C. 1. 1. - Conceptions psychogénétiques
:
Elles sont abondantes et divergentes; c'est ainsi que certains
auteurs plaident en faveur d'une origine psychotique, d'autres en faveur d'une
origine névrotique et même des théories psychanalytiques
ont été évoquées :
* En faveur de l'hypothèse psychotique, certains
auteurs démontrent une structure et une progression vers un processus
dissociatif, évoluant en particulier vers la schizophrénie . [
27]
* Pour d'autres , Meige et Feindel [27] ils défendent
l'origine névrotique en mettant en évidence la grande analogie
existant entre tics et obsessions: même
supériorité du besoin, même irrésistibilité
de l'acte et satisfaction consécutive. On a même parlé
d'obsession-compulsion motrice et beaucoup insistent sur l'importance des
tendances agressives réprimées et sur un terrain
d'émotivité et d'instabilité.
* Pour Margaret Mahler, la maladie des tics
refléterait à la fois les manifestations d'une atteinte grave du
Moi , mais aussi une déficience constitutionnelle du contrôle de
la motricité .dans la maladie des tics, il y aurait une
incapacité d'intégrer le système psychomoteur dans une
hiérarchie fonctionnant sous le contrôle volontaire du Moi.
L'originalité de ces conceptions même si elles sont
présentées dans une perspective psychosomatique réside
dans l'implication directe des noyaux gris centraux.
Cependant certains auteurs contredisent ces notions car ils
constatent en effet que la grande majorité des malades ne
présentent ni des états schizophréniques, ni des
états prépsychotiques. Les traits obsessivo-compulsifs sont
rares, l' hypochondrie et l'hystérie ne sont que des facteurs
occasionnels et fortuits. Il n'y a pas de détérioration
intellectuelle car il n'y a non plus des sujets supérieurement
intelligents comme on l'a laissé entendre. Il n'y aurait donc aucune
caractéristique psychopathologique spécifique à la maladie
des tics, les facteurs psychologiques ne devraient être reliés ni
à l'étiologie, ni au diagnostic , ni au traitement de
l'affection.
C. 1. 2. - Les conceptions organogenétiques :
Parallèlement aux théories psychodynamiques de
nombreux auteurs se sont employés à rechercher un substrat
organique à la maladie des tics. Nous étudierons successivement
ces différentes perspectives en nous attachant plus
particulièrement aux aspects neuropharmacologiques.
C. 1. 2 . 1. - Recherche d'un substratum
organique :
En 1971, HASSER et DIEKLANN in [15], ont rapporté des
résultats thérapeutiques remarquables obtenus par coagulation
stéréotaxique bilatérale des noyaux intermédiaire
et moyen du thalamus. En outre, Sand et Carlson, ont confirmé
l'échec déjà constaté par d'autres, des
méthodes thérapeutiques de conditionnement
généralement efficaces sur les tics vulgaires. Cette
méthode consiste en un conditionnement positif basé sur la
réitération volontaire , à intervalles réguliers du
mouvement que l'on veut supprimer, et un conditionnement négatif
basé sur l'application d'un choc électrique. Sur la maladie des
tics, ces méthodes n'obtiennent que des résultats inconstants.
C. 1. 2 . 2. Analogies avec d'autres
désordres [ 36]
Les défenseurs de la théorie organique fondent
leurs conceptions sur les ressemblances existant entre certains symptômes
de la maladie des tics et d'autres affections dont le substrat organique est
communément admis :
- Les manifestations postencéphalitiques et les tics
résiduels de la Chorée de Sydenham ont une ressemblance avec les
symptômes de la maladie de Gilles de la Tourette, d'où
l'hypothèse que cette dernière partagerait en commun avec les
affections sus-citées le même substratum organique.
- Le syndrome de Lesh-Nyhan se caractérise par une
déficience enzymatique en hypoxanthineguanine - phosphoriboyltranferase.
Cette enzyme joue un rôle important dans la voie métabolique de
réutilisation de l'acide urique. Du fait de cette déficience,
l'acide urique se trouve fortement concentré dans les noyaux gris
centraux. Il en résulte qu'outre les symptômes goutteux, les
points cardinaux de la symptomatologie consistent en un retard mental, une
paralysie cérébrale spastique, des mouvements
choréo-athétosiques, des automutilations, un comportement
agressif, grognement, cris, obscénités . Par rapport à la
maladie de Gilles de la Tourette, les grognements, les cris, les
obscénités et les automutilations sont retrouvés, avec en
plus , un taux d'acide urique parfois élevé dans la maladie des
tics; l'histoire familiale de ces patients révèle souvent des
antécédents de goutte. Ce rapprochement entre les deux affections
a ouvert de nouvelles perspectives étiologiques et thérapeutiques
surtout que les automutilations au cours de la maladie de Lesh-Nyhan sont
améliorées par le L - 5 - Hydroxytryptophane ( L - 5 HTP) tout
comme celui-ci réduit les tics et les automutilations au cours de la
maladie de Gilles de la Tourette.
C. 1. 2. 3. - Investigations
neuropychiatriques
Les divers modes d'investigation neuro-psychiatrique
argumentent en faveur de l'organicité de la maladie des Gilles de la
Tourette. Vingt trois des trente patients étudiés
indépendamment par deux psychologues, au moyen d'une batterie de tests,
présentaient des anomalies suggestives d'une maladie organique. Plaide
dans le même sens, la fréquence élevée des anomalies
trouvées à l'examen neurologique et à l'électro-
encéphalographie. Malheureusement aucun de ces éléments
n'oriente vers le mécanisme responsable de l'affection.
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