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La participation outil de citoyenneté ?

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par Gildas CADUDAL
Université de Nantes (France) - Maitrise en intervention et développement social 2005
  

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I/ « On met très longtemps à devenir jeune »74

Cette métaphore poétique que nous devons à Picasso vient à propos illustrer les différentes théories qui tentent de définir et cadrer la jeunesse. En effet, l'évolution des approches tend à allonger et rendre plus floue cette période de la vie.

1/ Approches par âge et par cycles

L'approche la plus commune et la plus ancienne de la jeunesse se fonde sur des critères d'âge. S'il s'agit d'une méthode de classement commode, elle est forcément arbitraire et réductrice : s'agit-il des 15-20 ans, des 18-25 ans, des moins de 30 ans ? Les politiques publiques en direction de la jeunesse opèrent différemment d'un ministère ou d'un organisme à l'autre, la logique de chaque organisation conditionnant la tranche d'âge. Il ne s'agit assurément pas là d'une approche scientifique valide. Ces critères d'âge se heurtent en fait à l'incertitude quant à la délimitation de la jeunesse. Souvent définie par défaut en fonction des âges qui la précèdent ou qui la suivent elle « pose en effet un problème de bornage, et sa définition semble parasitée par la double question de définition de ses marges enfantines et adultes »75.

Finalement la définition romaine du juvenes, celui qui n'est plus adolescent mais pas encore adulte, celui qui n'est pas encore socialement et matériellement indépendant apparaît plus juste qu'une définition-couperet par l'âge. Elle nous conduit vers une autre approche plus dynamique est l'approche sociologique basée sur une théorie des cycles d'existence. Cette approche est celle développée et étudiée depuis une cinquantaine d'années dans les pays anglo-saxons et au Québec.

La jeunesse vue sous cet angle est un temps de transition, de passage marqué par des étapes repérables conduisant à « l'âge adulte ». Cet approche se base sur des événements : acquisition de droits de citoyen, indépendance de logement, établissement en couple, stabilisation professionnelle... Elle permet d'envisager dynamiquement la jeunesse, comme une période balisée d'étapes et non bornée par des âges limites. Cette approche est celle reprise et développée dans les années 1990 par Olivier Galland, qui fait référence en matière de sociologie de la jeunesse en France.

73 Bernard BASTIEN & Philippe BATAILLE in Conseilleriez-vous à un(e) ami(e) de venir ici ? Vivre en FJT, pour une interprétation de situations de jeunesse, 1998, p.43

74 Pablo PICASSO, cité par Francine LABADIE & Tariq RAGI, « Citoyenneté et participation des jeunes en France », Agora débat-jeunesse n°27, 2002, p.120

75 Introduction de Ce que nous savons des jeunes, 2004, p.10

Il distingue ainsi quatre phases successives : la fin des études, le départ du domicile familial, l'insertion dans le marché du travail, la formation d'un couple ; chaque individu mettant en jeu ces différentes phases en fonction de son libre arbitre. Les différents moments marquent la réalisation de différentes indépendances.

Toutefois ces modèles se basent sur une référence qui est « l'âge adulte », or « Qu'en est-il aujourd'hui alors que la période de l'âge adulte n'est plus linéaire mais instable, flexible, faite d'allers et retours ? »76. L'évolution de l'insertion des jeunes dans les sociétés occidentales amène une remise en cause : « l 'ordre de succession qui, aux yeux de Galland, jalonne l'entrée dans la vie adulte est devenu caduc. Le passage des études au marché du travail, propice au départ du domicile familial et à la formation du couple, est en voie de devenir une exception »77.

2/ De la jeunesse aux jeunes

Une troisième approche tenant compte à la fois de la désynchronisation des phases d'insertion et des nuances apportées à une notion figée de l'âge adulte est l'approche processuelle. Le temps de la jeunesse est alors mis en perspective par rapport au processus d'autonomisation d'une part du point de vue de l'insertion, d'autre part du point de vue de la chaîne des générations. Dans cette perspective les éléments constitutifs de la jeunesse sont faits de socialisations, de construction d'identités, d'autonomisation mais aussi d'inscriptions générationnelles.

Cette démarche en terme de processus gomme les bornes et les étapes au profit de notions de flux et de dynamique : « L'insertion sociale et professionnelle s'établit désormais dans la lignée d'une "définition progressive de soi qui n'a plus le travail pour vecteur, mais "l 'expérimentation ". (...) L'expérimentation se révèle le canal par lequel les jeunes s'intègrent à la société et deviennent des citoyens »78. Par parenthèse, cette approche remet singulièrement en cause les politiques tournées vers une jeunesse bornée arbitrairement par des âges, et plaide pour une refonte des actions basée sur l'analyse des processus et des rapports sociaux.

L'éclatement et la diversité des situations des jeunes amène une interrogation majeure. Peut-on parler encore parler de la jeunesse ? Une telle approche signifie qu'il existe une série de dénominateurs communs, d'éléments cristallisants permettant de distinguer clairement comme groupe social « la jeunesse ». Or nous sommes en face du constat de « ...l'individualisation des attitudes, des comportements juvéniles et de l'effacement des bornes-frontières délimitant "la jeunesse en tant que groupe spécifique »79.

En cherchant à opérer un tri en fonction des logiques d'identification et de distinction, l'aboutissement est d'éclater le groupe homogène la jeunesse pour aboutir sur les jeunesses, composée de sous-groupes hétérogènes : les jeunes des banlieues, les jeunes travailleurs, les étudiants...

76 Jean-Charles LAGREE, « Jeunes et citoyenneté », Problèmes politiques et sociaux, n°862, 2001, p.4

77 Bjenk ELLEFESEN & Jacques HAMEL, « Citoyenneté, jeunesse et exclusion. Lien social et politique à l'heure de la précarité », RIAC, 2000, p.136

78 Idem, p.138

79 Sébastien SCHEHR, « Processus de singularisation et formes de socialisation de la jeunesse », RIAC, p.49

Cette classification pose à son tour une difficulté car elle se heurte à « ...l'existence même de critères stables et univoques de différenciation entre les jeunesses, mais aussi interroge (...) les fondements de la variabilité : est-ce une question d'époque, de mode, d'appartenance sociale de singularisation? »80.

Nous aboutissons ainsi à la dissolution des catégories la et les jeunesse(s). L' individualisation est dynamique et instable, elle est liée à des « ...effets d'âge, de sexe ou de classe qui semblent déterminants quant aux attitudes et aux pratiques, alors qu'à d'autres ils semblent inopérants »81. Dans ce contexte fluctuant il devient difficile d'effectuer des regroupements et d'affecter aux individus des catégories. Force est de constater qu'avec cette individualisation des parcours émerge une nouvelle entité : les jeunes :« Prenant acte d'un certain polymorphisme identitaire, du jeu toujours possible des affiliations et des désaffiliations et de l'agir qui en découle, il nous faut peut-être désormais faire le deuil de "la jeunesse afin d'appréhender les identités sous lesquelles "les"jeunes apparaissent ainsi que les comportements qui les révèlent »82.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote