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Les populations précaires: questions sociales et de santé

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par Pascal TSHIMANGA MUKOKA
Université de Besançon - Licence Education et Promotion de la Santé et Social 2007
  

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2.2.2. Lectures exploratoires sur la situation des populations précaires en RD Congo

L'objet de notre étude - santé et recours aux soins des populations en situation de précarité- s'insère dans un schème herméneutique, tentant de voir si le faible recours aux soins par les populations précaires est réductible aux contraintes budgétaires ou que des éléments autres que financiers entrent en ligne de compte.

Le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) auquel nous avons fait allusion dans les lignes susmentionnées rend approximativement compte de ces contraintes budgétaires que seul la théorie microéconomique permet à élucider, particulièrement dans l'approche de la droite de budget, qui, substantiellement, représente la combinaison des biens et services qu'une personne peut se procurer, étant donné son revenu. Les données auxquelles nous faisons allusions pour décrire la précarité, d'abord monétaire en République Démocratique du Congo, sont une simple approximation des indices de pauvreté faite par le Programme de Nations Unis pour le Développement (PNUD) et le ministère du plan et de la Reconstruction. Ces chiffres, comme ceux du revenu estimé à moins de 20 cents par personne et par jour peuvent même être revus à la baisse. Ceci montre que le pays souffre de l'absence des statistiques fiables, plus actuelles et à couverture nationale. Il en va ainsi des données sur les conditions de vie des populations. Bien sûr, quelques enquêtes ont été menées, du milieu des années 80, notamment sur le budget consommation des ménages ; mais elles n'ont été réalisées que sur quatre provinces4(*) du pays.

2.2.2.1. Situation de pauvreté en RD Congo

Les quelques données statistiques disponibles traduisent une situation de paupérisation généralisée. Le PIB/H (le produit intérieur brut par habitant) est estimée à près de 74 USD, en 2001.5(*) Le niveau du revenu par habitant et par jour est passé de 1.31 USD en 1973 à 0.91 USD en 1974, et à 0.30 USD en 1998. La misère est donc entière. Le pays est plongé dans une pauvreté absolue qui, certes, tend à se généraliser. Les dernières estimations du revenu moyen des congolais par le Système des Nations Unis place la population du Congo en dessous du seul de pauvreté absolue, son revenu ayant continuellement baissé de 3.08% en moyenne annuelle jusqu'en 19986(*).

La structure de consommation des ménages indique, selon une enquête urbaine de l'INS en 1985 que la pauvreté frappe indistinctement et à des degrés divers, toutes les classes sociales. Près de 74% de ménages des cadres et plus de 80% de ménages des employés sont pauvres. Toutes les deux catégories sociales frisent, sans aucune ombre de doute, l'indigence. Ces proportions, très élevées, caractérisent bien la pauvreté en RD Congo, qui en fait est un véritable phénomène de masse. Elle frappe tout le territoire national, aussi bien le milieu urbain que le milieu rural7(*). En février 2006, quand le Ministère du Plan et de la Reconstruction nationale publie le Document Final de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP), l'incidence de la pauvreté est de 71,34%8(*). Cette incidence est très élevée comparativement aux autres pays de l'Afrique Centrale. Il en est de même de la profondeur (32.23%) et de la sévérité de la pauvreté (18.02%).9(*)

Selon le milieu de résidence, il est quelque disparité de la pauvreté à faire remarquer. L'incidence de la pauvreté est plus élevée en milieu rural (75.72%) qu'en milieu urbain (61.49%). Le même constat est fait au niveau de l'ampleur et de la sévérité de la pauvreté. Ces disparités entre le milieu urbain et le milieu rural s'observent également entre les différentes provinces du pays. Trois provinces, selon le tableau ci-après, comptent près de 85% de pauvres et plus ; il s'agit de l'Equateur, de Bandundu et du Sud Kivu. La ville province de Kinshasa est la moins pauvre (42% de pauvres) suivie du Kasaï Occidental et du Maniema dans lesquelles on dénombre moins de 60% des pauvres.

Tableau n° 1 : Indice et caractéristiques de la pauvreté spatiale

Caractéristiques

Population (en % )

Po (en %)

P1 (en %)

P2 (en %)

National

100

71,34

32,23

18,02

Milieu de résidence

 
 
 

 

Urbain

30,76

61,49

26,21

14,1

Rural

69,24

75,72

34,9

19,76

Provinces

 
 
 

 

Kinshasa

10,67

41,6

13,43

5,89

Bas Congo

5,9

69,81

23,82

10,56

Bandundu

11,5

89,08

44,8

26,62

Equateur

10,43

93,56

50,75

31,38

Province Orientale

12,07

75,53

33,23

18,99

Nord Kivu

7,98

72,88

32,23

18,37

Maniema

2,85

58,52

20,98

9,83

Sud Kivu

7

84,65

38,59

20,92

Katanga

15,58

69,12

32,54

18,84

Kasaï Oriental

8,49

62,31

26,94

14,84

Kasaï Occidental

7,58

55,83

21,51

10,73

 
 
 
 
 

Sources : Enquête 1-2-3. 2004 - 2005 (Analyse conjointe Banque Mondiale

- Afristat -U PPE)

Ces disparités ont été également observées au niveau au sein des groupes socioprofessionnels. En effet, les travailleurs indépendants et les apprentis sont les plus pauvres (75.5% et 80% respectivement). Les manoeuvres (68%), les employés et ouvriers semi qualifiés (71.5%) suivent juste après. On compte plus de 48% de pauvres parmi les cadres de direction et de collaboration10(*).

Les disparités au niveau spatial et au niveau des groupes socioprofessionnels caractérisent aussi les groupes sociodémographiques. La pauvreté frappe surtout les ménages où l'âge du chef est compris entre 30 et 65 ans (plus de 70% de pauvres). Par contre, il y a relativement moins de pauvres (60%) dans les jeunes ménages et dans les vieux ménages (65%)11(*).

Tableau n° 2 : indices et caractéristiques des groupes socioprofessionnels

 

Population (en%)

Po (en %)

P1 (en %)

P2 (en %

Cadre de direction

2,05

48,62

18,72

10,42

Cadre de collaboration

2,86

48,53

18,95

9,65

Agent de maîtrise

2

60,34

22,83

11,31

Employé, ouvrier semi qualifié

2,8

71,47

30,62

16,5

Manoeuvre

2,32

67,66

31,98

18,54

Patron

2,61

46,39

17,6

8,66

Travailleur à son propre compte

67,35

75,52

34,75

19,62

Apprenti

0,17

80,25

43,03

24,95

Aide familiale

11,54

69,4

31,96

18,11

 
 
 
 
 

Sources : Enquête 1-2-3. 2004 - 2005 (Analyse conjointe Banque Mondiale

Afristat -U PPE)

Cette même analyse conjointe de la Banque Mondiale, à laquelle le Document de Stratégie de la Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP) fait référence, met en relation la taille du ménage et la pauvreté, s'attachant à montrer que les ménages dont la taille est de 10 membres et plus sont les plus pauvres (plus de 80% d'incidence). En déca de 10 membres, l'incidence de la pauvreté diminue sensiblement pour atteindre 44% des pauvres, en parlant des ménages composés de trois membres12(*).

La relation entre le niveau d'instruction du chef de ménage et les indices de pauvreté est établie dans le tableau ci haut. Ce qui atteste l'idée que l'éducation améliore le niveau de vie des ménages. Ces chiffrent rendent bien compte d'un problème sérieux d'éducation en RD Congo, la majorité des pauvres (76%) se trouvant dans les ménages dont le chef est de niveau primaire. En revanche, on compte moins de 35% dans les ménages dont le chef est de niveau universitaire. Aussi, on compte relativement plus de pauvres dans les ménages dont le chef est polygame (75%) que ceux dont le chef est monogame (72%). L'incidence de la pauvreté est également forte parmi les couples vivant en union libre (72%). Les ménages des célibataires sont moins frappés par la pauvreté (53%).

Tableau n° 3 : indices et caractéristiques des groupes sociodémographiques

 

Population (en %)

Po (en %)

P1 (en %)

P2 (en %

Age du chef de ménage

 

 

 

 

< 20 ans

0,75

56,48

21,07

10,84

20 - 30 ans

13,3

62,28

25,29

13,16

30 - 40 ans

26,31

71,07

31,1

16,93

40 - 65 ans

53,27

74,18

34,99

20,11

60 + ans

6,36

69,39

29,51

16,09

Sexe du chef de ménage

 
 
 

 

Masculin

86,19

71,57

32,54

18,27

Féminin

13,81

69,89

30,29

16,51

Taille du ménage

 
 
 

 

1 - 3 membres

13,26

44,02

16,1

8,08

3 - 5 membres

24,69

65,86

26,41

13,79

5 - 10 membres

49,94

78,46

36,35

20,39

10 + membres

12,11

83,04

44,74

27,77

Education du chef de ménage

 
 
 

 

Primaire

25,91

76,34

35,37

20,17

Secondaire

54,12

71,86

32,17

17,85

Programme non formel

1,02

56,33

22,45

11,49

Universitaire/Postuniversitaire

5,8

34,05

11,98

5,64

Non spécifié

13,14

76,98

35,94

20,46

Situation matrimoniale du Chef de ménage

 
 
 

 

Célibataire (jamais marié)

2,35

53,36

20,33

10,54

Marié (e) monogame

69,32

72,03

32,82

18,45

Marié (e) polygame

11,11

74,7

34,84

19,57

Union libre

5,83

72,1

30,39

16,38

Divorcé (e), Séparé (e)

3,66

61,93

27,46

15,25

Veuf (ve) et autres

7,73

69,67

30,38

16,81

Sources : Enquête 1-2-3. 2004 - 2005 (Analyse conjointe Banque Mondiale

Afristat -U PPE)

L'enquête MICS 2 (Multiple Indicator Cluster Survey) réalisée par l'Unicef sur un échantillon de 7.800 ménages, fournit quelques indicateurs pertinents aussi bien au niveau national qu'au niveau provincial, avec une précision respectivement de 95 et 90%. Du point de vue de la méthodologie l'Unicef a utilisé une méthode de l'indice de pauvreté à laquelle la Banque Mondiale a fait recours ces dernières années pour analyser les inégalités dans l'accès à l'éducation et à la santé. Cette méthode utilise l'analyse en composantes principales. Essentiellement, l'analyse attribue un score à chaque ménage sur la base des avoirs et des caractéristiques de celui-ci. Dans le cas de la RD Congo, les caractéristiques et les biens du ménage suivants ont été pris en compte : matériau du sol, nature du toit, nature des murs, camion ou voiture, radio ordinaire, radiocassette, réchaud, électricité, source principale d'eau à boire, type de toilettes utilisées, disponibilité des réserves alimentaires, nombre de repas par jour13(*). Au regard de l'ordre croissant de leur score, les ménages sont classés en cinq groupes d'effectifs égaux constituant des quintiles : plus pauvres, pauvres, moyens, riches, plus riches. Cette enquête, la plus riche qui soit menée au pays - parce que le pays a de nombreuses insuffisances statistiques, à telle enseigne que les quelques agrégats socio-économiques et macro-économiques auxquels il est fait référence, ne sont qu'approximatifs - s'est particulièrement intéressée au cadre de vie des ménages, aux caractéristiques sociodémographiques de la population, à l'éducation, à la santé des mères et des enfants, à la couverture vaccinale des enfants et des mères, à la nutrition des enfants et des mères, aux questions du VIH/SIDA et de la santé de reproduction et à la protection des enfants.

2.2.2.2. Cadre de vie des ménages en RD Congo14(*)

En parlant du cadre de vie des ménages, cette enquête renseigne que les ménages congolais disposent en moyenne de 3,3 pièces à usage d'habitation dans leurs logements, la taille moyenne des ménages étant de 6,4 personnes et le nombre moyen de chambres à coucher étant de 2.

Le pavement des habitants est généralement en terre battue ou en paille, particulièrement en milieu rural (96% des ménages).

Les toitures des maisons sont surtout couvertes de paille (66% des ménages), avec une prépondérance en milieu rural (86%). La tôle galvanisée couvre la moitié des logements en milieu urbain (52%) et un peu plus à Kinshasa (63%).

Les murs en pisé sont les plus fréquents (39%), suivis de murs en briques adobes (29%) et en blocs de ciment ou en briques cuites (21%).

L'accès à l'eau de boisson salubre est très faible : 46% seulement de la population consomme de l'eau provenant d'un robinet dans le logement, d'un robinet dans la cour ou dans la parcelle voisine, d'une bonne fontaine, d'un puits à pompe, d'un puits protégée ou d'une source aménagée. Seulement 22% des ménages ont un accès facile à l'eau potable dans les 15 minutes du lieu d'habitation.

Moins de la moitié de la population (46%) utilise des toilettes hygiéniques, celles qui sont connectées au système d'égouts, qui ont une chasse d'eau, les latrines améliorées et les latrines traditionnelles couvertes.

24% de la population n'utilisent pas les moyens sanitaires hygiéniques de traitement des excréments des petits enfants.

Les modes d'évacuation de eaux usées considérés comme hygiéniques, c'est-à-dire d'évacuation par les égouts, les caniveaux d'eau pluviale et par puits perdu sont principalement utilisés par les riches (32%). En milieu rural, les eaux sont surtout évacuées par un trou ou jetées à la volée dans la parcelle ou dans la rue (92% des ménages).

L'insécurité alimentaire est élevée : 34% de ménages ne disposent pas de réserves alimentaires, notamment un stock de vivres ou un champ de produits vivriers, soit pas de l'argent. Aussi, 27% de la population prennent un seul repas par jour, et seulement 59% en consomment deux. Il y a 2 % de congolais qui ne mangent pas tous les jours.

* 4 Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani et Bandundu.

* 5 Banque Centrale du Congo. Evolution économique, financière et monétaire. Kinshasa, Janvier 2002

* 6 Système des Nations Unis, RD Congo : Bilan commun de pays, Kinshasa, Mai 2001

* 7 Ministère du Plan et de la Reconstruction. Op.cit p11

* 8 Ministère du Plan et de la Reconstruction, Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP), Kinshasa, février 2006, p 20

* 9 Ces trois indices de la pauvreté - l'incidence, la profondeur et la sévérité - sont chiffrés aux moyens des instruments traditionnels de mesure de la pauvreté (indices de Foster-Greer-Thorbecke). L'incidence (Po) traduit dans la population donnée la proportion des pauvres (en %) ; la profondeur (P1) qui constitue un indicateur d'intensité de la pauvreté, mesure le fossé qui sépare les pauvres de non pauvres et permet d'estimer le financement nécessaire pour éliminer la pauvreté d'un coup dans des conditions de parfait ciblage. La sévérité (P2) mesure le degré d'aversion d'une population pour la pauvreté et mesure l'inégalité entre les pauvres.

* 10 Ministère du Plan et de la Reconstruction, Op. Cit., p21

* 11 Ministère du Plan et de la Reconstruction. Ibid.

* 12 Ministère du Plan et de la Reconstruction, Op. Cit., p22

* 13 Unicef, Enquête nationale sur la situation des enfants et des femmes, Multiple Indicator Cluster Survey (MICS2), Rapport d'analyse, Kinshasa, juillet 2008, pp 219 - 221

* 14 Unicef : MICS2, Op. Cit. pp 21 - 44

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