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Etude et analyse du risque de crédit dans une institution de microfinance: cas de PADME-Bénin

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par Narcisse SOGLOHOUN
Ecole Nationale d'Economie Appliquée et de Management Cycle 2  - Master en Banque et Finance des marchés 2006
  

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II- Identification des causes liées au risque de crédit

Les conditions de préparation et de réalisation des enquêtes de vérification des hypothèses et la préparation des résultats étant déjà précisées précédemment, il sera procédé dans ce paragraphe à l'identification des causes liées au risque de crédit.

A- Les causes liées au bénéficiaire du crédit et à l'objet du contrat de prêt

Le tableau 1 montre que 61% des dossiers étudiés sont passés en contentieux à cause de la mauvaise gestion du crédit par le client (pertes récurrentes et problèmes de rentabilité) ; 24% sont passés en contentieux à cause du surendettement du client (multiplication d'emprunt) et 15% à cause des changements brusques d'activités et des tensions au sein de l'entreprise.

Le tableau 5 montre que 14% des dossiers sont passés en contentieux à causes des facteurs externes à l'entreprise du client (escroquerie, perte de gros clients).

Le tableau 7 montre que 35% des dossiers étudiés sont passés en contentieux pour des causes que PADME ne peut prévoir (mauvaise foi du client, client «parti sans laisser d'adresse»).

Après l'analyse du problème de la dégradation vertigineuse du portefeuille de crédit, nous pouvons identifier les causes susceptibles d'être à sa base. Il s'agit des causes liées au phénomène des impayés. Ces causes seront énumérées par ordre croissant d'importance. Il s'agit de :

> Causes liées au bénéficiaire du crédit ;

> Causes liées à l'objet du contrat de prêt.

1- Causes liées au bénéficiaire du crédit

Les causes des risques varient selon que le bénéficiaire du crédit est un particulier ou une entreprise.

a- Les causes liées au particulier

Le particulier bénéficiaire d'un crédit peut exposer le banquier à trois ordres de risques :

? Le risque de décès ou d'incapacité de travail

La maladie ou l'accident peut entraîner la mort ou l'incapacité de travail d'un particulier ayant obtenu antérieurement un crédit bancaire. Cette

situation qui met fin à son activité et compromet l'exécution de son contrat avec le PADME.

Pour se prémunir contre ce risque, le Chargé de prêts exige une assurance décès pour avoir la garantie du remboursement. Il est également prudent de faire garantir le conjoint qui se portera ainsi caution. Par ces procédés, les conséquences de certaines situations successorales sont évitées.

· Le risque de perte d'emploi

Ce risque souvent lié aux salariés survient en cas de licenciement sans possibilité de retrouver immédiatement une situation équivalente.

En raison de la nécessité pour beaucoup de pays dont le Bénin, de recourir au Programme d'Ajustement Structurel, ce risque connaît présentement un taux assez élevé. Ainsi, la compression du personnel, la privatisation des entreprises jadis publiques, la promotion de départs volontaires pour la retraite jette quotidiennement dans les rues de nombreux salariés. C'est pourquoi pour se mettre à l'abri de ce risque, le Chargé de prêts devra tenir compte de la surface financière de l'employeur du crédit et de ses charges salariales. Il tiendra également compte de la profession du conjoint du bénéficiaire du crédit.

· Le risque d'endettement excessif

Ce risque découle de la mauvaise foi du crédité qui, soit a détourné le crédit de l'objet pour lequel il était accordé, soit a dissimulé ses dettes antérieures déjà importantes. Pour se prémunir contre cela, le Chargé de prêts exige souvent l'attestation irrévocable du virement de l'échéance mensuelle du crédit signée par l'employeur.

b- Les causes liées à l'entreprise

Les risques liés à une entreprise dépendent de trois éléments essentiels.

· Le secteur d'activité

Un mauvais choix de l'activité principale d'une entreprise peut aboutir à des investissements sans lendemain. Il peut s'agir d'un secteur trop concurrentiel ou qui présente très peu d'intérêt. L'avenir d'une telle entreprise est menacé et les chances de remboursement d'un crédit sont très faibles.

· La situation financière

Les crédits accordés à des entreprises qui manquent de ressources, qui n'ont pas de fonds de roulement suffisant ou qui se sont trop endettées comportent de grands risques.

Il en est de même pour celles qui ont trop investi dans les immobilisations, celles dont les frais généraux sont excessifs avec des prix de revient exagérés. Une production de mauvaise qualité ou au contraire de bonne qualité mais trop chère, des installations vétustes ou, à l'inverse trop somptueuses doivent inspirer au Chargé de prêts une certaine réticence.

· Les dirigeants

Les causes imputables aux dirigeants d'une entreprise découlent soit de leur compétence technique, soit de leur moralité.

Sur le plan technique, la mauvaise gestion peut irrémédiablement conduire à la faillite même si les circonstances sont provisoirement favorables. La capacité des dirigeants ou autres personnes appelées à faire fonctionner le compte de l'entreprise doit être vérifiée. Cela permet de s'assurer que les associés ou les autres créanciers ne pourront pas contester le droit de cette personne d'aliéner l'actif ou d'augmenter le passif de la société.

Sur le plan moral, le Chargé de prêts doit se méfier des entreprises qui présentent de fausses déclarations fiscales pour lesquelles elles se verront infliger des amendes susceptibles de les mettre en situation critique.

Le détournement des crédits bancaires à des fins personnelles peut faire courir à l'entreprise et au PADME de grands risques.

Notons que les causes des risques du crédit bancaire proviennent en grande partie des co-contractants (PADME et ses clients) car d'eux dépend la conclusion du contrat de crédit. Cependant, il y a des causes qui sont liées aux crédits qui font l'objet du contrat entre le PADME et son client.

2- Les causes liées au crédit objet du contrat

Les crédits objets des contrats entre le PADME et le client sont aussi dans leur essence, les causes des risques que court le Chargé de prêts. Ces causes varient selon leur objet et leur durée.

a- Les causes dues au motif du crédit

Le motif d'un crédit, c'est sa destination, c'est-à-dire ce pourquoi il est sollicité. Traditionnellement, on distingue les crédits commerciaux, les crédits à la production, ceux destinés à l'investissement immobilier et ceux qui sont relatifs à la consommation.


·
· Les crédits commerciaux

Les crédits commerciaux sont ceux destinés au règlement des marchandises et à l'achat ou la vente à l'étranger.

Destinés au règlement des marchandises, ces crédits ne comportent pas en principe de risques car ils jouissent des mêmes caractères d'auto sécurité et d'auto liquidation que les crédits commerciaux en marchandise.

Lorsqu'ils sont destinés au financement du commerce extérieur, les risques sont plus considérables. En plus des risques du commerce interne qui sont : le défaut de payement, le défaut de livraison à temps, la mauvaise livraison, et le non règlement à l'échéance viennent s'ajouter ceux dus à l'éloignement, aux différences de langues, de monnaie, d'usages et des disparités législatives.

En fait, les risques que fait courir au Chargé de prêts, le commerce extérieur sont énormes. Il peut s'agir notamment :

· d'un risque économique à travers la détérioration des prix par la hausse des prix intérieurs.

· d'un risque monétaire : les taux de change peuvent varier d'une époque à une autre ; c'est le risque de change. Le régime monétaire peut aussi changer.

· d'un risque politique : le gouvernement d'un pays peut demander la suspension de transfert de fonds vers un pays donné. Les guerres ou grèves, la fermeture des frontières peuvent aussi entraîner le même risque.

· d'un risque catastrophique : l'inondation ou la sécheresse peuvent toujours survenir.

· d'un risque d'interruption du marché par l'acheteur ou le vendeur étranger.

· d'un risque de non payement : ce risque est commun à toutes les activités commerciales et par conséquent à toutes sortes de crédits bancaires.

