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Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

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par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

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Paragraphe 2 : Le golfe de Guinée comme espace d'affrontement et de test de la détermination des puissances adverses

Les luttes de positionnement qui opposent les grandes puissances dans le golfe de Guinée leur permettent de mesurer chacune sa capacité de projection et celle de ses adversaires. En mettant réciproquement en péril leurs intérêts dans la région, elles deviennent des ennemis potentiels. Ainsi, le golfe de Guinée est devenu un espace d'affrontement symbolique et de test de la détermination de chacune des puissances en prévision d'un affrontement armé éventuel.

A- L'espace d'affrontement symbolique en prévision d'un éventuel conflit armé ou de la probable guerre des matières premières

Les relations interétatiques présentent toujours un risque d'affrontement armé276(*). Ainsi, le golfe de Guinée apparait comme un champ de bataille stratégique dans lequel les grandes puissances s'affrontent dans la recherche d'une plus grande influence mondiale. Le risque que ces affrontements du moins symboliques basculement vers un conflit armé est réel en référence au fait que la plupart des ressources pour lesquelles ces puissances s'affrontent sont des ressources épuisables. Se raréfiant, ces ressources sont susceptibles de s'inscrire dans un futur proche dans une logique darwinienne où seuls les plus forts pourront les quérir. A lire Michael T. Klare277(*), les grandes puissances envisagent désormais l'émergence d'un théâtre d'opération global où l'élément déterminant sera la lutte pour les ressources vitales bien plus que l'ont été jusqu'aux années 1990 les idéologies et l'équilibre des forces entre les puissances. De ce fait, celles-ci s'attachent à quadriller les régions stratégiques ou qui abritent d'importantes ressources, y expérimentent leurs doctrines militaires et reconfigurent leurs forces afin de pouvoir l'emporter dans un tel environnement278(*).

En Chine par exemple, dans le rapport de l'année 2006 intitulé Puissance Militaire de la République Populaire de Chine, le ministère de la défense chinoise appréhendait la compétition pour les ressources et l'éventualité d'un conflit au sujet de Taiwan comme causes potentielles susceptibles de déclencher une guerre entre les États-Unis et la Chine279(*). En conséquence, ces deux facteurs ont été placés au coeur de la réflexion stratégique et de la modernisation militaire de l'armée chinoise. Pour cette guerre économique, Michael T. Klare note que dans l'édition 2008 de ce rapport, la Chine envisage de renforcer sa capacité de projection dans les régions dans lesquelles elle tire ses ressources, notamment les hydrocarbures280(*).

Les Etats-Unis quant à eux ne sont pas restés en marge de cette préparation281(*) pour une éventuelle guerre des matières premières ou un conflit quelconque contre ses adversaires européens ou asiatiques. Même si avec les premiers ils sont liés par des accords de défense tels que celui de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord), l'inconciliabilité de leurs intérêts dans la région n'augure pas de lendemain meilleurs. Comme illustration, on peut évoquer l'unilatéralisme de plus en plus marqué de Washington et la guerre d'Irak. Nombreux sont les analystes qui pensent que l'AFRICOM n'est qu'une artillerie américaine pour affermir sa superpuissance dans le golfe de Guinée282(*). En outre, les négociations pour l'installation de son quartier général à São Tomé et Principe alors qu'initialement Washington optait pour le Maroc283(*) traduit la stratégie américaine de mieux se positionner dans la région et acquérir des facilités de projection à l'intérieur du continent.

Par ailleurs, à la lumière de l'histoire récente de l'unilatéralisme américain, l'intervention en faveur du Koweït lors de son invasion par Saddam Hussein en 1990 et les deux guerres du Golfe, en1991 et en 2003, montrent que la géopolitique américaine des hydrocarbures s'inspire fondamentalement de la doctrine du président Jimmy Carter qui stipulait que les États-Unis ne pouvaient permettre l'émergence d'une puissance ennemie dans le contrôle des flux pétroliers du Golfe Persique284(*). De ce fait, dans le golfe de Guinée, l'objectif qui sous-tend le dispositif diplomatique et militaire américain est « d'être en mesure de dicter l'avenir de la politique énergétique mondiale » pour reprendre les termes de l'ancien Vice-président Dick Cheney285(*).

