CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE PALUDISME ET LES
MEDICAMENTS ANTIPALUDIQUES
I. LA MALARIA
A. Historique et
définition
1. Brève historique
Les sociétés de l'époque primitive
considéraient la malaria comme une manifestation du châtiment
divin car elle causait beaucoup des victimes. Les Egyptiens savaient
déjà que cette fièvre survenait après des
inondations et des pluies, et déconseillaient l'exposition en plein air,
des individus durant ces périodes. (1)
La médecine grecque connait bien les fièvres
palustres, en particulier celles qui se répètent à des
intervalles réguliers. Hippocrate décrivit les formes cliniques
palustres (frissons et températures). En 1630 un aristocrate espagnol,
Don Francisco Lopez, apprit des indiens du Pérou les
vertus thérapeutiques des écorces de quinine contre la malaria.
(1)
Depuis l'époque où les Indiens utilisaient
l'écorce de quinquina (antipaludéen naturel) contre les
fièvres, de nombreux progrès ont été
réalisés dans la compréhension du paludisme. En 1920
Pelletier et Caventou isolent des écorces du quinquina une trentaine
d'alcaloïdes dont les célèbres quinines et quinidines.
Laveran découvrit en 1880 que cette maladie
était due à un parasite, le plasmodium. Les premiers
médicaments antipaludéens synthétiques furent quant
à eux mis au point en 1940. Mais dès 1960, une résistance
à la chloroquine est apparue en Asie du Sud-est. (2)
2. Définition de la malaria
La malaria est une maladie parasitaire due à un
hématozoaire du genre Plasmodium, transmis par un moustique
anophèle femelle. Etymologiquement, paludisme vient de palus
qui veut dire marrais et mal aria qui signifie mauvais air. (3)
Cette maladie est présente dans plus de cent pays du
monde : en Afrique, en Asie, en Océanie, en Amérique
centrale et du sud et dans certaines ils caraïbes. Comme
approximativement 60% de la population mondiale vivent dans ces pays, on estime
à plus de deux milliards le nombre de sujets exposés, avec deux
cent millions de malades et deux millions de morts chaque année. (4)
Pour l'Afrique noire seule, on évalue sa
mortalité à un million par an et fait partie de trois grandes
causes de morbidité et de mortalité en R.D.CONGO. (3)
III. Les
Plasmodiums
1. Définitions
Découverts par Alphonse LAVERAN en
1880, les Plasmodiums sont des parasites intracellulaires de forme
amoeboïde qui présentent au cours de leur cycle une alternance de
reproduction asexuée (schizogonie) chez l'hôte
vertébré et de reproduction sexuée (sporogonie) chez
l'hôte invertébré. Il existe 146 espèces de
Plasmodium dont quatre seulement (P.falciparum, P. vivax, P. malaria et P.
ovale) parasitent l'homme comme l'hôte vertébré et le
moustique hôte invertébré. Ils sont les agents causaux de
la malaria et le moustique est leur vecteur. (2)
2. Classification des Plasmodiums
Selon qu'ils disposent ou non des endosymbiontes, selon leurs
modes de locomotion ou de reproduction, les protozoaires sont subdivisés
en sept taxons. Les plasmodiums forment le troisième taxon qui regroupe
les protozoaires caractérisés par la présence d'une
mitochondrie, d'un complexe apical d'induction d'endocytose, d'une reproduction
sexuée (sporogonie) et asexué (schizogonie). (2)
De manière brève la classification est la
suivante:
- Ordre : Haemasporida
- Sous-ordre : Haemasporidae
- Famille : Plasmodiae
- Genre : Plasmodium
Le P. falciparum appartient au sous genre laverania
parce que les gamétocytes sont falciformes et le reste de forme
arrondie. (2)
3. Les
Plasmodiums et leur paludisme
Paludisme à Plasmodium vivax : étant
largement répandu, il détermine habituellement des accès
fébriles sans gravité. Les infestations massives et
répétés engendre parfois des tableaux
sévères tels que : fièvres rémittentes et
paludisme viscéral évolutif mais jamais d'accès
pernicieux. (3)
Paludisme à Plasmodium malariae : est
surtout remarquable par la périodicité de ses accès
intermittents et sa longévité. (3)
Paludisme à Plasmodium ovale : proche du
paludisme à P. vivax par sa bénignité, sa durée
d'incubation varie de quinze jours à plusieurs mois. L'accès de
reviviscence schizogonique évolue sur rythme de tierce ; si le
malade n'est pas traité, les accès bénins se
répéteront à court-terme mais les rechutes tardives sont
rares (5 ans au minimum). (3)
Paludisme à Plasmodium falciparum :
sévissant intensément sous les tropiques, il peut tuer, par
accès pernicieux, les sujets non prémunis ne se soumettant
à aucune chimioprophylaxie (enfants autochtones de 4 mois à 4 ans
surtout mais aussi les européens récemment transplantés en
zone endémique). (3)
En revanche la longévité du P. falciparum ne
dépassant guère trois mois, il n'existe pas de véritables
rechutes. Mais en région impaludée, les réinfestations
sont fréquentes. Trois tableaux peuvent être
individualisés: accès simple, accès pernicieux et celui du
paludisme viscéral évolutif. Quant à la fièvre
bilieuse hémoglobinurique, ce n'est pas à proprement parler une
manifestation palustre.
Il faut noter que seul le paludisme à P. falciparum
peut tuer car il est le seul à conduire aux accès pernicieux.
(3)
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