata (Lepidoptera
Pyralidae)
Les chenilles sont vertes claires, souvent translucides avec
une tête noire brillante. Leur longueur atteint 2 à 3
cm. S. derogata est encore appelé chenille
enrouleuse. Elle s'attaque aux feuilles qu'elle enroule sous forme de cigare,
à l'aide de fils soyeux. L'intérieur de la feuille
enroulée est souillé par de nombreux excréments noirs. Les
attaques de S. derogata sont souvent
localisées dans le champ et peuvent entraîner une
défoliation spectaculaire. Les organophosphorés acaricides sont
les plus fréquemment utilisés. Mais toutes les substances
alternatives recommandées contre Helicoverpa armigera
éliminent aussi cette espèce. Un labour de qualité
détruit les chenilles en diapause.
Spodoptera littoralis
Boisduval (Lepidoptera Noctuidae)
Les chenilles de cette espèce ont une coloration
très variable (brune, jaunâtre ou grise). Elles sont
caractérisées par deux rangées de triangles noirs sur le
dos et une ligne claire de chaque côté. Mais ces triangles peuvent
être présents seulement à l'avant ou à
l'arrière du corps. Les jeunes chenilles naissent à la face
inférieure des feuilles de cotonniers qu'elles rongent. Plus
âgées, elles se dispersent sur les plants dont elles consomment le
feuillage. En cas de fortes attaques, seules les nervures peuvent subsister.
Très vorace, ce ravageur peut aussi attaquer fleurs et capsules. Son
statut de ravageur de feuillage n'est donc pas strict et en cas de fortes
infestations S. littoralis, peut provoquer d'importants
dégâts aux organes fructifères. Les
pyréthrinoïdes sont considérés comme peu efficaces
aux doses usuellement employées ; seuls les organophosphorés
et surtout les régulateurs de croissance sont efficaces contre ce
ravageur.
Anomis flava (Lepidotera -
Noctuidae)
La chenille est vert clair, parfois même vert
jaunâtre. Elle porte cinq lignes blanches très fines sur le dos.
La tête est vert-jaune. Sa taille maximale environ 35 mm. Elle se
déplace d'une manière très caractéristique. Elle ne
s'alimente que du feuillage et son alimentation est essentiellement
limitée aux malvacées. La chrysalide est fixée au
feuillage dans un cocon. Les dégâts des chenilles se
présentent comme des perforations circulaires de 1 à 3 cm de
diamètre dans les feuilles.
Ravageurs des organes fructifères
Ce sont les chenilles carpophages à régime
exocarpique, ou endocarpique et les punaises.
1- Chenilles carpophages à régime
exocarpique
Helicoverpa armigera Hübner
(Lepidoptera, Noctuidae)
H. armigera est le plus
préjudiciable des ravageurs du cotonnier au Bénin.
L'espèce existe dans toutes les zones de culture cotonnière
à l'exception de l'Amérique. La chenille, très mobile,
mesure au dernier stade 3,5 - 4 cm. Elle présente des couleurs
très variables : vert, gris, marron, et est caractérisée
par une tête jaune et deux lignes latérales claires. Les chenilles
néonates consomment brièvement du feuillage juste après
leur éclosion. Elles se développent ensuite en consommant tous
les autres types d'organes de reproduction : boutons floraux, fleurs et
capsules. La larve est donc très vorace et une chenille consomme
plusieurs de ces organes pour compléter son cycle. Les organes
attaqués présentent un trou au contour circulaire très net
de 4 mm de diamètre. Les chenilles en consomment l'intérieur et
rejettent d'abondants excréments à l'extérieur. Les jeunes
organes tombent. Ces dégâts peuvent être très
importants et dans certains cas, la chenille peut attaquer les jeunes feuilles
et rameaux. Helicoverpa parasite aussi le maïs, le sorgho, la
tomate, le gombo et le tabac...Peu d'insecticides sont vraiment efficaces
contre ce ravageur qui est devenu résistant au
pyréthrinoïdes au Bénin depuis 1998. Le Tiham et d'autres
molécules comme l'indoxacarbe, le profénofos, le spinoscide ou
certains régulateurs de croissance sont cependant actifs.
Photo 1.4 : Chenille de H. armigera
Dégâts de Helicoverpa armigera
Earias sp. (Lepidoptera -
Noctuidae)
La chenille de forme trapue est facile à
reconnaître, car elle porte de nombreuses épines : c'est la
chenille épineuse. Elle attaque les jeunes plants en les écimant.
La chrysalide est formée dans un cocon de couleur crème-ivoire
fixé sur les tiges. Ces espèces consomment diverses plantes
proches des cotonniers. Les trous d'entrée sont assez grands et bien
visibles. Elle cause également des dégâts sur boutons
floraux, fleurs et capsules. Deux espèces se rencontrent au Bénin
: E. insulana surtout dans le nord et E. biplaga dans le
reste du pays.
Photo 1.5: Earias sp
Dégâts de Earias sp
Diparopsis watersi Roth (Lepidoptera
Gelechiidae)
La chenille jaunâtre, devient ensuite vert pâle
avec des traits transversaux rouges plus rapprochés vers la tête.
Elle atteint à son complet développement 2,5 à 3 cm. Elle
attaque en perforant boutons floraux, fleurs et capsules, qui restent parfois
suspendus au plant par des fils de soie. Ce dégât typique est
caractéristique de la présence de D.watersi dans la
culture. Devenue rare au Bénin dans les années 80, cette
espèce devient de plus en plus fréquente.
2- Chenilles carpophages à régime
endocarpique
Cryptophlebia leucotreta Meyrick
(LepidopteraTortricidae)
La chenille gris pâle, mesure 1,5 cm à son
complet développement. On peut la confondre avec le ver rose, seul
l'emploi d'une loupe permet de distinguer les deux espèces. Comme le ver
rose, elle pénètre dans l'organe fructifère dès son
éclosion et peut détruire plusieurs loges de la capsule
attaquée. Le coton graine est fortement déprécié
(quartiers d'oranges) et devient souvent non marchand.
Cryptophlebia est très polyphage. Il attaque le
maïs, les agrumes, le goyavier, l'avocatier, le gombo, ... La lutte
chimique repose à nouveau essentiellement sur l'emploi des
pyréthrinoïdes pour leur bonne action de contact contre les
adultes. L'association maïs - coton favorise le passage d'un hôte
à l'autre et nuit à la culture cotonnière.
Photo 1.6: Dégâts de
Cryptophlebia
Pectinophora gossypiella
(Lepidoptera Gelechiidae)
Connue sous le nom de `ver rose', la chenille présente
des segments marqués de bandes et traits transversaux rose sombre
d'où son nom. Elle mesure 1 à 1,5 cm à son complet
développement. P. gossypiella est confondue
avec Cryptophlebia. Elle attaque les fleurs et provoque un
symptôme spécifique : `fleur en rosette'. Comme
Cryptophlebia, elle pénètre directement dans la capsule
et se nourrit préférentiellement des graines. Les
dégâts sont suivis de pourritures secondaires. Le coton graine est
souillé, fortement déprécié et devient difficile
à vendre. Pectinophora ne vit que sur des plantes de la
même famille que le cotonnier. La lutte chimique vise essentiellement les
adultes, seul stade mobile extérieur.
Photo 1.7: Dégâts dus à
Pectinophora (Platyedra) gossypiella
3- Punaises
Helopeltis schoutedeni Reuter
(Heteroptera - Miridae)
C'est une punaise de forme allongée, de coloration
jaune orange ou rouge vif. Elle attaque les feuilles, rameaux, tiges et
capsules, avec production de chancres bruns ou noirs. En cas d'attaques
sévères, les feuilles sont gaufrées, craquelées
avec un aspect de `griffes'. La croissance de la plante est ralentie. Sur
capsules, le dégât se présente comme une pustule arrondie
et sombre. Sur les tiges, les chancres sont allongés et l'écorce
se craquelle. Les plants affaiblis produisent moins de fleurs et retiennent
moins bien les organes fructifères qui tombent, et forment de petites
capsules.
Dysdercus völkeris Schmidt
(Heteroptera - Pyrrochoridae)
Grosse punaise de 1 à 1,5 cm, rouge et noir qui vit en
colonie et dont les larves sont rouge vif. Elle pique les capsules vertes ou
celles ouvertes pour se nourrir de graines. Elle déprécie la
valeur germinative des semences et la fibre qu'elle colore. Des excroissances
typiques des piqûres de punaises apparaissent dans les capsules. Les
Dysdercus se développent essentiellement sur les plantes de la
famille du cotonnier et sur celles de la famille du kapokier et du baobab dont
la présence favorise leur pullulation. Cependant, ils peuvent aussi
effectuer leur cycle sur le sorgho et le maïs.
Coleopteres et Altises
Nisotra sp et Podagrica
sp
Ces petits insectes très mobiles ont plusieurs
couleurs. Ils font de nombreux trous dans les feuilles des jeunes cotonniers
sans glandes à gossypol (glandless). Les
dégâts sont surtout dangereux sur jeune plantule.
Aphis gossypii Glover (Homoptera
Aphididae)
Ils vivent essentiellement sur la face inférieure des
feuilles mais peuvent aussi coloniser d'autres parties vertes de la plante.
Ils se reproduisent très vite et sont favorisés par un temps
chaud et sec. Ils sont souvent en colonies où les individus peuvent
être jaune, vert jaune ou vert noir avec ou sans ailes. Ils s'alimentent
en suçant la sève des plants dans lesquels ils injectent leur
salive. Ceci provoque une crispation des feuilles qui se gaufrent, le bord se
recourbant vers le bas. On les rencontre sur cotonnier en début de cycle
sur jeunes plantules où ils appètent bien les jeunes feuilles du
bourgeon terminal (Discon 1986 et Ekulolé 1989), puis en fin de cycle
sur cotonniers âgés à l'ouverture des capsules. Sur jeunes
plantules les dégâts faits au feuillage retardent et limitent le
développement des plants. Les déchets qui sont des substances
sucrées (miellat) tombent sur les feuilles et la fibre. La fibre ainsi
souillée `coton collant', brille et peut, à cause de la
présence de champignon devenir noir : c'est la fumagine.
Photo 1.8 : Cycle de reproduction
hétéroécique (dessin C. Villemant)
et colonie de A. gossypii
Photo 1.9 : Dégâts de
Aphis gossypii (coton collant/
souillé)
Bemisia tabaci (Homoptera
Aleyrodidae)
Les adultes sont de touts petits insectes avec deux paires
d'ailes blanches. Ils sont très mobiles et volent autour des plants
lorsqu'ils sont dérangés. Les larves ont une forme ovoïde,
aplatie et sont vertes lorsqu'elles sont jeunes. Les plus âgées
sont jaunâtres. Elles sont fixées à la face
inférieure des feuilles. De fortes populations provoquent un
jaunissement des feuilles et perturbent le développement des plants.
Comme les pucerons, ils produisent aussi du miellat qui souille le coton des
capsules ouvertes. Ce ravageur est aussi très polyphage, on le trouve
donc sur de nombreuses autres plantes cultivées en particulier des
cultures maraîchères comme la tomate.
Photo 1.10 : Mouches blanches
(coton souillé par B. tabaci)
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