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Enjeux et jeux pétroliers en Afrique: étude de l'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée

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par Severin Tchetchoua Tchokonte
Université de Yaoundé 2 - Master 2 science politique 2008
  

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SECTION II : L'incapacité politique et technologique des dirigeants à contrôler et à exploiter les ressources.

Parmi la panoplie de raisons qui pourraient être évoquées pour expliquer l'offensive pétrolière de la Chine dans le golfe de guinée, le caractère prépondérant de l'incapacité politique et technologique des dirigeants à contrôler et à exploiter les ressources s'impose à l'analyste. Ainsi, le déficit d'autonomie politique et stratégique, compris comme étant l'absence ou l'insuffisance d'autonomie dans la définition des objectifs politiques et la gestion des affaires publiques, nous permettra de démontrer qu'en réalité, l'extraversion étatique, caractéristique de l'Etat postcolonial africain est une cause prépondérante de la ruée de pékin dans la sous région depuis quelques années. En effet, à travers ces pans de souveraineté que les pays africains en général, et ceux du golfe de guinée en particulier concèdent à leurs partenaires extérieurs dans la définition, voire l'orientation de leur gestion quotidienne, la possibilité pour ces derniers de transformer ces espaces au mieux de leurs intérêts demeure élevée. C'est donc cette possibilité de pouvoir influer sur l'orientation des politiques locales qui structurent majoritairement l'offensive de pékin, comme celle des autres puissances industrielles dans la sous région.

Aussi, l'étude minutieuse de cette extraversion étatique nous permettra-t-elle de mieux cerner les différents contours de cette incapacité politique des dirigeants à contrôler et à exploiter les ressources (paragraphe 1). Par ailleurs, à travers la faible demande énergétique des pays de la sous région liée à une sous industrialisation, nous étudierons cette incapacité technologique (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L'incapacité politique

Il sera question ici de démontrer que le déficit d'autonomie politique et stratégique dont souffrent les Etats du golfe de guinée peut être invoqué pour expliquer l'incapacité des autorités politiques locales à contrôler et à exploiter les ressources. C'est dire que l'offensive de la Chine dans le golfe de guinée pourrait en partie s'expliquer par la possibilité qu'a Pékin de pouvoir influer sur la gestion de la question pétrolière de ces Etats. Le déficit d'autonomie politique et stratégique entretenu à la fois par l'élite politique africaine et par les puissances étrangères constitue une passerelle que pékin pourrait utiliser pour mettre en oeuvre ses objectifs.

Cette incapacité politique sera analysée ici à travers l'extraversion des Etats de la sous région (A). Il sera ensuite question de montrer que le pétrole du golfe de guinée est politiquement à la portée des multinationales à visée stratégique, chinoise en l'occurrence (B).

A- L'extraversion des Etats du golfe de guinée : un élément structurant de leur incapacité politique à contrôler et à exploiter leurs ressources

L'incapacité politique de la classe dirigeante africaine à contrôler et à exploiter les ressources, peut à plusieurs égards se présenter comme la conséquence de leur extraversion étatique. En effet, le concept d'extraversion étatique en Afrique noire renvoie à la question centrale du déficit d'autonomie stratégique et politique dont souffrent de nombreux pays. Il met en lumière les espaces de souveraineté que les pays africains laissent à leurs partenaires étrangers pour l'élaboration de leurs politiques. Nombre de pays africains en effet, au mépris de la maxime chère à Georges Washington (1732-1799) selon laquelle, aucune nation ne doit être crue au-delà de son intérêt, associent leurs partenaires étrangers, (la Chine en l'occurrence) à la définition des sujets vitaux pour leur indépendance et leur survie26(*). Cette situation les prive ainsi de toute autonomie stratégique. De ce fait, ces derniers deviennent incapables de maîtriser ou de contrôler, même de façon relative, leur destin politique, stratégique et économique. Du fait de cette extraversion, leurs partenaires étrangers ont la possibilité d'influer sur la gestion de la question pétrolière, comme sur celle d'autres questions importantes. C'est justement cette capacité à pouvoir influer sur la définition, voire l'orientation de la question pétrolière dans ces Etats qui explique en majeur partie l'offensive de pékin, comme celle des autres puissances industrielles dans la sous région du golfe de guinée.

En effet, le golfe de guinée étant de loin un géant pétrolier, l'offensive dont il est aujourd'hui l'objet de la part des grandes puissances industrielles s'explique davantage par cette possibilité pour ces dernières de pouvoir interférer dans la gestion de leur politique pétrolière. Avec plus de pétrole que le golfe de guinée, la Russie par exemple, en raison de sa maturité stratégique n'est pas l'objet des mêmes convoitises.

Toutefois, il est important de préciser que cette extraversion est la résultante de la rencontre des intérêts des partenaires étrangers qui, en l'organisant se sont ménagés des monopoles économiques et des marchés captifs à travers le continent d'une part, et d'autre part, celui d'une classe dirigeante africaine désireuse de prendre appui sur des alliés extérieures pour se maintenir au pouvoir contre la volonté de leurs peuples.

B- Un pétrole politiquement à la portée des multinationales

Intentionnellement, les régimes africains ont préféré faire dépendre leur pouvoir des soutiens extérieurs, dans le but d'imposer plus facilement leur autorité à leurs populations. C'est ce qui explique la perte de monopole politique des dirigeants sur la gestion de la question pétrolière, comme d'ailleurs dans plusieurs autres secteurs clés de la vie nationale. Cette perte de monopole entraîne une dépendance voire une vulnérabilité de l'élite politique africaine en même temps qu'elle permet à ses partenaires étrangers de transformer l'espace africain au mieux de leurs intérêts. C'est dire que eu égard à la collusion d'intérêts entre l'élite politique africaine en général et celle du golfe de guinée en particulier, et les multinationales à visée stratégique, les ressources africaines sont désormais politiquement à la portée de ces dernières. C'est ce qui explique majoritairement cette ruée quasi systématique des grands pays industrialisés, notamment de la Chine dans la sous région du golfe de guinée.

L'opacité créée et entretenue autour du volume réel de la production de pétrole illustre assez cette réalité. En effet, la ruée des multinationales pétrolières en Afrique s'explique en partie par la difficulté, voulue et entretenue, des autorités politiques locales à instituer un contrôle hermétique sur le volume réel de la production quotidiennement extrait des entrailles du continent (Kounou Michel ; 2006 : 116). C'est ce qui explique d'ailleurs l'intensité avec laquelle cette ressource stratégique est pompée.

Les méthodes utilisées pour entretenir le flou autour du volume réel de la production sont multiples et variées. La première méthode (la plus utilisée), consiste à sous estimer la quantité de brut vendu ou la quantité livrée, en contre partie des substantielles commissions versées par les acheteurs (Airault Pascal ; 2008 : 33). C'est donc dire que c'est volontairement et surtout complaisamment que les autorités politiques locales se fient aux chiffres fournis par les compagnies étrangères. Davantage, le phénomène de « tankers fantômes », dont la cargaison s'évapore sans laisser de traces, est une autre méthode couramment utilisée. Ces fameuses " cargaisons fantômes" (Airault Pascal ; 2008 : 33), ces tankers non déclarés dont le contenu s'évapore mystérieusement, constituent malheureusement un phénomène à la mode dans le golfe de guinée.

Ainsi, à travers ces différentes méthodes, les compagnies pétrolières réussissent à entretenir le flou autour du volume réel de la production extraite quotidiennement, ceci avec la complicité bienveillante des autorités politiques locales. Cette complaisance relève elle-même d'un fait : l'incapacité technologique.

* 26CF. FOGUE TEDOM, Alain, séminaire de DEA de science politique " Les Questions Stratégiques ", UY2, 2007-2008, page 6.

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