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Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

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par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

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CONCLUSION GENERALE

Au terme de cette étude sur la question essentielle des usages géostratégiques de la diplomatie dans l'occupation de l'espace africain à partir du cas de golfe de Guinée, il ressort que ceux-ci reposent sur des manoeuvres de transformation de cette région au mieux d'intérêts politiques et stratégiques. L'enchevêtrement des intérêts des acteurs en place conduit à faire d'elle un cadre d'émulation des rapports de force et de dialectique des intelligences.

Sous le couvert de la coopération et de l'interdépendance entre les Etats, les grandes puissances s'y projettent et sont accueillis avec euphorie par les pouvoirs publics au mépris de la célèbre maxime de Georges Washington selon laquelle « aucune nation ne doit être crue au-delà de son intérêt »323(*). Le golfe de Guinée se trouve en conséquence placé au carrefour de diverses constructions géopolitiques et géostratégiques. Tant des Etats-Unis, du Brésil, de la France, de la Grande Bretagne, de la Chine, de l'Inde et du Japon, l'enjeu géostratégique de leurs initiatives tant offensives que défensives est d'être présent dans la région et de la placer au service de leurs stratégies de puissance. Il en résulte des logiques de compétition où l'action de l'une conduit à la réaction des autres.

A cet effet, il convient de corroborer avec Raymond Aron pour qui la généralité des relations interétatiques est qu'elles poursuivent toutes les mêmes objectifs, définis en termes de puissance et de sécurité324(*). De plus, pour les réaliser, le choix des moyens diplomatiques et/ou militaires n'est que fonction des contingences325(*). Entre la diplomatie et la contrainte, les frontières ne sauraient donc être étanches puisque la diplomatie peut s'inscrire dans la violence et l'usage de la force n'exclut pas les transactions diplomatiques comme a su le dire Guillaume Devin326(*). Au travers d'initiatives diplomatiques, les grandes puissances recourent de ce fait aux manoeuvres géostratégiques pour concrétiser leurs projets géopolitiques. Cette étude conduit ainsi à souligner la pertinence de la conduite diplomatico-stratégique au coeur de la pensée aronienne des relations internationales. Elle réaffirme la mitoyenneté des théories réaliste et libérale dans les relations internationales puisqu'un Etat peut poursuivre des buts réalistes par des actions libérales. La diplomatie entant qu'instrument de mise en coopération est de ce fait aussi un vecteur des rapports de forces327(*).

Quatre thématiques ont de ce fait structuré ce travail. La première porte sur l'enchevêtrement des impératifs géopolitiques à l'oeuvre et l'appel aux projections géostratégiques. La deuxième sur leur opérationnalisation ; la troisième sur les stratégies d'ancrage en vue de la cristallisation des acquis géopolitiques à long terme et la quatrième sur la ``glacisation'' de cet espace.

Le golfe de Guinée est donc semblable à un champ de conflictualité où l'enjeu n'est plus seulement pétrolier, mais aussi et surtout l'occupation des points stratégiques susceptibles d'affirmer la mondialité d'une puissance. En conséquence, les leaders de la région devraient penser à la redéfinition de ce que leurs pays gagnent dans ce jeu de puissance. La CGG devrait se doter des moyens plus pragmatiques qu'institutionnels328(*) et oeuvrer pour une réelle intégration des politiques de gestion des ressources et de sécurisation contre les menaces asymétriques en l'occurrence le terrorisme et la criminalité maritime. De même, une réelle adhésion de tous les Etats de la région peut leur permettre de taire leurs différends frontaliers et former un groupe fort et crédible, capable de mieux défendre leurs intérêts dans cette cours diplomatique des grandes puissances. Pour cela, il leur faut au préalable se soustraire de cette réception euphorique des initiatives diplomatiques des puissances américaines, asiatiques et européennes. Elles alourdissent la tutelle politique, stratégique et économique que ces puissances exercent sur les Etats africains.

Cette étude ouvre ainsi d'autres pistes de recherches qui méritent d'être explorées. Placé au centre des enjeux internationaux de l'heure, le continent africain demeure paradoxalement le moins intégré dans le concert des nations. Les modalités de cette intégration devraient intéresser la recherche stratégique. Et si on convient avec Alain Fogué Tédom que la voie la plus rationnelle est la sortie de l'extraversion par l'acquisition d'une autonomie politique et stratégique329(*), l'opérationnalisation de ce projet demeure à définir.

La sauvegarde des intérêts des puissances occidentales et asiatiques sur le continent ne pouvant que les amener à redouter cette émancipation, l'enjeu pour les Etats africains et plus particulièrement du golfe de Guinée est d'inscrire leurs initiatives dans une dialectique des intelligences qui passe au préalable par un éveil stratégique. Par pragmatisme, le problème est de pouvoir instituer cet éveil sans toutefois se mettre en situation de défiance face à ces puissances ; auquel cas elles s'attacheraient à l'étouffer car tirant grand profit de la cécité stratégique des leaders africains. En ce sens, il se dégage au confluent de la mondialisation l'impératif d'une réelle réflexion sur la sortie de cet handicap à la capacité des leaders africains à définir eux-mêmes l'intérêt de leurs pays et de se donner les moyens de les réaliser.

Enfin, l'objectif poursuivi dans cette étude était de montrer que les initiatives diplomatiques des grandes puissances en Afrique sortent des canevas libéraux pour poursuivre des buts réalistes et géostratégiques centrés autour de l'occupation et du contrôle de l'espace africain. Peut-on dire que cet objectif a été atteint? Nous pouvons l'estimer. Toutefois, il convient de reconnaitre que les résultats auxquels nous sommes parvenus souffrent d'une limite importante liée au fait que le réel scientifique n'est jamais saisissable dans sa totalité. Ils s'inscrivent dans l'essence de toute connaissance scientifique qui, d'après Bachelard, doit se former en se reformant par une continuelle évaluation330(*).

* 323 Cité par Alain FOGUE TEDOM, «  La géostratégie », op.cit, p.45.

* 324 Raymond ARON, Paix et guerre entre les nations, op.cit., pp.100-101.

* 325 Ibid. pp.17-18.

* 326 Guillaume DEVIN, Sociologie des relations internationales, op.cit. p.74.

* 327 Jean-Jacques ROCHE, Relations internationales, op.cit., p.116.

* 328 Lire à ce sujet Albert-Didier OGOULAT, « La Commission du Golfe de Guinée, instrument du renouveau maritime sous-regional ? », in Stratis.org, 2005, http://www.stratisc.org/Strategique_80_Ogoula2.htm, consulté le 15 août 2009.

* 329 Alain FOGUE TEDOM, « Les questions stratégiques », op.cit., p.5.

* 330 Gaston BACHELARD, La formation de l'esprit scientifique, op.cit., p.15.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams