CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude portant sur l'expansion
agricole en relation avec la croissance démographique dans la commune de
Bantè, l'occasion s'est présentée d'apprécier
l'extension spatiale des champs malheureusement au détriment du couvert
végétal et des sols ; et de passer en revue
l'évolution de la population de la commune ces dernières
années.
En effet, entre 1979 et 2002, la population de la commune de
Bantè a connu une croissance spectaculaire de sa population passant de
28.599 âmes à 82.129 habitants. Le taux d'accroissement naturel
est estimé en 2002 à 3,8% pour l'ensemble de la commune et
à 4,08% pour le monde rural (INSAE, 2002).
Les facteurs qui expliquent cette situation sont entre
autres, le croît naturel et la colonisation agricole. La natalité
assez élevée est liée à la jeunesse de la
population et aux unions précoces. La nuptialité reste
marquée par la volonté des jeunes d'avoir plusieurs femmes avec
pour mentalité que femmes et enfants sont des signes de richesse.
La proportion de la population active employée dans
l'agriculture est de 72% en 2002. Cette disponibilité d'ouvriers ne peut
qu'engendrer l'extension spatiale des champs. On note une progression
exponentielle des superficies cultivées en maïs et surtout en
igname, culture alimentaire principale de la région et dans une moindre
mesure le coton. Les paysans sont peu encadrés par les agents du CeRPA,
structure qui dispose d'un effectif qui couvre à peine deux
arrondissements sur les neuf dont dispose la commune.
L'utilisation irrationnelle des terres pose des
problèmes de disponibilité de terre pour la culture d'igname. Le
système de culture itinérante est très répandu
à Bantè quand bien même elle nécessite de vastes
superficies qui donnent une production saisonnière relativement faible.
Les cultivateurs justifient l'expansion des exploitations agricoles par la
faiblesse du rendement qu'induit la pauvreté des sols. La monoculture
cotonnière et surtout la culture de l'igname sont actuellement à
la base d'importants défrichements à Bantè. La
déforestation en constante évolution a des conséquences
néfastes sur les populations car, selon Boko, octobre 2003, les causes
de la dégradation de l'environnement sont à l'origine de la
dégradation de la santé humaine. Les cultivateurs sont alors
amenés à s'installer très loin des villages, dans les
fermes en quête de nouvelles terres. Cette pression sur les terres
provenant de ``l'avancée'' de l'agriculture, s'exerce donc sur les
meilleures terres périphériques jadis pâturées par
les troupeaux de bovins créant ainsi des difficultés à un
élevage déjà extensif.
L'exode rural qui pousse plusieurs jeunes à
quitter les villages pour le Nigeria et l'éparpillement des
ménages sont des indices de manque de terres fertiles dans la commune de
Bantè. Les rendements de la terre vont en décroissant, l'offre de
denrées alimentaires par paysans selon les enquêtes de terrain a
sensiblement diminué. Aux dires des femmes, les revenus sont
ramenés au niveau de subsistance. Les paysans doivent enrayer
l'augmentation de la population en restreignant leurs désirs sexuels
afin de garantir un avenir meilleur à leur progéniture et aller
ainsi dans le sens du développement durable.
La défense de l'environnement passe par une
conciliation de l'agriculture et de la croissance démographique. C'est
pourquoi la promotion et la vulgarisation des techniques modernes qui
permettent aux paysans d'exercer leurs activités sans détruire le
couvert végétal et les sols sont indispensables.
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