Dans le souci de réduire ces risques, il a été instaurée par les banques classiques, une technique pour introduire la confiance indispensable dans la réalisation d'une opération commerciale entre deux parties situées souvent sur deux territoires différents.

Cette technique est basée sur des documents et porte le nom de "crédit documentaire".

Par référence au dictionnaire économique et financier de Yves BERNARD et Jean-claude COLLI, " le crédit documentaire est une technique de règlement d'une opération commerciale dans le déroulement de laquelle l'intervention d'un banquier mandataire de l'importateur et la transmission de

documents représentatifs de la propriété des marchandises apportent la sécurité aux deux parties".12

Grâce à ce crédit, les opérations commerciales entre deux personnes situées sur des territoires différents peuvent s'effectuer sans grande inquiétude.

Son mécanisme est très complexe et fait intervenir quatre personnes : l'importateur, l'exportateur, le banquier de l'importateur et celui de l'exportateur. Le banquier de l'importateur met à la disposition de ce dernier sa notoriété pour servir de garantie vis-à-vis de l'exportateur. Le banquier de l'exportateur correspond avec celui de l'importateur et contribue pour le compte de son client (l'exportateur) à la réalisation matérielle de l'opération.

La sécurité des quatre parties est assurée par la transmission à chaque stade de l'opération de règlement, des documents représentatifs des marchandises qui servent de garantie tant aux banquiers intermédiaires qu'à l'acheteur.

Ces documents sont :

- Le connaissement, lorsqu'il s'agit de l'expédition par mer ; il est établi en quatre exemplaires. Si l'expédition est faite par voie ferroviaire, par voie de terre ou aérienne, il est remplacé respectivement par le récépissé d'expédition par voie ferroviaire, la lettre de voiture ou la lettre de transport aérien ;

- La police d'assurance ;

- Les documents accessoires comme la facture commerciale, la facture consulaire, le certificat d'origine, le certificat sanitaire pour les animaux ou phytosanitaire pour les plantes.

12 Yves BERNARD, Jean-Claude COLLI et Dominique LEWANDOWSKI Dictionnaire économique et financier - Edition 1975

Il faut noter que cette technique de crédit documentaire qui protège contre les risques du financement du commerce extérieur n'est pas utilisée au PADME qui est une institution de microfinance.


·
· Les crédits à la production

Les crédits à la production sont ceux accordés à l'industrie, à l'agriculture et à l'activité artisanale.

Ils servent à financer soit l'acquisition des moyens de production, soit le renouvellement de l'outillage ou le fonds de roulement.

Si le remboursement du crédit est conditionné par la vente des produits découlant de l'activité exercée, le non écoulement de ces produits sera le principal risque à courir par le Chargé de prêts.

Lorsque ces crédits portent sur les activités agricoles, en plus du risque de mévente, il y a les risques catastrophiques. A cet égard, il peut s'agir de l'inondation ou de la sécheresse.

Dans le domaine industriel, la pénurie des matières premières, la révolution technique ou simplement des modifications dans les processus de fabrication sont autant de raisons qui peuvent porter un obstacle au bon déroulement de l'opération de crédit initié dans ce cadre.


·
· Les crédits à l'investissement

Que ce soit la production ou la nécessité de développer une activité, l'entreprise à besoin d'investir. L'investissement c'est l'opération par laquelle on transforme l'épargne en capital. Les crédits à l'investissement permettent à l'entreprise de disposer des moyens nécessaires pour démarrer ou développer son activité. Ce sont des crédits de long terme destinés surtout à financer les immobilisations.

En raison de la durée, ils présentent de grands risques car l'entreprise financée évolue dans un environnement incertain. Le risque d'inflation

inhérent aux crédits à long terme ne pourra être évité. De même, la non réalisation de l'objectif, l'obsolescence et la mauvaise gestion peuvent mettre l'entreprise dans une situation difficile vis-à-vis de la banque.


·
· Les crédits immobiliers

Ce sont ceux destinés à faciliter la construction d'habitation, l'acquisition ou la modernisation d'immeubles. Les risques courus par le PADME sont ceux déjà exposés ci-dessous à propos du crédit aux particuliers à savoir (l'incapacité de travail, le décès, la perte d'emploi, l'endettement excessif).


·
· Les crédits à la consommation

Ces crédits sont consentis aux ménages pour leurs besoins courants et surtout pour l'acquisition de biens durables : comme biens mobiles et équipements ménagers.

Les risques qu'ils font courir au Chargé de prêts sont les mêmes que ceux causés par une personne physique bénéficiaire d'un crédit bancaire. Les banques béninoises n'accordent ces crédits qu'à leur personnel ou à quelques fonctionnaires du secteur privé ou d'une société d'Etat financièrement solide. Ce type de crédit n'existe pas encore au PADME.

b- Les causes dues à la durée du crédit

Selon la durée, les crédits bancaires sont traditionnellement considérés en trois ordres.

- Les crédits à court terme dont la durée n'excèdent pas 2 ans ;

- Les crédits à moyen terme dont la durée est comprise entre 2 et 10 ans ; - Les crédits à long terme qui s'étalent sur la période au delà de 10 ans.

Les risques occasionnés par un crédit de court terme ne sont pas les

mêmes que ceux qui découlent d'un crédit à moyen et long terme.

Les opérations de crédit de PADME portent essentiellement sur le court terme car la durée du crédit n'excède pas 18 mois quel que soit le type de crédit octroyé. Il faut par conséquent bien saisir les risques relatifs à chaque type de crédit accordé pour ce terme. Le risque peut dégénérer soit en immobilisation à plus ou moins longue échéance, soit en perte totale ou partielle. En plus de cela, un autre risque général à ces types de crédit est celui de mauvais payement ou le risque de non remboursement à l'époque convenue.

Il faut remarquer que cette durée de remboursement (18 mois maximum) ne convient nullement au crédit à l'investissement et au crédit immobilier. A ce niveau, il existe le risque d'un mauvais remboursement et du détournement du crédit vers une activité commerciale.

B- Les causes liées à des incidents et où PADME a attendu le dernier moment pour réagir

Le tableau 4 montre que 5% des dossiers sont passés en contentieux à cause des incidents de remboursement, des échéanciers non respectés, la liquidation, le redressement et le dépôt de bilan.

C- Les causes liées à la conjoncture économique

Le tableau 6 montre que 28% des dossiers passés en contentieux doivent leurs causes à la conjoncture économique (dégradation trop rapide de l'activité du client ; importantes diminutions des revenus du client, dépenses exceptionnelles, absence d'activité sans ressources suffisantes).

L'activité économique béninoise tourne autour de trois grands secteurs qui sont l'agriculture, l'industrie et le commerce. Le niveau de développement de ces secteurs traduit fidèlement le niveau du développement économique en

général. Nous pouvons ainsi remarquer que les deux premières (l'agriculture et l'industrie) sont sous-exploitées ; tout est encore à l'étape rudimentaire.

Seul le secteur commercial est le plus financé. Mais, la balance pèse plus d'un côté que de l'autre c'est-à-dire les importations dépassent largement les exportations. Cela entraîne le déséquilibre de la balance commerciale. Les termes de l'échange connaissent une détérioration remarquable. A cela, il faut ajouter la conjoncture toujours difficile et l'inflation qui connaît toujours une hausse en raison de la propension de plus en plus grande à importer.

Dans une telle situation, les risques économiques des crédits bancaires s'expliquent aisément. Pour convenablement les éliminer ou les mesurer, le PADME doit constamment disposer d'un service de gestion des risques capable de renseigner sur la consommation, les prix, les branches d'activités spéculatives, les secteurs concurrentiels et les productions.

L'évolution des importations et des exportations, les prix de certains produits, le niveau des salaires, le problème d'endettement, les débouchés, les marchés locaux et régionaux seront précisés.

Pour obtenir ces informations dont la méconnaissance amplifie les risques du crédit, ce service se fera aider par l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE).

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon