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Les pistes de réforme du système monétaire et financier international depuis la crise

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par Maxime Gasser
Université Pierre Mendès-France Grenoble - Master 1 2010
  

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2. Rôle des banques centrales : comment le réformer ?

Les banques centrales ont joué un rôle important lors de la crise financière, en particulier la BCE et la Fed (Federal Reserve System). Celles-ci ont permis d'éviter la pénurie en injectant des liquidités et en achetant des actifs toxiques afin d'épurer le marché. Cette fonction de prêteur en dernier ressort (PDR) est essentielle mais insuffisante. Plus largement, les banques centrales ont intérêt à revoir leur mode de fonctionnement, et notamment la hiérarchie de leurs objectifs et le risque d'amplification des phases de bulle spéculative.

Selon Castel & Plihon (2009, p. 236), les banques centrales ne doivent pas se contenter de la surveillance de l'inflation, mais également surveiller le prix des actifs financiers, afin de détecter les phases d'euphorie. Les autorités monétaires négligent trop souvent cet aspect, arguant qu'elles ne maitrisent pas aussi bien l'information que le marché, supposé efficient. Or la crise a montré que le refus des banquiers centraux ne tient pas face aux pertes considérables induites par la crise

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financière. Ainsi, les auteurs démontrent qu'il ne faut plus cloisonner politique monétaire et politique prudentielle. Les banques centrales doivent coordonner leurs pratiques avec les autorités de régulation. Ainsi, un ancien gouverneur de la Banque de France (BdF) préconisait récemment un système prudentiel coordonné au niveau européen, mais également des mécanismes de surveillance et d'alerte gérés conjointement par la BdF et la BCE (Castel & Plihon, 2009, p. 237). Les institutions financières sont tenus de s'adapter aux contextes sans cesse changeant ; les banquiers centraux « conservateurs » doivent se transformer en banquiers centraux dont la priorité serait la stabilité financière.

Par ailleurs, le rôle du PDR est discutable. L'interventionnisme des banques centrales lors des situations d'illiquidité est justifiée, mais elle comporte trois principaux biais :

Un premier biais est celui de l'aléa moral, puisque l'injection in fine de liquidités par les banques centrales incite à la prise de risque. Cela peut amener des spéculateurs à être moins vigilants sur leurs prises de positions financières. Par ailleurs, la fonction d'acheteur d'actifs en dernier ressort, lors de la dernière crise, peut introduire un certain laxisme (puisque les toxiques sont rachetés par la banque centrale, en dernier recourt). Deux réformes sont possibles : d'une part « un refinancement individualisé par groupe bancaire », afin de rendre moins anonyme le refinancement des banques auprès de la BCE, et d'autre part une obligation de réserves obligatoires plus exigeante, notamment par une diversification des contreparties.

Le taux d'intérêt directeur des banques centrales a une double fonction, ce qui peut être ambivalent. Selon Adda (2010), le taux d'intérêt régule à la fois le niveau d'activité et le coût du refinancement et donc des actifs financiers. Or les objectifs sont contraires : s'il est nécessaire de maintenir des taux d'intérêts faibles afin de relancer l'activité, cela provoque une inflation des prix des actifs sans rapport avec les fondamentaux de l'économie. La réduction des taux directeurs en vue de soutenir l'activité a donc un « biais expansionniste ». Une solution serait d'intégrer la maitrise de l'inflation financière dans les objectifs des banques centrales. Une autre consisterait en un dédoublement de la politique monétaire, en ajoutant à la gestion du taux directeur l'utilisation de la « détente quantitative »26, qui assurent la liquidité par un rachat des titres : le taux directeur à la politique monétaire, et la détente quantitative à la politique

26 La détente quantitative se décline en une version active, qui consiste en un rachat par la BCE des titres sur le marché obligataire, et une version passive, qui propose des prêts aux banques à taux fixe sur longue période (1 ans).

prudentielle.

Enfin, la fonction de PDR peut favoriser l'apparition de bulles spéculatives, par la fourniture trop facile et trop importante de liquidités. Adda précise qu'il peut y avoir un lien entre la rapide reprise des bourses occidentales (et en particulier l'inflation des principaux cours, et les indices boursiers qui ont retrouvé leur niveau d'avant-crise) et les apports de liquidités de la BCE. La réforme consiste à réguler les apports de liquidités, à et inciter les banques centrales à évaluer le risque en permanence, afin de ne pas se laisser prendre de court.

De ces analyses, il ressort que les banques centrales ont un rôle primordial dans la stabilité du Système Financier International. Cela étant, elles doivent apprendre à mieux comprendre et gérer le risque, réguler et évaluer les apports de liquidités dans leur fonction de PDR, et veiller à coordonner politique monétaire et politique prudentielle.

Ces changements institutionnels complètent les autres pistes de réforme établies au cours de cette Partie I. Nous avons vu les réformes nécessaires dans le secteur bancaire (et notamment la réglementation prudentielle), qui sont un premier pas vers la stabilisation du Système Financier International (1). A cela s'ajoute les règles nouvelles qu'ils convient d'instaurer, comme les bonus des traders, les agences de notation... Ensuite, la sous-partie 2 a montré comment construire la stabilité du Système Financier International. Cela passe par un encadrement de la titrisation, par une incitation au long-termisme, par une réglementation des hedge funds, et enfin par une remise en question de la libre-circulation des capitaux (Taxe Tobin) tout en régulant les paradis fiscaux. Au cours de ce 3, nous avons vu qu'elles étaient les évolutions nécessaires afin d'impulser un changement institutionnel. La stabilité du Système Financier International nécessite un cadre strict et évolutif, afin de rendre les réformes possibles et pérennes. En effet, aucune tentative de régulation ne pourra se faire sans l'aide et la coordination des grandes institutions de la finance internationale (FMI, banques centrales).

Il convient désormais d'établir, dans la partie II de ce mémoire, quelles sont les pistes de réforme du Système Monétaire International (même si la dichotomie entre Monétaire et Financier est parfois floue puisque les réformes sont complémentaires). Les réformes portent sur les monnaies et leurs interrelations, et notamment les déséquilibres macroéconomiques liés aux statuts des monnaies, ainsi que l'ensemble des problématiques liées au dollar.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand