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La participation outil de citoyenneté ?

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par Gildas CADUDAL
Université de Nantes (France) - Maitrise en intervention et développement social 2005
  

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II/ Le cadre participatif dans les foyers

Nous avons vu dans la partie consacrée à l'histoire des FJT que la participation des jeunes est à la fois voulue mais aussi source de conflit. Avec l'institutionnalisation des FJT, le cadre participatif est désormais fixé par différents codes ou lois comme nous allons le développer maintenant.

1/ Plusieurs instances légales

a/ Le conseil de concertation du Code de la construction138

La mise en place d'un conseil de concertation est obligatoire dans tous les logementfoyers (art. L. 633-4 du Code de la construction et de l'habitation).

Il est composé à parité de représentants du gestionnaire ou du propriétaire et de représentants des résidents désignés par le comité de résidents du foyer ou, à défaut, directement par les résidents eux-mêmes. Il faut noter que la notion de comité de résident évoquée ici n'est pas développée davantage quant à sa forme, sa composition et ses modalités de réunion.

Le conseil de concertation doit se réunir à la demande du gestionnaire ou des représentants des résidents au minimum une fois par an. Il doit être consulté sur l'élaboration et la révision du règlement intérieur. Il doit l'être également avant la réalisation de travaux, ainsi que sur tout projet et sur l'organisation, dont la gestion des espaces collectifs, ayant une incidence sur les conditions de logement et de vie des résidents.

Les membres du conseil de concertation peuvent être assistés de toute personne dont la compétence est jugée utile.

137 Citation tirée du Ouest-France, édition de Lorient, du 21 juin 2005

138 Textes de référence : Code de la construction et de l'habitation : articles L. 633-1 à L. 633-5, R. 353-154 à 164-1, R. 353-165 à R. 353-165-12 ; convention type APL « résidences sociales » ; convention type APL « logements-foyers autres que résidences sociales »

b/ La loi de rénovation sociale du 2 janvier 2002139

Cette loi instaure une série de dispositifs prônant la participation de l'usager, et notamment le Conseil de la vie sociale, qui est un dispositif de participation des usagers à la vie de l'établissement. Le concept de citoyenneté se retrouve dans le Conseil de la vie sociale sous deux formes : « La première "C'est parce que je fais la loi que j'y obéis"- autrement dit le règlement de fonctionnement doit être le fruit d'une concertation avec l'usager - et la deuxième acception, c'est organiser la vie dans la "cité"que constitue l'établissement »140. Nous retrouvons ici le fondement du concept d'autonomie : se donner (auto) sa propre loi (nomos), en nouant liberté individuelle et collective : « pour Hegel l'auto-nomos se confond avec la conformité à la raison, force qui ne s'impose pas de l'extérieur, alors que l'auto-législation est pour Castoriadis une procédure de décision, une participation, un acte »141.

(reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur)

Document n°9 : Dessin de Jiho , publication
originale dans lien social

Il est intéressant de noter que la genèse de cette instance remonte au conseil d'établissement instauré initialement par la loi du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales, qui fut suivie par de nombreux décrets, circulaires et lois ayant tous pour objectif la mise en place d'instances de participation des usagers dans les établissements. Or « Le conseil d'établissement n'a pas eu le succès qu'il aurait mérité. Tous secteurs confondus, moins d'un tiers des établissements se seraient acquittés de cette obligation »142. Le Conseil de la vie sociale imposé par la loi de rénovation sociale vise à rendre effective, après nombre d'essais infructueux, la participation des usagers dans les établissements.

Le conseil de la vie sociale est obligatoire lorsque l'établissement ou le service assure un hébergement. Les FJT qu'ils soient résidences-sociales ou logementsfoyers sont donc concernés. Une procédure très détaillée de la mise en place et du fonctionnement de ce conseil est établie par la loi143.

Le conseil de la vie sociale donne son avis et peut faire des propositions sur toute question intéressant le fonctionnement de l'établissement ou du service, notamment sur l'organisation intérieure et la vie quotidienne, les

139 Décret n° 2004-287 du 25 mars 2004 relatif au conseil de la vie sociale et aux autres formes de participation institués à l'article L. 311-6 du code de l'action sociale et des familles

140 J. SANCHEZ, 2004, p.17

141 Gérard DAVID, « Cornélius Castoriadis, le projet d'autonomie », 2001, disponible sur : http://perso.wanadoo.fr/marxiens/philo/castoria.htm

142 R. JANVIER & Y. MATHO, 2004, p.147

143 Le détail est joint dans l'annexe 2

activités, l'animation socioculturelle, les projets de travaux et d'équipements, la nature et le prix des services rendus, l'affectation des locaux collectifs, l'entretien des locaux, les relogements prévus en cas de travaux ou de fermeture, l'animation de la vie institutionnelle et les mesures prises pour favoriser les relations entre ces participants.

Bien évidemment il y a des enjeux de pouvoir qui apparaissent immédiatement sousjacents à la mise en place de ce genre d'instance, or il est clairement exprimé ici que le conseil de la vie sociale à une fonction d'avis, pas de décision. La fonction d'autorité, qui se traduit par le pouvoir de décision demeure de l'ordre de la direction des structures concernées. Ceci n'est pas sans susciter quelques interrogations : « Le fait que le conseil de la vie sociale n'ait aucun pouvoir de décision en entame quelque peu le caractère démocratique comme il porte ombrage à la crédibilité du législateur. Qu'est-ce en, effet, qu'un organe à caractère politique muet ou sans conséquence ? On peut se demander s'il ne s'agit pas, là encore, d'une mesure cosmétique permettant à l'Etat de se prétendre en phase avec la mouvance participative et citoyenne des usagers... »144.

En fonction de l'organisme ou de l'établissement il se peut que le conseil de la vie sociale ne puisse pas être mis en place. Un « groupe d'expression ou toute autre forme de participation » peut être institué dans ce cas ; « Qu'on l'appelle conseil de la vie sociale, groupe d'expression ou toute autre dénomination est de peu d'importance, pourvu qu'il remplisse ses multiples missions, dont la moindre n'est pas un apprentissage de la démocratie »145.

L'article L. 311-5 du code de l'action sociale et des familles précise ainsi que la participation peut également s'exercer :

? par l'institution de groupes d'expression au niveau de l'ensemble de l'établissement, du service ou du lieu de vie et d'accueil

? par l'organisation de consultations de l'ensemble des personnes accueillies sur toute question concernant l'organisation ou le fonctionnement de l'établissement, du service ou du lieu de vie ou d'accueil

? par la mise en oeuvre d'enquêtes de satisfaction.

Ces adaptations appellent plusieurs commentaires. Sur un versant positif, deux remarques. D'abord il faut y voir le désir du législateur de ne pas substituer systématiquement aux instances déjà existantes le conseil de la vie sociale. Si nous avons souligné que la loi du 30 juin 1975 n'avait eu qu'une application imparfaite, nombre d'établissements ont tout de même mis en place des instances de concertations ; puisqu'elles existent et fonctionnent autant les conserver. Ceci est également le cas des Foyers de Jeunes Travailleurs : les instances existantes, mises en place en suivant le Code de la construction, peuvent ainsi perdurer. Ensuite il s'agit d'une souplesse importante par rapport aux procédures visant à établir le conseil de la vie social. Nombre d'établissements, tels les Centres d'Hébergement et de Réadaptation Sociale (CHRS) ou les Foyers de Jeunes Travailleurs ont un public effectuant des séjours courts ou irréguliers. Cela est parfaitement incompatible avec certains aspect formels de la loi 02/2002 tel l'élection pour un à trois ans de délégués et de suppléants. Le législateur

144 Yves BOUTROUE, Les cahiers de l'actif, n°330/331 p.151

145 Idem

offre donc une assez large possibilité d'adaptation, l'essentiel étant qu'une forme adaptée de participation soit mise en oeuvre.

Sur un versant négatif, nous pouvons rappeler que cela exclut du cadre général et crée des « citoyens de seconde zone ». Par ailleurs, il s'agit d'un amoindrissement de la portée du conseil de la vie sociale. Or celle-ci est déjà limitée : « Cet organe, qui n'a aucun pouvoir de décision, doit pouvoir donner un avis écouté sur tout ce qui concerne la vie de l'institution (...). Ses avis doivent être en effet écoutés, car si son objet pédagogique/éducatif doit être atteint, certains de ses avis doivent être suivis d'effets, sous peine de déconsidérer l'ensemble du dispositif (et de ses attendus) aux yeux des usagers »146. Nous retrouvons ici les critiques déjà formulée dans le chapitre intitulé « Participer dans un cadre spécifique ? ».

c/ Le cadre associatif

Les chiffres nationaux donnés pour 2003 par l'UFJT indiquent que parmi les 353 FJT adhérents, 92% sont des associations loi 1901. Le statut associatif est donc la règle très largement dominante.

Il n'y a pas de statut-type propre aux associations FJT. Toutefois très classiquement, les associations gestionnaires ont une assemblée générale annuelle des adhérents, un conseil d'administration qui se réunit à quelques reprises durant l'année, et un bureau qui se réunit régulièrement et s'occupe de la gestion courante.

Parmi les administrateurs, il y a bien entendu des représentants des adhérents, il y a souvent des membres de droit représentants les administrations (Ville, CAF, DDASS...) et les organismes partenaires (bailleurs sociaux, Mission Locale...), souvent aussi des représentants du personnel.

Les représentants des adhérents au conseil d'administration, par exemple les jeunes résidents, ne sont pas nécessairement élus lors de l'assemblée générale de l'association mais plutôt lors de l'assemblée générale de la résidence dont ils font partie.

Ce cadre associatif est très important, les FJT se revendiquent ainsi dans la mouvance de « l'économie sociale », c'est à dire « ...un espace associatif autonome, à la fois spécifique et réellement intermédiaire entre l'Etat et le marché, à partir duquel pourrait se reconstruire le lien social... »147.

2/ Une affirmation politique forte de l'UFJT148

La charte de l'UFJT dans son « Engagement collectif 2000-2002 » affirme le point suivant : « Chaque action devra être conçue et réalisée de telle manière que ceux à qui elle s'adresse puissent trouver en y participant un apprentissage ou un approfondissement de la responsabilité individuelle et collective, de la délibération, de la prise de décision et plus généralement des pratiques et rituels démocratiques ».

146 Idem

147 M. BARTHELEMY, 2003, p.77.

148 Les différentes motions d'orientation citées dans ce chapitre sont disponibles sur le site internet de l'UFJT.

Cela est réaffirmé dans la motion d'orientation 2002-2004 sous une autre forme : « Nous permettrons aux jeunes de découvrir et d'utiliser le lien associatif comme un des lieux de développement de leur être politique par un travail sur la place qu'ils peuvent prendre dans nos associations, et par un soutien aux projets qui les mettent en situation de construire ensemble une volonté générale. ».

Dans la motion 2004-2006 quatre orientations sont définies dont l'une porte sur la démocratie et affirme la conviction de l'UFJT que « L'acte éducatif est un préalable à la citoyenneté et qu'il nécessite la recherche de formes prenant en charge les évolutions et les méthodes qui croisent volonté de démocratie participative et pratiques de l'éducation populaire ».

Cela est traduit dans le programme d'action national pour 2004-2006149 par le point suivant :

Document n°10 : Extrait du programme d'action national 2004-2006 de l'UFJT

S'il faut voir dans ces différentes motions une affirmation forte, c'est bien qu'il y a « ...déficit constaté dans ce domaine... »150. Il est permis de se demander l'efficacité de cette injonction car « ...elle indique également la dominante d'une conception classique de la participation -c'est à dire mobilisant des formes de l'implication exclusivement basées sur le modèle de la démocratie représentative aujourd'hui en crise- dont rien ne dit d'ailleurs qu'elle soit en phase avec les attentes juvéniles »151. La mention faite dans le tableau précédent concernant des « pratiques innovantes en matière de

149 Disponible sur le site internet de l'UFJT

150 B. BASTIEN & P. BATAILLE, 1998, p. 126

151 Idem p. 126-127

participation » semble montrer que cet obstacle est connu.

Toutefois nous soulignerons que l'UFJT ne reste pas au stade des recommandations, et pour montrer la voie, l'Union a mis en place début 2005 au niveau national une commission pédagogie pour les professionnels, et pour les résidents une nouvelle instance appelée « Collège des jeunes ».

La commission pédagogie est un « nouvel espace en charge de la réflexion, la capitalisation, et la diffusion de nos pratiques pédagogiques » dont l'un des axes est de « Soutenir un protocole de recherche sur la participation des jeunes ».

Le « Collège des jeunes » a pour but de concrétiser cette volonté politique. L'extrait d'interview d'un jeune membre de cette nouvelle instance illustre l'intérêt que les résidents peuvent y trouver152.

Document n°11 : Extrait de Brèves n°79

Qu'espérez-vous apporter à cette instance ?

V : D'abord de la jeunesse. Nous avons une attente différente des autres membres du CA car nous sommes aussi résidents. On voit la situation et les problèmes au jour le jour comme l'insécurité, l'insertion des jeunes, etc., de nombreux pôles sur lesquels on a envie de travailler. Nous sommes sans doute les mieux à même d'apporter une base concrète au CA...

B : ... et qui colle à la réalité, même s'il est vrai que les actions menées jusqu'à présent étaient déjà bien conformes aux réalités des foyers.

 

152 Extrait du n°79 de Brèves, le journal interne de l'UFJT, en avril 2005, interview complète jointe en annexe 4

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King