La France et l'Angleterre quant à elles se mobilisent aussi dans cette course sur l'avenir géopolitique des ressources vitales. Sous le couvert de l'UE, la mise sur pied de l'EUFOR, dont ``l'humanisme sélectif''286(*) masque mal ses enjeux géostratégiques287(*), montre que ces puissances n'entendent pas rester en marge du glacis africain que représente désormais le golfe de Guinée. Enfin, la résignation de Nicolas Sarkozy sur le retrait des forces françaises répond au souci de Paris de préserver sa main mise sur son pré-carré288(*). Le golfe de Guinée apparait ainsi comme le centre de gravité des intérêts européens, américains et asiatiques289(*). En conséquence, cette région devient aussi pour chacune des puissances un espace où elle peut éprouver la détermination des autres.

* 276 Voir Raymond ARON, Paix et guerre entre les nations, op.cit., p.28.

* 277 Michael T. KLARE, « Géostratégie de l'énergie », op.cit, p.2.

* 278 Ibid., p.3.

* 279 Ibid.

* 280 Michael T. KLARE, « Géostratégie de l'énergie », op.cit, p.3.

* 281 Lire John B. FORSTER, « Guerre Economique et Géostratégie des Puissances: la nouvelle course à l'Afrique des Etats-Unis », in Intelligence stratégique et Diplomatie économique, 10 février 2008, http://gwethguy.wordpress.com/2008/02/10/guerre-economique-geostrategie-des-puissances-la-nouvelle-course-a-l%E2%80%99afrique-des-etats-unis/ consulté le 5 août 2009.

* 282 Lire :

- Freddy MULUMBA KABUAYI, « Afrique: Les enjeux et les dangers de l'Africom », op.cit. pp.1-4.

- Guy GWETH, « Guerre économique dans le golfe de Guinée: l'artillerie US », in Intelligence stratégique et Diplomatie économique, 23 janvier 2008, http://gwethguy.wordpress.com/2008/01/23/guerre-economique-dans-le-golfe-de-guinee-lartillerie-americaine-guy-gweth/ consulté le 1er juillet 2009.

* 283 René NABA, « Le quadrillage en douceur de l'Afrique », op.cit., pp.1-2.

* 284 Cité par Michael T. KLARE, « Géostratégie de l'énergie », op.cit, p.4.

* 285 Ibid.

* 286 Expression de René Naba pour traduire la partialité et les revers de l'intervention de la force européenne suivant une politique du deux poids deux mesures. De plus, en fustigeant les chefs d'Etats qui leurs sont hostiles, les puissances européennes accordent plus d'attention à ceux du golfe de Guinée qui leurs garantissent l'accès aux ressources stratégiques. Voir René NABA, « Le quadrillage en douceur de l'Afrique », op.cit. p.4.

* 287 Lire Jean-Christophe MONGRENIER, « Redéploiement géostratégique et projection de puissance euro-atlantique en Afrique subsaharienne », op.cit.

* 288 Au lendemain du discours de Sarkozy en l'Afrique du sud le 28 février, Hervé Morin en sa qualité de ministre de la défense avait tenu à ce sujet une conférence de presse déclarant que le retrait des forces françaises n'était pas à l'ordre du jour et que « la France gardera toujours des bases en Afrique ». Lire La grande époque, « Redéfinition du dispositif militaire français, scepticisme », op.cit., p.3.

* 289 Ateleir Energy, « Le Golfe de Guinée : une région au carrefour des influences européenne, américaine et chinoise », op.cit.

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