WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Production cotonnière et développement rural au Burkina Faso: controverses et réalité. Cas du département de Diabo dans la province du Gourma

( Télécharger le fichier original )
par Paul Marie MOYENGA
Université de Ouagadougou - Memoire de Maà®trise de Sociologie 0000
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE V : LE COTON DANS LE MILIEU RURAL DIABOLAIS

Le coton constitue aujourd'hui la première culture de rente du département de Diabo quelques dix (10) ans seulement après sa vulgarisation en tant que culture commerciale.

V.1. Historique

L'historique de la production cotonnière dans le département de Diabo s'inscrit dans celui global du Burkina Faso dépeint par A. SCHWARTZ (1993a)12. Alors, dans la région de l'Est dont relève le département, le coton est antérieur à la loi SARRAULT et au programme de promotion du monde rural (création des ORD, 1966 pour celui de l'Est) initié aux lendemains des indépendances par le jeune Etat. Avec pour mission de promouvoir une agriculture moderne en associant étroitement cultures vivrières et cultures de rente, les ORD constituaient des espaces de promotion et d'encadrement de la production cotonnière. Ainsi, le coton s'est toujours produit dans la région de l'Est et dans le département de Diabo même si l'ampleur et la portée économique n'ont jamais revêtu les dimensions actuelles. Pour ce qui est du département de Diabo, les années 90 constituent un tournant décisif vers la situation actuelle.

V.1.1. Avant 1997

Jusqu'en 1997, la production cotonnière dans le département de Diabo demeurait une activité marginale ; c'étaient de simples petits lopins de terrains qui étaient exploités à des fins purement domestiques notamment pour le filage13 par les vielles femmes. Ces fils étaient utilisés soit à la maison pour coudre ou raccommoder les vieux habits et les calebasses brisées, soit confiés à un spécialiste local pour le tissage, ou encore simplement vendus sur le marché. Les bandes tissées, teintes ou non, se retrouvaient en partie sur la place du marché pour les besoins de sacrifices

12 Voir Introduction.

13 Le filage est une activité exclusivement féminine alors que le tissage est le domaine réservé aux hommes.

ou autres rituels, l'autre grande partie confiée aux tisserands pour la confection de pagnes et d'habits. Ces pagnes tissés traditionnellement sont aujourd'hui encore prisés surtout par les femmes. Les hommes qui les affectionnent aujourd'hui sont pour la plupart des hommes de tradition, dont les chefs traditionnels qui se font toujours vénérer sous ces accoutrements traditionnels. Sur les marchés des villages, le coton ne se rencontrait qu'en infime quantité se vendant, non pas au kilogramme, mais par poignée. Par ailleurs, le coton offrait une potentialité alimentaire bien négligeable. Les grains de coton artisanalement égrené servaient de semence pour la campagne prochaine mais pouvaient aussi être utilisés dans la préparation d'un plat local : le gaonré. La proportion des grains était du quart (1/4) par rapport à la quantité de haricot à laquelle il est combiné pour la recette. Au regard donc de sa marginalité économique et de sa faible marge alimentaire, la production cotonnière n'était que le fait des femmes qui la réalisaient à côté de leur lopin de gombo en culture annuelle ou à l'abri d'un couvert végétal en culture pluriannuelle pour leur besoin de filage pendant la saison sèche. La culture pluriannuelle étant rendue possible par les caractéristiques même de l'espèce Gossypium Arboretum qui, avec sa taille imposante et un fort branchage, pouvait subsister et rester productive pendant trois (3) à quatre (4) campagnes agricoles. Au tournant des années 1997, cette culture va connaître un nouvel élan qui va la propulser à la tête de toutes les autres productions de rente du département.

V.1.2. A partir de 1997

C'est en 1997, le 07 juillet que le premier ATC est arrivé dans le département de Diabo, un agent travaillant pour le compte de la SOFITEX. Sa mission était de promouvoir la culture du coton dans cette zone non productrice, du moins marginalement, en assurant l'accompagnement technique et l'approvisionnement en intrants agricoles et l'écoulement de la production. Cette mission s'inscrivait dans le cadre du "plan d'actions pour la relance de la production cotonnière de 1995/96 à 2000/2001" initié par la SOFITEX et ses partenaires. Ce programme de relance intervenait en réponse aux conséquences de l'effondrement des cours mondiaux du coton en 1993. Cette crise a particulièrement déstabilisé la filière coton du Burkina Faso au plan financier et au plan de la production qui s'est écroulée en 1993/94 à un moment où, par la conjoncture de deux événements, les filières coton de la zone du

FCFA retrouvaient l'équilibre et la compétitivité sur le marché mondial. En effet, la dévaluation du FCFA intervenue en janvier 1994 et le relèvement des cours du coton sur le marché international ont bouleversé les données du secteur coton en le faisant passer de secteur structurellement déficitaire en un secteur susceptible de générer une bonne croissance dans de bonnes conditions de rentabilité. Ironie du sort, cet environnement favorable intervient à un moment où le pays enregistrait son mauvais record de production de coton graine, soit 116598 tonnes contre 163301 tonnes la campagne précédente, c'est-à-dire 1992/93 (Plan d'actions pour la relance de la production cotonnière de 1995/96 à 2000/2001, annexe1). Dès lors, il est évident qu'il était de « l'intérêt national que la récolte du coton graine connaisse un essor important en volume et en quantité afin que le Burkina, à l'instar de la majorité des pays africains de la zone franc, puisse tirer profit du contexte économique particulièrement favorable au coton » (Plan d'actions pour la relance de la production cotonnière de 1995/96 à 2000/2001, p.3)

Ainsi, l'Etat burkinabè, à travers le MARA, le CNRST et le CRPA, s'est engagé aux côtés de la SOFITEX appuyée par la CNCA, le Fonds de Développement et la CFD, pour définir des axes d'intervention dans le but de tirer profit de cet environnement plus que jamais faste. A l'issue d'un examen des origines de la crise que traverse la filière coton, un certain nombre de pistes ont été dégagées au nombre desquelles l'institution du GPC comme niveau d'intervention en lieu et place du GV comme mesure d'assainissement de la gestion des crédits, l'intensification de la production dans les zones traditionnelles, et enfin l'extension de la culture à de nouvelles zones de production potentielle. Et c'est suivant les recommandations de cette nouvelle mesure que les provinces de l'Est du pays (la région de l'Est) dont la province du Gourma et partant, le département de Diabo ont été reconnues zones à potentialités de production. Voilà pourquoi l'année 1995 peut être considérée comme l'année d'entrée officielle du département dans la production cotonnière. Dès lors, le coton devenait une activité économique. Du fait de sa facilité d'écoulement, le coton a vite conquis les espaces diabolais plaçant le département aux avant-postes des grands producteurs de la province dès les premières heures de son introduction. Déclassant les anciennes cultures de rente tels le soja, le haricot et les arachides contrariées par l'incertitude du marché, les difficultés de transport et de conservation, le coton s'est imposé incontestablement comme la première culture de rente du

département. Lors de sa visite au chef lieu du département en 1995, le Président du Faso lui-même n'a pas manqué de présenter l'extension de la production cotonnière comme une opportunité de sortie de pauvreté pour les pays et les inviter à s'y investir. Le tableau de l'annexe 7 montre l'évolution de la production cotonnière du département depuis 1997. Lors de la campagne 2005/2006, sur l'aire départementale, 62 GPC ont investi 2 500 ha de terrain qui ont produit 2 253 tonnes de coton soit un rendement moyen d'environ 900 kg/ha (Rapport du CC du département). Ainsi, le plan d'actions pour la relance de la production cotonnière de 1995/96 à 2000/2001 a consacré la promotion du coton dans le département de Diabo en tant que culture de rente, une production qui ne tarderait pas à faire ses preuves en tant que facteur de mobilisation de ressources dans ce milieu rural.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway