B- Les Etats-Unis et la
promotion de la démocratie en Afrique
Parler de
promotion de la démocratie exige un instant que l'on précise
qu'il s'agit en réalité d'assistance à la consolidation
démocratique. En effet, la démocratie n'est pas une apparition
spontanée mais bien plus, le résultat d'un processus
appelé démocratisation ; cette dernière commence avec
l'ouverture du régime autoritaire qui laisse apparaître quelques
fissures (Mbatchom : 2007). De ce fait, il sera davantage question
d'étudier la contribution des Etats-Unis à la consolidation ou
à l'enracinement de la démocratie en Afrique. Dès le
début de la décennie 1990, les discours des officiels
américains avaient comme leitmotiv la démocratie et le
développement de l'Afrique. Ainsi, Le 25 avril 1990 M. Herman COHEN
alors secrétaire d'Etat adjoint chargé des affaires africaines
déclarait : "Reformes politiques et économiques sont
étroitement liées à la croissance et au
développement en Afrique " (Afrique
Etats-Unis N°9 du 15 juin 1990). Le 27 octobre 1991, Nancy
KASSEBAUM ; sénatrice à Washington considérait que
l'Administration américaine devrait coopérer avec les Africains
pour créer les conditions propices à l'épanouissement de
la démocratie. Le 10 octobre 1996, le Secrétaire d'Etat M. WARREN
CHRISTOPHER prononçait à ADDIS-ABEBA un discours lors du sommet
de l'O.U.A. Il disait en substance que la démocratie est la seule
condition pour le développement durable en Afrique (Mbatchom :
2007).
Par ailleurs, dans le cadre de la coopération entre les
Etats-Unis et l'Afrique matérialisée par l'existence de la loi
sur la croissance et les opportunités en Afrique, plus connu sous le
sigle AGOA (African growth and Opportunity Act), un certain nombre de
conditions politiques sont imposées aux gouvernements africains. L'AGOA
est une loi visant à promouvoir le commerce entre l'Afrique et les
Etats-Unis sous la bannière de la promotion de critères
politiques très sélectifs allant de la démocratisation,
à la libéralisation, en passant par la bonne gouvernance et le
respect des droits de l'homme. En effet, selon (Nkoa Colin François
(2007 : 39) :
" Les avantages offerts par l'AGOA (...) font l'objet
d'une évaluation et d'un contrôle par le congrès
américain qui peut ainsi décider de retirer de manière
unilatérale ces préférences. Ce contrôle est
exercé en s'appuyant sur des éléments tels que le respect
des droits de l'homme, les principes démocratiques, la bonne
gouvernance. En cas de violation de ces principes, les avantages
octroyés par les Etats-Unis dans le cadre de cette initiative sont
retirés. La Cote d'Ivoire, la Mauritanie et l'Erythrée ont
déjà ainsi été sanctionnés ".
Donc, par une politique de conditionnalité et de
multiples pressions exercées sur les gouvernements africains, les
Etats-Unis ont contribué à la promotion de la démocratie
en Afrique. Toutefois, s'il est vrai comme nous venons de le constater que les
Etats-Unis et la France ont joué, volontairement ou non, un important
rôle en faveur de la démocratie en Afrique, comment comprendre
leur propension à soutenir ou à promouvoir une
indigénisation de la démocratie sur le continent ? Autrement
dit, les prises de position américaines et françaises en faveur
de la démocratie en Afrique ne sont-elles pas en réalité
une simple manière de contenter l'opinion publique africaine en mal de
changement ?
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