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Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

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par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

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B- Le défi de la Chine

Sous le gouvernement de Hu Jintao, le golfe de Guinée et l'Afrique en général est devenu le cadre de la matérialisation de l'effectivité du ``réveil''314(*) de la Chine. L'offensive diplomatique des autorités de Pékin a culminé avec l'organisation du premier sommet sino-africain, l'opérationnalisation du fameux ``partenariat gagnant-gagnant'' et son ancrage en Afrique ont conduit à imposer la Chine comme une puissance stratégique d'appoint.

De 2000 à 2007 les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont été multipliés par cinq, passant de 10 à 55 milliards de dollars, devant aller au-delà de 100 millions en 2010315(*). Ce pays est devenu le premier fournisseur et le troisième client du continent derrière les Etats-Unis et la France. Plus de 800 sociétés chinoises y sont installées et emploient un peu plus de 130 000 travailleurs chinois. Ces chiffres devraient doubler voire tripler en 2015316(*). Ayant perdu l'Irak (occupé par les troupes américaines), la Chine s'est tournée vers les pays du golfe de Guinée qui assure 30 % de ses importations pétrolières. Enfin, elle s'impose en pourvoyeur de fonds, annulant la dette de ses fournisseurs et offrant des milliers de bourses d'étude317(*).Quels sont les clés de cette montée en puissance sur la scène africaine?

Christian Harbulot pense qu'elle se trouve dans l'inscription des rapports sino-africains dans ``une triple légitimité'': la légitimité historique issue de l'implication de la Chine dans les luttes de décolonisation de plusieurs pays africains, la promotion des principes de non-ingérence et de neutralité et enfin l'héritage tiers-mondiste de la guerre froide318(*).

Cette analyse certes pertinente, souffre de se focaliser sur les présupposés des rapports sino-africains et méconnait leur aspect stratégique qu'elle prétend étudier. De plus, en parlant de ``légitimité'', Christian Harbulot amène à penser que la Chine-Afrique est une induction naturelle du cheminement historique qui n'est nullement similaire entre les deux peuples319(*). Et lorsqu'il convoque la conférence de Bandoeng pour illustrer la participation chinoise à la décolonisation du continent, il semble ignorer que l'anticolonialisme tant des Etats-Unis, de l'Union Soviétique et de la Chine ne se justifiait que par leur volonté de voir les empires coloniaux se disloquer pour qu'ils puissent avoir leur part dans l'exploitation des ressources africaines comme on le réalise aujourd'hui. Cette conférence était donc plus pour la Chine un moyen de se rapprocher des pays africains. Parlant de la ``coopération sans conditionnalités'' et de la neutralité320(*), les analystes qui convoquent ce principe pour justifier le succès de la Chine en Afrique semblent ignorer qu'elle ne coopère qu'avec ceux qui reconnaissent son unité en méconnaissant Taiwan. Le problème tibétain est venu s'ajouter à ces conditionnalités non-dites mais réelles. La non-ingérence et la neutralité brandies par Pékin ne sont donc que des données fictives qui tendent à différencier théoriquement la Chine des partenaires occidentaux.

L'intelligibilité de la stratégie de puissance de la Chine ne peut donc se faire que si elle est passée au crible de l'analyse géopolitique et géostratégique. Dans cette perspective, il ressort que la Chine a su tirer profit de la cécité stratégique des leaders africains. Elle a su construire et instrumentaliser des liens dits historiques qui la lient aux Etats africains. Par son intelligence stratégique, elle a été la mieux à expérimenter les usages géostratégiques de la diplomatie ; problématique centrale de cette étude. Enfin, par son ``partenariat-gagnant gagnant'' et l'émulation de son ``bon samaritariat'', elle a pu s'imposer en moins d'une décennie comme la puissance émergente la plus impressionnante du monde actuel, rivalisant et ravissant la vedette aux occidentaux dans leurs pré-carrés africains321(*).

Il s'avère de ce fait naïf de penser que le succès de la Chine en Afrique est une téléonomie historique, ou encore l'induction de sa ``non ingérence'' dans la vie politique des Etats africains. En instrumentalisant l'échec de la coopération entre les Etats africains et leurs partenaires du Nord, la Chine a conçu ces principes diplomatiques abstraits dans le seul but de s'intégrer dans le champ des manoeuvres d'occupation et d'exploitation de l'espace africain. En ce sens, son activisme en Afrique et plus particulièrement dans les Etats du golfe de Guinée ne saurait se limiter à la poursuite des buts géopolitiques. Sous l'angle géostratégique, Pékin oeuvre aussi pour l'occupation de cet espace stratégique afin d'affirmer la mondialité de sa puissance322(*).

CONCLUSION

En somme, le golfe de Guinée est de nos jours au coeur des enjeux géopolitiques, géoéconomiques et géostratégiques des grandes puissances qui en font leur glacis. Espace-enjeu, il est devenu à la fois un espace-temps d'information, d'obstruction des buts géopolitiques et stratégiques adverses, de sécurisation, de mise à l'épreuve et d'expérimentation des stratégies de puissance.

* 314 Nous faisons référence ici à la déclaration de Napoleon Ier : « Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera » popularisée par Alain Peyrefitte et citée par Freddy MULONGO, « RDC: Pourquoi l'aide de la Chine inquiète les Congolais ? », op.cit., p.1.

* 315 Serge et Michel Beuret cités par Christian HARBULOT, « La Stratégie de puissance de la Chine en Afrique », in Intelligence économique, p.5, http://www.infoguerre.fr, consulté le 19 août 2009.

* 316 Jean-Christophe MONGRENIER, « Redéploiement géostratégique et projection de puissance euro-atlantique en Afrique subsaharienne », op.cti. p.10.

* 317 NDZINGA AMOUGOU, «  Chine-Afrique : 40 milliards d'échanges commerciaux », in Cameroon Tribune, n°8970/5169, mardi 6 novembre 2007, p.30.

* 318 Christian HARBULOT, « La Stratégie de puissance de la Chine en Afrique », op.cit., pp.6-10.

* 319 S'il est vrai que la Chine à manqué de près au fameux ``Break-up of China'', elle n'a certes pas souffert des plus de dix siècles de traite négrière arabo-musulmane ou transatlantique, elle n'a pas été colonisée, elle ne subit pas le néocolonialisme sous laquelle croupissent les Etats africains. Civilisation millénaire, elle a participé avec l'occident à l'écriture de l'histoire des puissances contemporaines. Elle est une puissance nucléaire, membre conseil de sécurité de l'ONU alors qu'aucun Etat africain n'en fait partie. Pour en savoir plus sur l'Histoire africaine, on pourra se référer aux dix tomes de l'Histoire générale de l'Afrique publiés par l'UNESCO ; au livre de Joseph KI-ZERBO, Histoire de l'Afrique Noire d'Hier à demain, publié paris par Hatier en 1981 et aux deux tomes de Afrique Noire .Histoire et Civilisation d'Elikia M'BOKOLO, publiés à Paris aux éditions L'Harmattan en 1994 pour ne citer que ceux là.

* 320 Lorsque Harbulot affirme que la reconnaissance de Taiwan a cessé d'être depuis le début des années 1990 le facteur structurant de la coopération chinoise, il se résigne après pour reconnaitre que seuls 6 des 53 pays africains reconnaissent ce ``dragon''. Comment comprendre cela si ce n'est par crainte de représailles de Pékin ?

* 321 Voir Guy GWETH, « Chine-UE: Pékin fait vaciller les 27 », op.cit, p.2.

* 322 Voir Guy GWETH, « Chine-UE: Pékin fait vaciller les 27 », op.cit, p.3.

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